Le Journal du Dimanche a rapporté il y a quelques jours que les services de sécurité français ont alerté l’Elysée en octobre dernier à propos de l’ingérence de la Turquie dans la communauté musulmane du pays.
Le JDD a fait état d’une stratégie d’infiltration de certains réseaux associatifs, éducatifs et religieux turcs qui ont pour objectif, selon les services de sécurité, de contrôler non seulement le million de personnes de la forte diaspora turque, mais aussi l’ensemble des 5,7 millions de musulmans de France. En s’immisçant aussi fortement dans la diaspora turque et la communauté musulmane en France, le président Recep Tayyip Erdoğan espère gagner le soutien de son parti pour la justice et le développement (AKP) lors des prochaines élections et pouvoir influencer les élections françaises en étant la voix de millions de musulmans dans le pays.
Le rapport est apparu à un moment précis. Le projet de loi sur le séparatisme religieux est débattu au Parlement et la discussion porte notamment sur la formation d’un Islam français qui ne soit pas soumis à des influences extérieures.
Erdoğan ne se cache pas d’utiliser un discours d’Islam politique aligné sur celui des Frères musulmans. En Asie centrale, dans le Caucase et les Balkans, il parle de pan-Turcisme, mais ailleurs dans le monde musulman, il utilise le pan-Islamisme pour étendre son influence. Erdoğan considère les musulmans d’Europe comme ses sujets. Il est rappelé que le 5 janvier 2018, le dirigeant turc a publiquement soutenu le Conseil français du culte musulman en déclarant que « les musulmans de France sont sous ma protection ». Ceux qui vous touchent, me touchent ». Profitant de la faiblesse de l’Europe face à l’islamisme, Erdoğan entend donner aux musulmans une voix et une vision sous son modèle.
Des mosquées aux associations, il existe une puissante organisation derrière les efforts de la Turquie pour contrôler de manière coercitive les Turcs et les musulmans de France. Cette organisation doit endoctriner les nouvelles générations vers un islam radical et le pan-turcisme. La Turquie exerce un réel pouvoir d’attraction sur de nombreux musulmans car elle se présente comme un pays dynamique aux ambitions économiques et militaires énormes qui parvient à s’opposer à l’Occident sur les questions relatives à l’islam tout en étant apaisé par l’Occident.
Erdoğan condamne désormais les efforts limités de la France pour contrôler et réformer l’Islam. Le président turc a même lancé il y a plusieurs mois un boycott international contre tous les produits français, auquel se sont joints plusieurs pays musulmans. Il s’agissait de protester contre l’indignation du président français Emmanuel Macron contre l’islam radical à la suite de la décapitation de l’instituteur Samuel Paty.
En raison de sa proximité avec l’Allemagne, l’influence turque est particulièrement forte dans la région Alsace-Lorraine. Selon Le Journal du Dimanche, plusieurs élus locaux sont inféodés à Ankara. Les autorités turques en profitent pour établir leur présence religieuse et communautaire en raison du statut particulier dont bénéficie la région. L’Alsace-Lorraine n’est pas soumise à la loi de 1905 sur la séparation des Églises et de l’État. Avec cette influence turque croissante en France, les autorités locales sont responsables de leur immobilité. Erdoğan, avec l’aide des services de renseignement turcs, imposent un droit de regard sur la diaspora.
La France n’est pas la seule à être touchée par cette pénétration de l’influence turque. Ne voulant pas s’aliéner la diaspora turque qui lui accorde la plupart de ses voix, Angela Merkel accorde à Erdoğan des privilèges plus importants dans les affaires intérieures que la plupart des autres dirigeants étrangers. Erdoğan s’est même rendue à l’inauguration de la Grande Mosquée de Cologne, une cérémonie qui a attiré plus de 20 000 musulmans.
En France depuis les années 1970, l’enseignement de la langue et de la culture d’origine a permis au ministère turc de l’éducation d’envoyer en France ses propres manuels scolaires qui sont pleins de propagande turque et islamiste. Les autorités françaises n’ont aucun contrôle sur ces manuels qui sont pleins de sentiments anti-grecs et anti-arméniens, ainsi que de rhétorique islamiste.
Erdoğan bénéficie également d’une multitude d’associations turques et islamiques qui visent à promouvoir une éducation conforme à la ligne islamo-nationaliste de l’AKP. Récemment, les hommes politiques ont débattu de l’importance de la formation des imams en France. La Turquie, adepte de l’islam politique, forme et contrôle de nombreux imams qui prêchent en France. Aujourd’hui, 50% des imams français sont formés en Turquie et servent les intérêts turcs plutôt que français.
En outre, malgré sa dissolution par le ministère de l’Intérieur en novembre dernier, la Turquie continue de soutenir les Loups gris. Ce groupe extrémiste appelle régulièrement à des raids dans les quartiers arméniens en France. Ils ont mené plusieurs raids de ce type pendant la guerre du Haut-Karabakh l’année dernière. Erdoğan n’hésite pas à leur manifester publiquement son soutien en faisant un geste de la main caractéristique.
Grâce à l’idéologie des Frères musulmans distillée et financée par le Qatar, la Turquie continue d’étendre son influence via les réseaux islamiques en France. Des mosquées, des écoles coraniques, des associations et toute une série d’organisations font partie du projet de Erdoğan. En plus de financer ses interventions militaires en Libye, en Syrie et en Irak, le Qatar veille à ce que la Turquie ne manque de rien pour soutenir l’idéal des Frères musulmans, y compris en France. Cette dernière révélation va probablement obliger le président Macron à prendre le contrôle total de l’Islam dans son pays, ce qui poussera sans aucun doute Erdoğan à répondre qu’il s’agit d’une attaque contre l’Islam contre laquelle il doit se défendre.
Paul Antonopoulos (traduction breizh-info.com d’un article du site Infobrics)
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Une réponse à “La Turquie continue d’étendre son influence via les réseaux islamistes en France.”
Bon il y en a marre des réseaux islamistes turcs ou autres. Il y a trop de menace interne et externe sur la république. La France n’est et ne sera jamais un pays pour les islamistes et les terroristes. Il y en a marre. Il faut défendre le pays contre toutesces menaces. Le président macron n’a pas se laisser dicter son action par un autocrate comme erdogan ou poutine. On est pas l’auberge espagnole ou tout le monde passe. Après les turcs, les tchetchenes, les syriens, les afghans. Merde à la fin. Et les bretons alors. Marre de cette politique immigrationniste permanente. La France aux français.