Réforme du Capes. L’État veut-il démanteler l’enseignement de la langue corse ? [Vidéo]

Un arrêté pris par le ministère de l’Éducation nationale 25 janvier dernier afin de modifier les modalités du concours externe au Capes voit le coefficient de la langue corse largement reculer au profit du français. Une nouvelle attaque qui passe mal sur l’Île de Beauté.

La réforme du CAPES qui fait reculer la langue corse

Quand ce n’est pas au basque ou au breton, c’est à la langue corse que le ministère de l’Éducation nationale cause des tourments. Le 25 janvier dernier, celui-ci a en effet pris un arrêté visant à modifier les modalités du concours externe au Capes (certificat d’aptitude au professorat de l’enseignement du second degré). Parmi les différentes matières impactées par le texte, le corse.

En clair, il s’agit désormais pour les coefficients de donner une part plus importante à la langue française. Tandis que la langue corse bénéficiait d’un coefficient de 7 contre 4 pour le français jusqu’ici, l’arrêté en question stipule que ce coefficient tomberait à 4 pour le corse à partir de 2022 quand celui français passerait à 8.

Cité par France 3 Corse, Romain Colonna, maître de conférences en sociolinguistique et en études corses, considère que cet arrêté représente une « remise en question de l’ensemble du système éducatif dédié à la langue corse ». Un sentiment renforcé par les autres réformes conduites par Jean-Michel Blanquer. Il faut ainsi rappeler que la réforme du baccalauréat est venue elle aussi portée un coup à l’enseignement de la langue puisque son coefficient est passé de 2 à 0,6 lorsque le corse est pris en option par les lycéens. De quoi créer un fort sentiment d’injustice quand, dans le même temps, ce coefficient n’a pas changé pour les autres options, notamment les langues anciennes. Avec des coefficients de plus en plus faibles, les conséquences ne se font pas attendre : les élèves sont tout simplement moins nombreux à choisir la langue corse en option pour le bac.

Des défenseurs du corse mobilisés à Ajaccio

Tandis que la transmission de la langue corse dans les établissements scolaires de l’île est déjà fragile, la récente dynamique de progression de l’enseignement linguistique dans le second degré risque donc d’être anéantie avec cette décision du ministère de l’Éducation nationale française.

Au micro de la radio corse Alta Frequenza, le conseiller territorial Saveriu Luciani, chargé de la politique de la langue corse, n’hésite pas, pour sa part, à parler d’un « recul ». Il détaille ainsi : « On est dans un processus qui va à l’encontre de ce que nous avons signé avec l’État en 2016 sur la généralisation de la langue corse. […] Notre volonté est de rester sur ce Capes tel qu’il était jusqu’à présent avec des coefficients très clairs pour la langue corse et surtout imaginer, à côté, un Capes qui nous permet de développer les disciplines non linguistiques comme l’histoire-géographie, les mathématiques. »

Mais, compte tenu de la posture de Jean-Michel Blanquer sur la question des langues régionales, il n’est pas certain que cet appel sera entendu à Paris.

Malgré tout, les différents défenseurs de la langue corse refusent de baisser les bras. Un rassemblement regroupant des étudiants, des associations de parents d’élèves et des syndicats d’enseignants était organisé devant le rectorat d’Ajaccio lundi 15 février. Par ailleurs, malgré un échange de plusieurs heures entre la rectrice de Corse et une délégation de manifestants, aucune mesure concrète n’a été prise. Et, comme il ne faudra vraisemblablement pas compter sur la complaisance de l’État dans ce domaine, ce nouveau combat pour la langue corse s’annonce âpre. Une fois de plus…

Crédit photo : DR (photo d’illustration)
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Une réponse à “Réforme du Capes. L’État veut-il démanteler l’enseignement de la langue corse ? [Vidéo]”

  1. louis mélennec dit :

    LA BRETAGNE, VUE PAR FRANCOISE MORVAN : UNE ANTHOLOGIE DIGNE D’ETRE CONNUE. A TONTON MILLIAU, PRESIDENT.

    (Relevé dans l’abondante littérature publiée sur « LE CAS MORVAN »)
    Ce dont elle souffre a été décrit de façon lumineuse et extrêmement précise par un psychosociologue américain d’origine allemande et juive, Kurt Lewin. C’est la « haine de soi », phénomène que de nombreux auteurs juifs ont observé depuis longtemps chez leurs co-religionnaires. Nous sommes bien obligés de reconnaître, à la lecture de son livre « Le Monde comme si… », que le phénomène psychosociologique en question, la haine de soi est, chez elle, « gros comme une maison » !

