Sur fond de tensions croissantes liées au Brexit et à ses conséquences, chaque action des autorités en Irlande ou en Irlande du Nord est susceptible de jeter de l’huile sur le feu. Ainsi, la mise en place de points de contrôle entre l’Irlande du Nord et la République d’Irlande cette semaine, sous prétexte d’appliquer les mesures sanitaires, n’est pas pour apaiser les tensions.
La Garda, la police de la République d’Irlande, a en effet été déployée à plusieurs points de passage pour s’assurer que personne ne traverse la frontière sauf pour les déplacements dits « essentiels ». Dans la foulée, des politiciens nationalistes ont essayé de rassurer la population en rejetant les allégations comme quoi cette mesure équivaudrait à la remise en place d’une frontière.
Actuellement, les vacanciers en provenance d’Irlande du Nord qui se rendent à l’aéroport de Dublin s’exposent à une amende de 100 euros s’ils sont arrêtés par la Garda en cours de route. Les bus et les trains transfrontaliers seront également soumis à des contrôles pour faire respecter les restrictions sévères de voyage introduites sous le prétexte de la pandémie de Covid-19 qui serait responsable de 3600 décès depuis un an (donc 1720 avant le 24 juin 2020) et de 1930 décès en Irlande du Nord (chiffres desquels il faut bien évidemment soustraire toutes les personnes qui, ayant une co-morbidité ou un âge avancé, seraient dans tous les cas mortes également possiblement dans l’année, avec ou sans Covid).
En vertu des restrictions actuelles, les déplacements sont limités à 5 km du domicile d’une personne, sauf pour les fameux « motifs essentiels » que l’on retrouve également en France. Dans toute l’Irlande, les pubs et restaurants sont fermés, et la crise économique qui pointe à l’horizon pourrait être terrible, les mesures proclamées par les autorités touchant à des aspects essentiels, y compris de la vie en communauté en Irlande.
Matthew O’Toole, porte-parole du SDLP (Social Democratic and Labour Party) a déclaré au Belfast Telegraph : « L’application par la Garda des règles sur les déplacements non essentiels – comme elle le fait également entre les comtés de la République – n’est clairement pas une frontière rigide. Amplifier constamment la désinformation comme cela n’aide personne »
Un porte-parole du Sinn Fein a déclaré que personne ne devrait voyager nulle part sauf si c’est absolument nécessaire. « La chose la plus sûre à faire est de rester chez soi afin de se protéger, de protéger ses proches et de protéger le service de santé. C’est le même message au nord et au sud. », a-t-il déclaré tout en demandant d’admettre les réalités de la vie dans les zones frontalières, où les gens doivent traverser la frontière quotidiennement pour des raisons essentielles.
Les unionistes, de leur côté, affirment que le déploiement de la Garda à la frontière montre qu’il n’y a pas besoin d’une frontière et de contrôles en mer d’Irlande imposés par le protocole sur l’Irlande du Nord contenu dans le Brexit.
Gary Middleton, député du DUP, le principal parti unioniste, a déclaré : « En tant que personne qui vit à quelques kilomètres de la frontière, je n’ai jamais eu de doute sur son existence avec une monnaie différente, des taxes sur le carburant différentes, un service de santé différent, un système d’éducation différent et même une limitation de vitesse différente. Le SDLP et les autres partisans du protocole lié au Brexit semblent vivre dans un monde parallèle où ils croient qu’il n’y a pas de frontière.Les points de contrôle de la Garda et le système d’amendes pour quiconque traverse la frontière sont de la responsabilité du gouvernement irlandais, mais cela montre une fois de plus que la frontière existe. Nous sommes deux pays »
Doug Beattie, député de l’UUP (Ulster unioniste party) y est également allé de son commentaire : « Il s’agit bien d’une frontière. Si vous ne pouvez pas traverser la frontière vers la République sans recevoir une amende, alors il n’y a pas d’autre façon de le décrire, et les efforts pour minimiser l’importance de cette situation sont presque comiques. Si l’on y ajoute le fait que l’UE a déclenché l’article 16 il y a deux vendredis pour nous refuser des médicaments, il est très clair que le protocole a été imposé sous de faux prétextes. Il est temps que le protocole soit mis en veilleuse et que nous repartions de zéro ».
Crise économique, crise du système de santé, crise du système de logement, tensions communautaires et bouleversements sociétaux profonds, sont en train, conjugués ensemble, de faire de l’Irlande et de l’Irlande du Nord deux pays sous tension.
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