Ce mardi 9 février, Frédéric Mion a donné sa démission de la direction de Sciences Po. Il en a auparavant informé le conseil de direction de l’école ainsi que celui de la Fondation nationale des sciences politiques (FNSP), qui finance l’institution.
Une prise de conscience tardive
Il s’en explique dans un communiqué :
« Notre maison traverse depuis la révélation des faits criminels reprochés une période très douloureuse. Le rapport pointe (…) de ma part des erreurs de jugement dans le traitement des allégations dont j’avais eu communication en 2018, ainsi que des incohérences dans la manière dont je me suis exprimé sur le déroulement de cette affaire après qu’elle a éclaté. Je mesure le trouble qui en résulte et j’en assume l’entière responsabilité ».
Cette prise de conscience des conséquences des révélations de Camille Kouchner sur le comportement d’Olivier Duhamel, son beau-père, est bien tardive.
Un soutien des réseaux
Frédéric Mion, fort de ses relations comme Michel Pébereau ou Louis Schweitzer, qui a succédé à Olivier Duhamel à la tête de la FNSP, a longtemps pensé y échapper. Ainsi, Louis Schweitzer avait déclaré au Monde : « Il a commis une erreur d’appréciation, mais il n’a pas commis une faute ».
Une succession de mensonges
Pourtant, depuis le début, Frédéric Mion n’avait cessé de mentir.
Ainsi, le 6 janvier dernier, il avait affirmé ne pas avoir été au courant des accusations d’inceste pesant sur Olivier Duhamel. Or, en 2018, il en avait été informé par Aurélie Filipetti qui s’appuyait sur les témoignages de Véronique Cayla, alors présidente d’Arte, et de Janine Mossuz-Lavau, professeur émérite à Sciences Po. Il se serait alors engagé « Je ne peux pas ne rien faire. Je vais avertir Marc Guillaume ».
Or, Frédéric Mion avait déclaré au journal Le Monde le 6 janvier, qu’il n’avait jamais parlé de ces accusations à Marc Guillaume : « Je ne suis pas allé parler de cette histoire à Marc Guillaume, Pourquoi l’aurais-je fait ? Un secrétaire général du gouvernement n’est pas chargé de la prévention de crimes sexuels. ».
D’après Le Monde, le 4 janvier, il aurait téléphoné à Aurélie Filippetti pour lui lancer : « Il ne faudrait pas que l’on puisse penser que nous savions. »
De même, il affirmera aux syndicats étudiants de Sciences Po : « Je n’ai à aucun moment contribué à l’édification du silence ».
Une enquête fatale pour Frédéric Mion
Pas convaincus par Frédéric Mion, un millier d’élèves ont signé une pétition réclamant sa démission.
Puis, la ministre de l’enseignement supérieur, Frédérique Vidal, après l’avoir entendu, va ordonner une inspection générale de l’éducation, du sport et de la recherche (Igesr). Quatre inspecteurs vont enquêter sur le déroulement de l’affaire Duhamel.
Marc Guillaume, entendu, avouera avoir été mis au courant par Frédéric Mion de « rumeurs sur des problèmes sexuels » d’Olivier Duhamel dès 2018.
Un départ précipité en catastrophe
Mardi 9 février, Marianne et Le Canard enchaîné ont publié cet aveu de Marc Guillaume. Le jour même, Frédéric Mion se décidait à démissionner comprenant que plus personne ne pouvait continuer à le soutenir.
Qui sera le prochain à subir les conséquences du scandale Duhamel ?
Jean Theme
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