    Tout ce qui est breton est immanquablement dénigré ; rien de ce qui est breton ne peut trouver grâce aux yeux de cette Bretonne si honteuse de l’être.

    La langue bretonne ? « Une langue que personne ne parle plus ».

    « Leur poésie » (celle de Kerverzhiou, Youenn Drezen, Roparz Hemon) « me mettait mal à l’aise par sa grandiloquence, par quelque chose de rigide, de statique, de fermé, pas seulement parce qu’elle était vieille, non, pas même par ses thèmes. »

    « …la poésie des complaintes…n’a donné lieu qu’à une littérature folklorique poussiéreuse, vaniteuse, pleine de fleurs de rhétorique. »

    « Peut-on lire les poèmes d’Angela Duval sans être saisi par leur indigence ? »

    « …l’œuvre morne et proliférante de Roparz Hemon. »

    « …les consternants haïkus bretons » (de René Galland dit Reun ar C’halan)

    « …le soporifique Nenn Jani, roman sur Brest rédigé par Hemon. »

    « …le Barzaz Breizh est une composition en trompe-l’œil… »

    Georges Sand avait parlé des « diamants du Barzaz Breizh » ! ELLE AVAIT TORT, bon sang ! Ce même Barzaz Breizh a été traduit en allemand dès 1839 par Adalbert Keller, sous le titre Bretonische Volkslieder et à nouveau en 1841 par Seckendorff sous le titre Volkslieder aus der Bretagne ? Ils sont fous ces Germains ! Et les Anglais, ça ne vaut guère mieux : pour eux, ce sera Ballads and Songs of Brittany, sous la plume de Tom Taylor !

    L’art breton ? Qu’on en juge, c’est délicieux :

    « L’art national breton, il est plus que glauque, il est sinistre. Il n’y a pas que l’application à faire celtique coûte que coûte, la lourdeur symbolique, l’épaisseur ostentatoire de l’art totalitaire comme on en trouve partout en Europe entre les deux guerres – non, là, en plus, il y a un étrange mépris pour la matière. Le mobilier est mal fait, les céramiques sont barbouillées d’émaux criards. »

    « L’apothéose du kitsch, ce sont les céramiques de Creston… »

    « Néobreton ou néoceltique, le design Seiz Breur (3) n’était pas seulement laid, il faisait de la laideur une vérité, et de cette vérité un droit rendant toute beauté inutile. »

    L’art chrétien est aussi dans son collimateur :

    « Seigneur, délivrez-nous de l’art chrétien », s’exclame-t-elle.

    La pire abomination est naturellement l’art à la fois chrétien et breton !

    Le mobilier n’y coupe pas, Françoise en remet pourtant une couche :

    « Avoir des meubles bretons, c’est être au-delà du bon goût… »

    Au tour de la musique !

    « Qu’est-ce que la musique celte ? Une invention, bien sûr, mais qui détermine une production identitaire aussi rentable politiquement que l’histoire de Bretagne en bandes dessinées… »

    Et de tailler un beau costume à Jean-Pierre Pichard :

    « Comment, par exemple, a-t-il fait (Jean-Pierre Pichard) triompher le festival interceltique de Lorient, grand rendez-vous mondial de la celtitude voué à trouver son apothéose avec la Nuit celtique au stade de France ?… »

    Jean-Pierre Pichard, coupable seulement de « faire son beurre » – si l’on peut dire ! – à partir d’une musique celte qui n’est qu’une « invention », avec tout de même, détail aggravant, des relents « ethnicistes ». La liste des « têtes de Turc » qui sont dans le collimateur de Françoise Morvan est impressionnante ! On y trouve pêle-mêle des morts et des vivants, des gens de droite et des gens de gauche, des « calotins » (en quantité) et des athées (moins nombreux), des écrivains, des artistes ou des gens de professions plus modestes : tous les corps de métier sont représentés ! Il suffit, pour avoir droit à cet honneur, d’avoir un jour ou l’autre affirmé sa qualité de Breton.

