Voilà un livre iconoclaste à une époque où on ne cesse de parler d’égalité économique entre tous les êtres humains, où on s’efforce de faire culpabiliser ceux qui gagnent le plus et où on rêve du revenu universel.
Pour beaucoup de nos compatriotes, dans une société idéale, ceux qui sont au RSA toucheraient 1 000 € par mois tandis que les travailleurs les plus productifs ne gagneraient mensuellement que 3 000 €. Mais une telle société ne serait-elle pas cauchemardesque et en décourageant les initiatives individuelles n’amènerait elle pas une misère généralisée ?
- de Coincy rappelle que l’égalité est un leurre, que si les 20 % les plus riches touchent 38,2 % de l’ensemble des revenus, ils produisent 80 % de la richesse nationale, qu’en réalité ils sont très fortement taxés au profit des plus démunis de leurs compatriotes. Or la République a posé comme principe l’égalité des droits, pas l’égalité économique. Celle-ci est-elle souhaitable ? Est-elle morale ? Comme se le demande l’auteur, Mozart s’est-il contenté de naître ? N’a-t-il aucun mérite personnel ? Est-ce injuste s’il reçoit les bénéfices de ses efforts ?
- de Coincy nous donne un cours complet d’économie : il démontre que le PIB est un très mauvais indicateur de la richesse produite, car les investissements sont comptés deux fois. Si on rétablit les chiffres réels, le poids des prélèvements par rapport à la richesse créée devient exorbitant (70% ) tandis que la dette monte à 150% de ce qu’on produit effectivement en un an. En outre, le travail des administrations et du secteur public est surévalué, ce qui fausse encore plus les résultats.
L’auteur a une idée décoiffante pour résorber définitivement à moindre coût le chômage : il suggère que l’État verse 1500 € par mois par travailleur aux entreprises privées. Si tous ceux qui sont éloignés de l’emploi étaient mis au travail par le biais de cette subvention, cette mesure coûterait 300 milliards d’euros. Les entreprises qui ne paieraient plus que 600 € par mois leurs ouvriers les moins qualifiés, pourraient à nouveau rivaliser avec des pays à faible coût salarial comme le Vietnam ou l’Indonésie.
Les relocalisations suivraient et le tissu industriel du pays serait reconstitué. De plus, les économies engendrées par cette mesure (le RSA serait réduit, les charges pour les bas salaires seraient supprimées, le traitement social du chômage deviendrait inutile) se monteraient à 385 milliards d’euros tandis que les comptes sociaux (sécurité sociale, caisse de retraite) redeviendraient excédentaires. Le PIB croîtrait modérément (2 % à 3 %), mais au lieu d’une société où 25 % de la population potentiellement active serait oisive tout en étant financée par les 75 % de travailleurs, on passerait à une société où 100 % de la population active le serait vraiment. Pour éviter tout dérapage et tout effet d’aubaine au niveau mondial, cette subvention par travailleur devrait être strictement réservé à ceux actuellement présents en France. Dans une Europe ouverte, cette condition sera très difficile à mettre en œuvre et est à la limite de la légalité.
Dernière idée, l’auteur suggère que l’impôt sur les sociétés ne porte plus sur les investissements et de modifier la comptabilité actuelle qui le répartit sur 5 ans. Selon M. de Coigny cela boosterait l’investissement.
L’essai de M. de Coincy est intéressant, mais il fait l’impasse sur le rôle des « ultra riches ». Ceux-ci gagnent 10 % des revenus, mais que fournissent-ils réellement en contrepartie ? M. Bezos le PDG d’Amazon voit chaque année sa fortune augmenter de quelques milliards par an, n’a pas travaillé autant pour mériter cette somme. Son entreprise oui, mais pas lui personnellement. D’une certaine façon, il confisque la plus value produite par ses employés.
Christian de Molinier
« Mozart s’est-il contenté de naître ? » François de Coincy 18 € (à commander ici)
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Une réponse à “Chronique Littéraire. Mozart s’est-il contenté de naître ?”
quand vous parlez de la fortune de M Bezos, vous confondez revenus et capitalisation boursière. Cette dernière grandeur est totalement virtuelle.