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Dans l’affaire de la commande centralisée des vaccins par la Commission européenne, Bruxelles a dû faire rapidement marche arrière vendredi après avoir invoqué l’article 16 du protocole nord-irlandais de l’accord sur le Brexit. Souhaitant pallier son incurie en bloquant les exportations de vaccins produits sur son territoire, la Commission européenne était en effet prête, un mois seulement après la fin de la période de transition qui a suivi la sortie du Royaume-Uni de l’UE, à rétablir les contrôles sur les échanges de marchandises entre les deux Irlande. Après les vives protestations des Premiers ministres du Royaume-Uni, de la république d’Irlande et d’Irlande du Nord, et après de vifs entretiens téléphoniques de l’Allemande Ursula von der Leyen avec le Britannique Boris Johnson et l’Irlandais Micheál Martin, la Commission a dû le jour même procéder à une humiliante marche arrière, admettant piteusement qu’elle avait commis une erreur et que le protocole nord-irlandais ne serait pas affecté par cette histoire de vaccins.
Après les gros retards de livraison de Pfizer et de Moderna, c’est la compagnie pharmaceutique anglo-suédoise AstraZeneca dont le vaccin a été autorisé vendredi pour le marché européen qui avait annoncé une réduction drastique de ses livraisons à l’UE, à cause de problèmes dans ses usines européennes, tandis que ses usines britanniques n’auraient apparemment pas les mêmes difficultés. Selon la direction de la compagnie, c’est parce que Londres avait passé ses commandes plusieurs mois plus tôt que les usines ont pu mieux s’y préparer. Rappelons toutefois qu’il existe des doutes sur l’efficacité du vaccin AstraZeneca sur les personnes âgées qui sont justement celles qui auraient le plus besoin d’être protégés contre la Covid-19. La fabrication de ce vaccin met en outre en œuvre une lignée cellulaire issue d’un enfant avorté, ce qui veut dire qu’il est tout sauf éthique. Mais le problème est le même pour les autres vaccins. En novembre, alors que Bruxelles négociait encore, le PDG de la compagnie américaine Moderna avait prévenu que la longueur des négociations aurait un impact sur les livraisons car les pays ayant déjà signé des contrats seraient prioritaires.
Tous vaccins confondus, l’inaptitude de l’UE à agir vite et bien est en effet patente. Alors que la passation centralisée des commandes était censée éviter une concurrence dommageable entre les 27 et leur donner une force de négociation inégalée, il s’avère que cela a surtout ralenti les décisions.
Résultat des courses : au 29 janvier, le nombre de doses administrées pour 100 habitants était de 54 en Israël, de treize au Royaume-Uni, de neuf aux USA, mais seulement de trois en Allemagne, Italie et Espagne et d’un peu plus de deux en France ! Partout dans l’UE, les programmes de vaccination sont désormais ralentis ou suspendus faute de vaccins, tandis qu’au Royaume-Uni un nombre record de 598 389 doses ont été administrées pour la seule journée de samedi.
Certains pays de l’UE cherchent donc maintenant à sauver les meubles en se passant de l’aide de la Commission européenne. Vendredi, la Hongrie a ainsi été le premier Etat membre de l’UE à approuver – et commander – le vaccin du Chinois Sinopharm après avoir approuvé le vaccin russe Spoutnik V. •
Olivier Bault