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Son corps a été retrouvé sans vie, dans sa chambre étudiante à Nanterre. Guillaume T s’est pendu chez-lui. Il était un sympathisant de l’UNEF, mais ce n’est pas pour cette raison que son nom est apparu dans les médias récemment. Au cours d’un de ces grands déballages dont les réseaux sociaux sont désormais coutumiers, il avait accusé de viol Maxime Cochard, élu communiste à la mairie de Paris. Voici le message qu’il avait posté sur Twitter le 21 janvier 2021 : « Après plus de deux ans sans savoir mettre les mots sur ce qui m’est arrivé, je me rends compte que j’ai été violé par Maxime Cochard, conseiller de Paris et son compagnon Victor Laby en octobre 2018 alors que je n’avais que 18 ans et étais particulièrement vulnérable. » Dans un autre message, Guillaume T racontait que Maxime Cochard lui avait fait des attouchements au cours d’une manifestation. A l’époque, Maxime Cochard avait nié farouchement les accusations de viol, et annoncé que son avocat allait attaquer pour diffamation.
Le parti communiste avait, par sa section parisienne, publié un communique de soutien… à la victime présumée, demandant à Maxime Cochard de se mettre en retrait du conseil de Paris. Il garde bien entendu la présomption d’innocence. Mais demeure un trouble politique et moral : rappelons que Maxime Cochard était sur la liste d’Anne Hidalgo. Or, dans cette gauche libertaire, qui va du PCF au PS en passant par EELV, les personnalités aux comportements douteux et aux affaires scabreuses sont de plus en plus nombreuses. Pour preuve, lorsque le préfet de police Didier Lallement a cité Christophe Girard, Nicolas Bonnet-Oulaldj, Ian Brossat et le groupe communiste s’étaient levés pour applaudir. Après avoir conspué Alice Coffin, pas réputée pour sa finesse, mais qui avait osé lancer un pavé dans la mare.
Nelly Garnier et Rachida Dati sont deux élues LR au conseil de Paris. Elles se sont récemment illustrées par leur courage. « Impunité, silence, circulez il n’y a rien à voir, c’est une honte. Complices de viol, complices de pédophilie, complices d’inceste, oui je le maintiens » a tempêté le maire du septième arrondissement. « Pour cette gauche, ce n’est jamais du viol c’est de l’amour, ce n’est jamais de la pédophilie, c’est de l’art, c’est de la littérature, depuis des mois les débats au sein de ce conseil sont pollués par votre incapacité à agir » a pour sa part déclaré la conseillère du onzième arrondissement.
Au cours du même conseil municipal, Raphaëlle Rémy-Leleu s’est abstenue, elle et son groupe EELV, pour le vœu de Nelly Garnier. Parce que les déclarations c’est bien, mais si ça vient de droite c’est dispensable de voter pour. Avant de se fendre de cette déclaration hallucinante : « je pense qu’on peut s’accorder pour dire que sur chaque banc de cet hémicycle, il y a probablement des progrès à faire. On peut travailler à des dispositifs plus contraignants et plus innovants pour s’assurer de la déontologie des élus face aux accusations, au harcèlement sexuel et aux agressions. » Manifestement, le jour où la gauche reconnaîtra ses torts, les poules auront des dents.
Quand un homme de droite fait un bisou sur le front à sa fille qui ronchonne, c’est une violence systémique, patriarcale et éducative atroce. En revanche, quand un élu de gauche profite de sa situation et de son pouvoir public pour coucher n’importe comment, c’est du libertinage élégant et sain. Même si un étudiant est retrouvé pendu dans le sillage d’une affaire pas nette. Ou qu’il faut plusieurs décennies à une Vanessa Springora pour raconter ce que lui fit subir un protégé de Christophe Girard. Personne dans cette gauche prodigue de leçons de morale ne trouvait de mauvaise odeur à l’argent de Pierre Bergé.
Depuis un mois, presque chaque semaine apporte son lot de révélations sordides sur les comportements privés de la gauche dans toutes ses nuances. Présent y a même consacré un hors-série, paru début février, et titré « Les porcs et les ogres du camp du Bien ». Malgré les révélations et le travail de documentation que la rédaction avait produit, il semble que le grand déballage ne fasse que commencer. •
Benoît Busonier