    Quand on a parcouru les trois cents soixante douze pages du réquisitoire de Françoise Morvan, on se dit : Pourquoi tant de haine ? Pourquoi cette violence qui ressemble si fort à celle du Juif autrichien défenseur d’Adolf Hitler mentionné par Kurt Lewin et qui nous paraît si irrationnelle ? Toutes ces personnes lui renvoient l’image qu’elle déteste au fond d’elle-même, qu’elle s’efforce de nier sans y réussir tout à fait, l’identité dont elle voudrait tant se débarrasser.

    Au-delà de l’agacement que produit à la longue cette monotone litanie de récriminations, d’accusations, d’insinuations, ce jeu de massacre continuel, la véhémence même du propos révèle une évidente souffrance. Françoise Morvan, en dépit de toute sa bravade, est manifestement une femme blessée. Elle ne vit pas son identité bretonne sereinement, paisiblement, en harmonie avec d’autres identités. C’est pour elle une tunique de Nessus, dont elle n’arrive pas à se défaire, malgré toutes les peines qu’elle se donne pour l’arracher. il serait facile de trouver, dans le milieu breton et mutatis mutandis dans les milieux basques, corses, occitans et autres, des centaines de cas similaires. Françoise Morvan en appelle, quant à elle, à tous les gardiens du temple de l’orthodoxie jacobine, sonne l’alarme, alerte tous les bons citoyens sur la montée des périls. Tous ceux qui militent pour la langue bretonne, qui réclament l’autonomie pour la Bretagne, s’agitent pour que Nantes soit intégrée dans la Région administrative sont des nostalgiques du nazisme, des ennemis de la République, des suppôts de l’ultra-libéralisme et des valets du grand capital. Les libertés et les droits conquis de haute lutte par le peuple depuis deux siècles sont menacés. La République est en danger et…tout le monde s’en fout !
    Bigre !
    La « révolution » françaises n’a rien apporté de positif à la civilisation : elle l’a fait régresser. « la Loi des Suspects », adoptée par la Convention le 17 septembre 1793, permettait l’arrestation, et très souvent l’exécution, de ceux qui « n’ayant rien fait contre la Liberté, n’ont rien fait pour elle ». Des lois bâties sur le même modèle ont permis, à droite, aux nazis de se débarrasser de tous leurs opposants et de peupler les camps de concentration, à gauche, aux communistes de se débarrasser également de leurs opposants et de peupler les goulags. On se dit que lorsque des esprits fonctionnant de cette manière détiennent le pouvoir, tout est possible. les dangers qu’elle évoque et contre lesquels elle appelle « aux armes », comme ses grands ancêtres de 1789 ou de 1793, sont imaginaires. Ce que l’on dénomme ridiculement « les acquis de la Révolution française », sont le résultat d’une évolution qui était inéluctable.
    Les 600.000 ou 800.000 morts (les chiffres sont incertains, ayant été détruites en 1871) directement ou indirectement imputables à la Révolution française n’ont pas été le prix à payer pour instaurer une société plus juste; l’histoire des autres pays européens nous démontre qu’il était possible d’arriver au même résultat sans passer par ces tueries, sans passer par les déportations, sans passer par la Terreur, sans passer par le génocide vendéen, et toutes ces horreurs. Il y eut aussi les fusillés (le rendement de la guillotine étant, insuffisant), les noyés (à Nantes, par exemple : plus de 4000), les exécutés à l’arme blanche (le 17 janvier 1794, Turreau prescrit les exécutions à la baïonnette pour épargner les munitions) ou à coups de massue. Signalons encore pour mémoire la canonnade : les canons sont chargés à mitraille, ce qui permet de tirer dans le tas (méthode utilisée par Fouché et Collot d’Herbois). Seul l’état d’avancement de la science, a empêché que soit mis en oeuvre un moyen qui, au vingtième siècle, a trouvé une tragique application: le gaz : en août 1793, les généraux révolutionnaires Santerre et Rossignol, engagés dans la répression en Vendée, demandèrent à la Convention de leur fournir « un moyen chimique » pour mettre fin au soulèvement !

    NOTA BENE : Yves Mervin vient de publier un excellent livre, sous le titre : Saint-Marcel, 18 juin 1944. Précipitez vous, il ne va plus en rester. Et pourléchez vous les babines, car la bonne Françoise va tirer à vue ! J’adresse la présente à Jean-Luc et à M. Alexis, nos amis de toujours. Tous deux sont en voie de rééducation.
    M. Bolo transmettra : Nantes, jadis l’une des plus belles villes d’Europe, est devenue un BOXON après trente ans de gestion socialiste. Pour la France : c’est fait !

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