Il existe depuis 2013 en France un Office central de lutte contre les crimes contre l’humanité, les génocides et les crimes de guerre (OCLCH), qui dépend de la Gendarmerie Nationale. Depuis août dernier, 7 enquêteurs se consacrent au sein d’un service chargé de lutter contre les « crimes LGBT-Phobes », autrement dit principalement des insultes, jusqu’aux violences.
Le média LGBT Komitid cite le chef de l’OCLCH, le général de brigade Jean-Philippe Reiland : « il est indispensable d’avoir une action répressive sur des infractions qui peuvent paraître moins graves mais qui, si elles ne sont pas réprimées, peuvent conduire à un enchaînement très violent : d’abord des discours de haine, puis des agressions individuelles, puis un phénomène de masse ».
Les actes LGBT-Phobes ont augmenté de 36% entre 2018 et 2019 selon les statistiques du Ministère de l’Intérieur, passant de 1040 victimes recensées en 2017 à 1870 en 2019. Néanmoins, il y a selon SOS Homophobie « une minimisation des plaintes », autrement dit beaucoup de faits ne sont pas retracés car les insultés ne déposent pas plainte – notamment en matière d’injure sur les réseaux sociaux ou de dégradations volontaires (tags).
Komitid explique le fonctionnement du service : « Tous les matins, Aurélie Dey consulte les remontées de procédure des quatre coins de France portant la mention « haine ». Elle vérifie la qualification juridique retenue. Elle peut demander les auditions des victimes pour voir si elles sont suffisamment précises et, si nécessaire, demander qu’elles soient à nouveau entendues. Parfois, elle envoie les questions à poser avant une audition. La division est encore « toute jeune », mais ambitionne de « coordonner » et « appuyer » les enquêtes sur les crimes de haine qui ont lieu dans toute la France, explique la commandante Dey ».
On peut d’ailleurs se demander si ce service de la gendarmerie n’agit pas en réalité comme une police politique supplémentaire ? « L’une [des enquêtes] a plongé les enquêteur.trice.s dans le milieu du survivalisme, face à des provocations à la haine aussi bien contre les migrant.e.s que les gays. En plus de ses enquêtes en cosaisine, la division « crimes de haine » diligente seule quatre dossiers depuis sa création, dont certains dans l’ultra-droite ».
Pourtant l’homophobie existe aussi dans les milieux de l’ultra-gauche, selon les militants eux-mêmes. En Europe comme en Amérique du Nord.
En 2019 une tribune dans le média francophone canadien La Presse le constatait : « Au risque de déplaire, il faut avouer que l’extrême droite n’est pas la seule à être à l’origine de discours haineux, homophobes, transphobes et irrespectueux sur le web. […] Le plus inquiétant à l’heure actuelle est que ces propos haineux de l’extrême gauche sont peu ou pas dénoncés par plusieurs organismes LGBT+ pour ne pas recevoir les foudres de ces militants LGBT+. Ce silence donne l’impression que les propos haineux de l’extrême gauche sont plus acceptables que ceux de l’extrême droite ».
Louis Moulin
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