Plus de 90 personnalités du monde entier ont appelé aujourd’hui le président américain Joe Biden, le président français Emmanuel Macron et d’autres dirigeants occidentaux à lever les sanctions économiques qui nuisent gravement à la population civile syrienne, comme l’a demandé la rapporteur spéciale des Nations unies sur l’impact négatif des mesures coercitives unilatérales sur la jouissance des droits de l’homme, le professeur Alena Douhan.
Cette dernière, dans une déclaration publiée le 29 décembre 2020, a affirmé que les mesures économiques coercitives unilatérales des États-Unis « violent les droits de l’homme du peuple syrien ». La situation humanitaire déjà désastreuse en Syrie, a-t-elle dit, s’est aggravée en conséquence, notamment à la suite de la pandémie du Covid-19. L’aide, le commerce et les investissements nécessaires au fonctionnement du système de santé et de l’économie syrienne seraient bloqués.
Au bord de la famine
Les signataires de la lettre ouverte (voir ici la liste et la lettre), dont Charles de Meyer et Benjamin Blanchard, président et directeur général de SOS Chrétiens d’Orient (ONG présente depuis 2013 en Syrie, est en première ligne depuis le début de la crise pour secourir les populations civiles syriennes) – ont déclaré que « cette forme de punition collective des civils pousse la Syrie vers une catastrophe humanitaire sans précédent ». Parmi les signataires figurent des parlementaires, des militants des droits de l’homme, des dirigeants chrétiens, notamment syriens, des travailleurs humanitaires, ainsi que d’anciens diplomates et soldats. Il y a dix ans, avant la guerre et les sanctions économiques, la Syrie était le seul pays du Moyen-Orient qui était autosuffisant en termes de production alimentaire. Le Programme alimentaire mondial des Nations unies affirme aujourd’hui que la Syrie est au bord d’une famine massive.
Bien que les combats armés aient cessé dans la plus grande partie du pays, les États-Unis et leurs alliés ont renforcé les sanctions contre la Syrie au cours de l’année dernière, ce qui a fait chuter la monnaie du pays et plongé des millions de Syriens dans la pauvreté. Des sanctions globales contre le secteur économique ont été imposées en 2011 comme outil de changement de régime. Les sanctions imposées à la Syrie rendent difficile l’importation de médicaments et de matériel médical nécessaires pour lutter contre la pandémie et d’autres maladies comme le cancer, l’insuffisance rénale et la schizophrénie.
Les punitions collectives frappent durement les plus vulnérables
La lettre ouverte appelle le nouveau président américain à « aider les Syriens à atténuer une crise humanitaire qui menace de déclencher une nouvelle vague d’instabilité au Moyen-Orient et au-delà en appliquant la recommandation de la rapporteur spéciale des Nations unies ». Elle se termine par une déclaration : « Nous pensons que les intérêts nationaux légitimes des États-Unis peuvent être poursuivis sans punir collectivement le peuple syrien par des sanctions économiques. »
Des appels similaires sont envoyés aujourd’hui par les signataires de cette lettre et d’autres personnes aux gouvernements d’autres États, dont la France, le Royaume-Uni, l’Allemagne et la Suisse. Tous ces États se sont joints à la campagne de sanctions menée par les États-Unis contre la Syrie, même si elle n’est pas autorisée par le Conseil de sécurité de l’ONU.
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