Nikola Mirkovic est le président de l’association Ouest – Est dont le but est de rapprocher les peuples d’Europe de l’Ouest et de l’Est par des activités culturelles, et humanitaires et des organisations de conférences. Il fait de l’humanitaire depuis 2005 au Kosovo et depuis 2014 au Donbass. Il a écrit un livre sur le Kosovo, Le martyre du Kosovo, et une BD, Bienvenue au Kosovo, sortie en novembre 2019.
Nous l’avons interviewé sur son engagement, sur la situation en Serbie, mais aussi sur son regard sur l’actualité du moment.
Breizh-info.com : Pouvez-vous revenir sur les accusations visant l’OTAN concernant l’utilisation d’uranium appauvri au Kosovo ? Quelles conséquences aurait un procès ?
Nikola Mirkovic : L’OTAN a bombardé illégalement la Serbie en 1999. Elle a tué des centaines de civils dans cette opération et largué plus de 10 tonnes de munitions contenant de l’uranium appauvri. Ces bombes « sales » ont infesté l’écosystème du pays et sont la cause de nombreuses maladies dont les Serbes souffrent encore aujourd’hui. Un lien direct a été établi entre la présence de cet uranium et les forts taux d’avortements spontanés et de cancers dont les Serbes sont victimes dans la région. Récemment des militaires français et italiens qui avaient été exposés à de l’uranium appauvri et ont contracté le cancer ont gagné leurs batailles juridiques et fait condamner leurs armées respectives. Les Serbes ont eux-aussi décidé d’attaquer récemment l’Otan en justice avec l’aide, entre autres, des avocats italiens qui ont gagné en Italie. Beaucoup de Serbes attendent l’issu des procès avec impatience et espèrent que l’Otan sera lourdement condamnée et que ces bombes seront interdites à tout jamais.
Breizh-info.com : En 1999, vous vous étiez porté volontaire pour être bouclier humain, en protestation contre les bombardements américains. Pouvez vous revenir sur cet épisode ?
Nikola Mirkovic : Il y avait beaucoup d’activité en France à l’époque contre l’intervention de l’Otan. Dans la rue et dans de nombreuses conférences des Français, de tous horizons politiques, réussissaient à sublimer une partie de leurs différences idéologiques pour dénoncer ensemble le bombardement illégal d’une nation européenne par l’Otan. La paix et le respect de la souveraineté et des conventions internationales avaient réussi à rassembler beaucoup de monde. Malheureusement le gouvernement de l’époque n’en a pas tenu compte. J’ai décidé alors que si je voulais défendre mes idées jusqu’au bout je devais aller sur place. L’Otan a bombardé de nombreuses cibles civiles pendant ces attaques ce qui est une infraction à la Convention de Genève qui vise à protéger les civils en temps de guerre. Parmi ces cibles atlantistes il y avait les ponts qui chevauchent la Save et le Danube. Avec les amis partis avec moi on a donc décidé de manifester sur les ponts de Belgrade en tant que boucliers humains pour décourager les bombardiers de l’Otan de passer à l’action. On s’est retrouvé avec des jeunes d’autres pays qui avaient la même motivation et qui se disaient que du sang de jeunes européens tués par l’Otan sur des ponts serbes ne feraient pas bonne presse en Europe de l’Ouest. C’était très intense.
Breizh-info.com : Vous avez récemment publié une bande dessinée, Bienvenue au Kosovo et vous venez de sortir la 3e édition de votre livre le Martyre du Kosovo (mis à jour et augmenté), qui racontent le drame qui s’est déroulé et se déroule aujourd’hui encore au Kosovo pour les Serbes. Pourquoi était-ce important d’en parler de nouveau ?
Nikola Mirkovic : Les médias et les politiques des pays membres de l’Otan dans les années 1990 avaient blâmé les Serbes pour tous les maux des Balkans. C’était une vision manichéenne et simpliste. Vingt ans plus tard on voit que les causes défendues par les Serbes étaient justes. La radicalisation d’une partie de l’islam, l’ingérence américaine en Europe ou la manipulation médiatique sont des fléaux qui gangrènent l’Europe encore aujourd’hui et contre lesquels les Serbes se battaient déjà il y a 30 ans. Il est important de rétablir la vérité historique sur ces guerres des Balkans. C’est indispensable pour mieux comprendre la société dans laquelle nous vivons aujourd’hui. 20 ans après la guerre du Kosovo la vérité commence à faire surface. Gerhard Schroeder, ex-chancelier allemand, qui avait envoyé des avions bombarder la Serbie, avoue que l’attaque de l’Otan était illégale. Le chef des milices albanaises Hashim Thaçi vient d’être envoyé à La Haye pour y être jugé pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité. Des personnalités importantes occidentales apportent leur soutien aux Serbes et à la défense de la vérité historique comme l’écrivain français Pierre Péan, le prix Nobel de littérature autrichien Peter Handke, le Général Canadien Lewis MacKenzie ou le colonel français Jacques Hogard. Chaque jour qui passe notre combat pour la vérité et la justice progresse. Mes livres sont des cartouches au service de ce combat.
