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Aux Pays-Bas, le couvre-feu instauré ce week-end et prévu pour durer jusqu’au 9 février provoque de violentes contestations. Il est pourtant moins restrictif qu’un confinement et même moins strict qu’en France, courant de 21 heures à 4 h 30. L’amende en cas d’infraction est de 95 euros (135 euros en France, où 110 000 procès-verbaux ont été dressés depuis le 15 décembre).
Tout a commencé dimanche à Amsterdam avec une réunion non autorisée de 1 500 manifestants qui s’en sont pris à la police, y compris la police montée. Puis ce sont à de véritables émeutes que la police a dû faire face dimanche et lundi soir à Amsterdam, Rotterdam, Amersfoort, Geleen (près de Maastricht), La Haye, Bois-le-Duc, Eindhoven, Breda, Helmond, Haarlem… Aucune ville, grande ou petite, n’est semble-t-il épargnée. Vitrines de magasins brisées et marchandises pillées, affrontements avec la police avec pavés ou feux d’artifice, commissariats attaqués, voitures et poubelles incendiées, cette flambée de violence a incité le maire de Rotterdam, Ahmed Aboutaleb, à prendre un décret autorisant la police à multiplier les arrestations. Ce sont 250 personnes qui ont été arrêtées dimanche soir, 70 lundi soir.
Le pays n’ayant pas la réputation d’être remuant, qui sont les protestataires ? Le flou subsiste. Il semble que les appels à la contestation aient été le fait d’identitaires néerlandais, mais que – syndrome Gilets jaunes – ils aient été rejoints et débordés par l’ultragauche et les racailles toujours promptes à casser et à piller, que ce soit pour lutter contre le capitalisme ou pour chouraver des Nike et des iPhone.
Mark Rutte, le Premier ministre, a condamné une « violence criminelle [qui] n’a rien à voir avec la lutte pour la liberté. Nous ne prenons pas toutes ces mesures pour rire. Nous le faisons car nous combattons le virus et que c’est pour l’instant le virus qui nous prend notre liberté ». Mais ce combat contre le virus paraît tellement relever de décisions aléatoires, en tout cas changeantes (comme en France) que le ras-le-bol de la population finit par s’exprimer. Le port du masque à l’intérieur des lieux publics, « inutile » dans un premier temps, est devenu obligatoire le 1er décembre. Les magasins ont été fermés juste avant Noël, sans avertissement préalable… De quoi exaspérer jusqu’aux plus paisibles Bataves de Vondervotteimittiss.
A noter que les restrictions sanitaires provoquent des heurts dans d’autres pays : au Liban, à Tripoli précisément, de jeunes protestataires s’en sont pris aux autorités locales ; à Tel-Aviv, la police s’est retrouvée aux prises avec les juifs ultraorthodoxes qui protestaient contre le confinement. •
Guy Denaere