Le 21 mars 2014, Gwenaël Le Goffic, chauffeur-livreur de 41 ans, met fin à ses jours sur son lieu de travail, dans les bâtiments de l’usine d’aliments pour bétail de Nutréa-Triskalia, à Plouisy (Côtes-d’Armor).
Il était marié, père de deux enfants. Avant de partir, il laisse une lettre à ses proches, rédigée sur une notice de produits manipulés dans l’entreprise. Ce geste interpelle ses proches, qui connaissent sa souffrance au travail. Commence alors une longue contre-enquête menée par sa femme Edith, accompagnée d’anciens salariés également intoxiqués dans la même usine et du syndicat Solidaires. Malgré le déni de la direction, elle se bat pour la qualification du suicide en accident du travail puis pour la reconnaissance de la faute inexcusable de l’employeur.
La coopérative Triskalia, véritable géant de l’agroalimentaire, est extrêmement puissante dans la région – et la difficulté de mener à bien les procédures révèle un climat de grande tension dans le secteur agricole breton. « Au départ, je me sentais toute petite face à eux, je me demandais comment j’allais pouvoir me battre » confie Edith Le Goffic. Mais à force de persévérance, la mère de famille et ses soutiens démontrent une réalité sans appel. Pas d’aération dans les entrepôts, pas de protection pour manipuler des produits hautement chimiques, horaires à rallonge, normes de sécurité non respectées : les conditions de travail sur le site de Plouisy étaient désastreuses. Le 6 janvier 2021, la Cour d’Appel de Rennes tranche et reconnaît la faute inexcusable de l’entreprise dans la mort de Gwenaël Le Goffic.
Un reportage signé Le Média.
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