Breizh-info.com : Vous avez ironiquement tweeté récemment sur la répression violente visant les manifestants anti couvre-feu aux Pays-Bas, en comparant au traitement médiatique lorsqu’il s’agit de la Biélorussie. En quoi était-ce important de faire ce parallèle en terme de traitement médiatique ?
Nikola Mirkovic : Nous vivons dans un monde occidental pétri de mensonges et d’hypocrisie. Comment est-ce que le gouvernement français peut dénoncer les violences policières en Biélorussie quand on sait comment il a traité les Gilets Jaunes ? Comment est-ce-que Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne, peut faire des commentaires sur les manifs en Russie quand on voit la violence policière que le mouvement anti-confinement connaît actuellement aux Pays-Bas ? On ne peut pas dénoncer les bavures policières chez les autres et les accepter chez nous. Un des plus grands lanceurs d’alerte de notre temps, Julian Assange, croupi actuellement en prison au Royaume-Uni et risque l’extradition vers les Etats-Unis. Avez-vous vu les politiciens ou médias de l’Union européenne s’en émouvoir ? Non, rien. Pour eux la violence et les atteintes à la liberté d’expression sont toujours chez les autres. Cette hypocrisie politique relayée par des médias complices constitue une arme de désinformation massive
Breizh-info.com : La tournure que prennent les évènements en Europe en matière de mesures sanitaires autoritaires vous inquiète-t-elle ? Il semblerait qu’en Serbie, la population soit parvenu à mettre au pas les autorités, est-ce un exemple pour les autres nations européennes ?
Nikola Mirkovic : Oui cette tournure est très inquiétante. Tout virus mortel est terrible mais allons-nous cesser de vivre pour autant ? Comme pour tous les catastrophes, nous devons apprendre à surmonter la situation en nous assurant que de vrais spécialistes sont chargés de trouver des solutions immédiates et pérennes. C’est tout le contraire de ce que nous voyons aujourd’hui. On n’a pas de réel débat sur les solutions à apporter et on voit des médecins se faire censurer car ils ont des approches différentes de celles du gouvernement ou de certains laboratoires pharmaceutiques. Cela fait bientôt un an que la pandémie a commencé en France et le moins qu’on puisse dire est que la situation est extrêmement mal gérée. Un jour on nous dit qu’il nous faut pas de masques puis on nous dit qu’il faut porter des masques mais ne pas les toucher et les changer 4 fois par jour ce que personne ne fait. Cela n’est pas normal. Je ne suis pas un spécialiste des virus et je ne sais pas ce qui est mieux pour nous : confinement / pas confinement, vaccin / pas vaccin, masque / pas masque mais je veux entendre un vrai débat pour être convaincu que les bons choix sont pris pour nous. L
’information à sens unique qu’on entend dans les médias dominants et dans la bouche de certains politiques n’est ni crédible ni rassurante. De plus on parle tous les jours des risques du virus mais qui parle des effets néfastes de la situation actuelle sur les personnes seules ? Sur les jeunes ? Les vieux ? Sur les entrepreneurs ou les salariés mis de force au chômage technique ? Avons-nous raisons de sacrifier notre société pour un virus qui à priori n’est mortel que dans 0,05% des cas et concerne surtout les plus faibles ? Ne devrions-nous pas mieux cibler les mesures pour mieux protéger les populations qui sont réellement à risque ?
Quant à la Serbie, il y a des mesures contraignantes mais qui sont moins draconiennes qu’en France. La plupart des lieux publics sont ouverts mais doivent fermer plus tôt que d’habitude. Le peuple a clairement fait comprendre qu’il n’allait pas se faire enfermer à cause du Corona.
Il ne faut pas négliger la force d’un peuple qui refuse de subir.
Propos recueillis par YV
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2 réponses à “Nikola Mirkovic : « Il ne faut pas négliger la force d’un peuple qui refuse de subir » [Interview]”
Le problème de la Serbie est qu’elle est pleine de Serbes, donc d’orthodoxes.
Je suis plus pessimiste que Nikolas Mircović. en effet depuis des décennies les francais subissent l´invasion migratoire, la négation de leur culture et de leur indentité . Seuls leurs colons afro-maghrebins ont le droit de revendiquer leur identité.
resultat ? Rien ! Ils s´écrasent, au mieux ils vont glisser de temps en temps un bulletin de vote Le Pen dans l´urne, en cachette pour beaucoup, on leur a appris a en avoir honte.