À l’horizon 2050, la France souhaite atteindre la neutralité carbone. Néanmoins, un long chemin reste à parcourir, lorsque l’on sait que près de 5 millions de logements s’inscrivent dans la catégorie des passoires énergétiques. D’ailleurs qu’entend-on exactement par cette expression de passoire énergétique ? Concrètement, il s’agit de logements mal isolés et par conséquent très énergivores. Voyons comment les passoires énergétiques nous impactent.
L’environnement : la grande victime des passoires énergétiques
Une pollution considérable est générée par les passoires énergétiques
On dit qu’un logement est une passoire énergétique lorsqu’il dispose d’un diagnostic de performance énergétique de niveau F ou G. La notation la plus basse du DPE étant G et signifie un niveau de consommation très élevé. À ce sujet, le secteur du bâtiment est responsable à plus 28% des émissions de gaz à effet de serre, notamment avec la production de chaleur et d’électricité. L’étiquette climat du DPE indique qu’un logement classé F ou G peut rejeter annuellement entre 56 kg et plus de 80 kg d’équivalent carbone par mètre carré ! À titre de comparaison, un logement de niveau A ne rejette au maximum que 5 kg d’équivalent CO2/m²/an.
Comment expliquer que les passoires énergétiques polluent tant ?
Lorsque les températures extérieures baissent, les systèmes de chauffage de nos habitations sont rapidement activés pour nous chauffer. Néanmoins, régler son radiateur à 20°C n’est pas toujours synonyme, en contrepartie, d’un réel confort thermique. Pourquoi cela ? L’explication réside dans la différence entre température réelle et température ressentie. On mesure la température ressentie en fonction de la température réelle, du taux d’humidité ainsi que des mouvements d’air dus aux infiltrations. Par exemple, un logement bien isolé ayant des parois à 19°C et chauffé à 20°C, aura une température ressentie de 19,5°C. En revanche, une habitation mal isolée avec des parois à 14°C et chauffée également à 20°C, entraînera un ressenti de seulement 17°C. En étant dans une habitation mal isolée, il est assez courant de vouloir pallier les pertes de chaleur en augmentant son chauffage, pour bénéficier d’un meilleur confort thermique. Mais comme vous l’aurez compris, il est davantage question par là de contribuer au réchauffement climatique qu’au réchauffement de sa propre maison. Ainsi, un logement mal isolé demande une quantité d’énergie considérable mais la sensation de chaleur n’est, quant à elle, absolument pas optimale. Cliquez ici pour plus de précisions à ce sujet.
Les passoires énergétiques pèsent lourd économiquement
La précarité économique rime-t-elle avec passoires énergétiques ?
Les logements classés F ou G consomment chaque année entre 331 kWh et jusqu’à plus de 450 kWh par mètre carré (contre moins de 50 kWh pour un niveau A). Inévitablement, cette consommation plus qu’excessive entraîne un surcoût sur la facture énergétique de l’occupant des lieux. Les logements les plus concernés ont fréquemment une date de construction antérieure à 1975. D’ordinaire, ils sont habités par des personnes en situation de précarité. On parle même de précarité énergétique lorsque plus de 10% des revenus d’un foyer servent directement à payer les factures d’énergie. L’impact financier est donc considérable pour ces personnes qui peinent déjà quotidiennement à subvenir confortablement à leurs besoins. N’ayant pas les moyens financiers, la réalisation de travaux de rénovation énergétique n’est, par conséquent, pas une priorité, ni même vraiment envisagée. À mesure que le temps passe, le logement peut donc faire l’objet de problèmes d’humidité causée par la mauvaise isolation, par exemple. Il tend ainsi à se dégrader plus rapidement. Les passoires énergétiques font généralement partie du parc locatif privé. Les logements sociaux ainsi que les propriétaires habitants sont, quant à eux, habituellement moins présents dans le bas du classement énergétique.
Les passoires énergétiques et le marché de l’immobilier
Un logement mal isolé peut être source de réticence à l’achat. En effet, le DPE, qui doit obligatoirement être présenté pour toute transaction immobilière, informe l’acheteur ou le locataire potentiel du niveau de consommation. Un logement mal noté est synonyme d’importantes dépenses énergétiques tous les mois, mais aussi de dépenses en travaux. C’est pourquoi, les passoires énergétiques font l’objet d’une décote importante à la vente. Selon une étude du Conseil supérieur du notariat, la moins-value d’un 3 pièces classé F ou G peut atteindre les 12% par rapport à un 3 pièces similaire classé D. La moins-value peut varier selon les régions et peut atteindre près de 17% par endroits.
L’intervention de l’Etat
En France, le bâtiment compte toujours parmi les secteurs les plus polluants avec les transports, l’agriculture et l’industrie. C’est pourquoi, le gouvernement veut progressivement mettre fin aux passoires énergétiques qui alourdissent l’empreinte carbone du pays. Pour cela, l’Etat a recours à certaines formes de restriction et d’obligation. Les voici :
-
Depuis le 1er janvier 2021, les propriétaires de passoires énergétiques ont l’interdiction formelle d’augmenter le prix de leur loyer entre deux locataires, sans qu’il n’y ait eu de travaux de rénovation énergétique. Pour une révision à la hausse du prix du loyer, il est nécessaire que le logement atteigne au minimum la classe E du DPE.
-
En 2022, la seule présentation du DPE ne suffira plus pour un logement avec une étiquette énergie F ou G. Un audit thermique devra être réalisé dans le cadre d’une vente ou d’une location.
-
À compter de 2023, les logements classés G ne seront plus autorisés à la mise en location. Tout logement à louer devra impérativement respecter une consommation énergétique inférieure à 450 kWh/m²/an.
-
Dès 2028, les propriétaires de passoires énergétiques devront réaliser des travaux de rénovation énergétique afin de rendre leur logement classé E au minimum.
Illustration : DR
[cc] Breizh-info.com, 2021, dépêches libres de copie et de diffusion sous réserve de mention et de lien vers la source d’origine.
Une réponse à “Quels impacts ont les 5 millions de passoires énergétiques en France ?”
Moi, j’aimerais bien savoir quel est le statut de nos maisons anciennes dans tout ça. Attaché au patrimoine, je laisse les innovations entrer avec parcimonie dans mon logement. Je tiens à le garder à l’identique. Avec de la chaux, le ressenti est beaucoup moins handicapant que mentionné dans l’article. Et puis, pas besoin de chauffer à 20° honnêtement. C’est exactement le problème d’ailleurs des logements bien rénovés. Il est dit que les passoires énergétiques consomment beaucoup, mais moi je consomme dans toute ma maison ce que vous mentionnez pour 2 ou 3m2. Il y a bien des moyens de se chauffer très bien et à coût très faible sans dénaturer une maison (surmatelas chauffants etc…). Par contre, les gens bien isolés ont tendance à faire monter le chauffage à 22-23° minimum puis à tomber malades dès qu’ils mettent le nez dehors. C’est du n’importe quoi. Si des gens ne sont pas capables de gérer leur logement et si des locataires sont assez bêtes pour dépenser des sommes folles dans l’énergie, pourquoi vouloir les guérir de leur bêtise ? et pourquoi empêcher les gens de vivre comme ils en ont envie ? tout cela pour faire leur bonheur à leur place. On sait où ce genre de raisonnement communiste mène.
M Chebaba