La bande dessinée Les Fiancées du califat décrit une enquête judiciaire contre une terrifiante cellule djihadiste composée de jeunes femmes. Réalisme garanti par son scénariste, le mi-Breton mi-Basque Marc Trévidic, célèbre juge antiterroriste.
A Toulouse, suspectée de préparer un attentat, Oum Ghalib est surveillée par les Renseignements français. Vêtue d’un niqab, elle se rend chez une amie pour y retrouver ses recrues, Oum Oussama, Zohour, Oum Kadera, et Dawiya. Elle berne les agents qui la guettent et entre dans un web café pour écouter les instructions de son mari, le djihadiste Abou Ghalib qui a combattu en Irak. Celui-ci, réfugié dans les collines du Waziristan pakistanais, tente de convaincre Cheikh Al Kindi que les femmes peuvent également commettre des attentats. Le Cheikh finit par accepter de leur confier une première mission. C’est la plus jeune, Zohour, qui se sacrifie dans une mission suicide. Le Cheikh confie alors une mission plus importante à cette cellule féminine. La pire est une française convertie, Oum Kadera. Mais le juge Dusquesne les piste…
Après la série Compte à rebours, le trio Trevidic, Matz et Liotti imagine une nouvelle enquête du juge antiterroriste Duquesne, saisissante et glaçante de réalisme.
Marc Trévidic, né d’un père breton et d’une mère basque, a passé les premières années de sa vie en Bretagne. Ce juge d’instruction au pôle antiterroriste du TGI de Paris a été chargé de l’attentat de Karachi, du génocide rwandais, du massacre des moines de Tibhirine… Il s’est inspiré de son expérience de lutte antiterroriste pour fournir une intrigue captivante.
Dans la série Compte à rebours, il montrait qu’un juge d’instruction doit souvent prendre des décisions dangereuses pour démanteler les réseaux terroristes. Il critiquait la lourdeur administrative des services français de l’antiterrorisme (DGSE, DGSI…) et dénonçait le pouvoir politique, craintif de l’opinion publique.
Dans cette nouvelle bande dessinée, Marc Trévidic révèle le rôle des femmes dans les organisations terroristes islamistes. Refusant le seul rôle de mères élevant des musulmans, de jeunes françaises, pour la plupart issues de l’immigration africaine, souhaitent devenir de véritables combattantes. Mais si certaines sont convaincues, d’autres restent assaillies par le doute. S’appuyant sur son expérience de juge antiterroriste, Marc Trevidic dénonce la prudence des supérieurs, souvent sourds aux intuitions des agents de terrain.
Marc Trévidic reçoit l’aide du scénariste Matz pour adapter son récit en bande dessinée. L’écriture concise et rythmée tient en haleine jusqu’à la fin.
Proche du crayonné, le dessin réaliste de Giuseppe Liotti, ainsi que la colorisation de Gaétan Georges, mettent en valeur ce récit. Le cadrage dynamique, notamment dans les premières pages, accentue l’intensité dramatique.
Kristol Séhec
Les Fiancées du califat, 62 pages, 15 euros, Editions Rue de Sèvres.
Illustrations : DR
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