Avec plus d’un milliard d’euros collectés en 2020, le financement participatif (ou crowdfunding) est en pleine expansion en France. L’occasion de faire le point sur un outil au succès grandissant.
Le financement participatif ne connaît pas la crise
Si, en 2020, les bonnes nouvelles ont été suffisamment rares pour être soulignées, le financement participatif fait partie de ces activités qui ont eu le vent en poupe l’année dernière en France. Selon un baromètre publié le 10 février par le groupe Mazars en partenariat avec l’association Financement Participatif France (FPF), le secteur se porte très bien puisque la barre du milliard d’euros (1,02 milliard précisément) collectés sur les plateformes de financement participatif a été franchie en 2020. Ce qui représente une hausse de 62 % par rapport à l’année 2019.
Au total, ce sont 115 616 projets et entreprises qui ont été financés. Dans le détail, ils se présentent comme suit :
- 54 162 projets de particuliers
- 43 202 projets d’acteurs de l’Économie Sociale et Solidaire (ESS)
- 13 796 projets de TPE / PME / ETI
- 2 950 projets de start-ups
- 608 projets d’opérateurs immobiliers
- 898 autres projets (dont collectivités)
Pourquoi une telle augmentation du crowdfunding?
Autre point à souligner, malgré la crise économique liée au contexte sanitaire, les campagnes en don de sa très dans sans récompense pour soutenir les initiatives solidaires ont augmenté de 459 % !
Plusieurs causes peuvent expliquer un tel engouement. À commencer par la multiplication des campagnes de don sans récompense à destination des associations de solidarité ou personnes en difficultés en raison du Covid-19. Mais aussi par le succès toujours grandissant du secteur de l’immobilier auprès des investisseurs : un secteur qui se porte très bien, malgré des retards de chantier, avec une collecte de 561,17 millions d’euros.
D’autre part, l’appui aux entreprises en difficultés avec notamment la possibilité pour les intermédiaires en financement participatif (IFP) de distribuer des prêts garantis par l’État à hauteur de 90 % a également contribué au développement du crowdfunding. Enfin, citons l’apport de fonds propres via les plateformes d’investissement en capital aux développeurs d’énergies renouvelables et aux entreprises très endettées suite à la crise.
Quant aux acteurs derrière ces mécanismes de collecte, au 31 décembre 2020, l’Orias – le registre des intermédiaires en assurance, banque et finance – dénombrait 166 intermédiaires en financement participatif (à savoir des plateformes de don et prêt), et 62 conseillers en investissements participatifs (CIP : plateformes d’investissement en capital, obligations, et minibons).
Des dons sans récompense en forte hausse
Si le secteur du don stagnait autour de 80 millions d’euros ces deux dernières années, il a connu un pic en 2020, avec une collecte de 218,5 millions d’euros, dont 52 millions à destination de projets « humanitaires et solidaires ». Le baromètre a ainsi relevé des élans de générosité et de mobilisation des citoyens via les plateformes de crowdfunding sans précédent dès le premier confinement, avec des dons de 246 € en moyenne pour la catégorie « don sans récompense » (versus 93 € en 2019).
Au-delà de la solidarité, le crowdfunding en don permet également à des projets économiques (pour 65,1 millions d’euros) ou à des projets culturels (pour 71,2 millions d’euros) de voir le jour ou de se développer. C’est la typologie de financement qui illustre le mieux la variété des projets financés par le crowdfunding.
Concernant le profil des donateurs et des prêteurs, leur âge moyen est de 43 ans quand celui des investisseurs est de 44 ans. Sur l’ensemble des fonds collectés, on notera également que la contribution des hommes est évaluée à 79,9 %.
Autre information, le baromètre rapporte que les financeurs, prêteurs et donateurs contribuent généralement à plusieurs projets. En effet, sur une plateforme de don, un donateur contribue en moyenne à deux projets. Sur une plateforme de prêt, ce sont trois entreprises qui sont financées. Et sur une plateforme en capital ou en royalties, un investisseur finance deux projets en moyenne.
Le financement participatif en prêt
Pour ce qui est des prêts, ce sont plus de 741 millions d’euros qui ont été collectés en 2020 sur les plateformes, contre 508 millions d’euros en 2019.
L’emprunt obligataire continue de tirer le secteur du prêt puisqu’il concerne 90,5 % des volumes collectés, avec des montants moyens de collecte de 403 466 €. Il s’agit pour l’essentiel de financement de promoteurs immobiliers. En effet, le secteur de l’immobilier représente 555 millions d’euros, soit 75 % de la collecte en prêt. Le second secteur reste celui de l’environnement et des énergies renouvelables avec 96 millions d’euros collectés suivi par les commerces et services avec 44 millions d’euros.
À noter qu’aux 56 millions d’euros collectés en prêt rémunéré s’ajoutent 111 millions d’euros qui viennent abonder les collectes sur certaines plateformes via des fonds de prêts.
Un nouveau type de prêt fait son entrée dans le baromètre 2020 : les prêts garantis par l’État. Trois plateformes IFP ont octroyé pour 4,8 millions d’euros de PGE à 94 entreprises en difficultés à cause de la crise, montant complété par 7,3 millions d’euros via les fonds de prêt.
Le financement participatif en investissement
Avec 59,2 millions d’euros collectés en capital ou en royalties, l’investissement connait une croissance de près de 43 % par rapport à l’année 2019. Il faut souligner que l’investissement via les plateformes de crowdfunding se fait souvent en co-investissement avec des acteurs institutionnels. Ainsi, ce sont 107,6 millions d’euros qui ont été co-investis dans les startups et entreprises.
C’est le secteur de l’environnement et des énergies renouvelables qui arrive en premier, avec 17,7 millions d’euros collectés, suivi des secteurs des commerces et services, et de la santé et recherche scientifique pour 10,3 millions d’euros chacun.
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