Ce roman se veut le premier d’une longue série : les enquêtes de Léon Crevette et d’Eddy Baccardi.
Le premier est commandant de gendarmerie, le second invente, à l’approche de la retraite, un nouveau métier : confident de femmes (ou d’hommes) récemment divorcés. Il ne se veut ni thérapeute (il n’a pas les diplômes nécessaires), ni conseiller matrimonial, il propose juste d’être une oreille attentive. Au début, il a peu de succès, mais à mesure que le temps passe, sa clientèle grossit par le bouche-à-oreille. Malheureusement, une de ses consultantes est sauvagement assassinée et dépecée par un malade qui enfonce un crucifix dans un endroit intime. Une inscription latine est écrite sur le corps de la malheureuse « tantum Ergo ». C’est un extrait (les 2 dernières strophes) de l’hymne des vêpres Pangue Lingua, composé par saint Thomas d’Aquin et qui est, depuis le dix-neuvième siècle, lié au Saint Sacrement. Le meurtre est suivi de plusieurs autres, le rituel (crucifix, inscription tantum Ergo) étant le même, les victimes ayant pour la grande majorité fréquenté le cabinet d’Eddy. En outre, elles portaient toutes une croix, dont le criminel a fait un usage inattendu. Le commandant Crevette chargé de l’enquête contacte Baccardi dès le premier crime et une amitié se noue entre ces deux hommes divorcés et esseulés. Ils échangent leurs avis sur l’affaire, effectuent ensemble quelques investigations. Le commandant Crevette croit tenir son coupable, un récidiviste à peine sorti de prison, mais un nouveau meurtre se produisant lors de l’incarcération de ce repris de justice, cette piste s’effondre. Baccardi lui a l’intuition que les crimes sont liés à un couvent situé dans le château de Hautval.
Il était jadis un internat pour jeunes filles. Crevette et Baccardi vont rendre visite à la mère supérieure. Le pensionnat est fermé depuis longtemps et manque de chance les archives contenant les noms des élèves ont brûlé lors de l’incendie du couvent. Reste une vieille sœur et une photo qui permet d’identifier quelques pensionnaires et parmi elles une partie des victimes. Le couvent a été marqué jadis par un scandale : un jeune prêtre chilien s’est enfui avec une jeune adolescente Alice. L’avion qui les ramenait au Chili s’est écrasé dans les Andes ; les deux évadés seraient morts carbonisés. Il y a eu 4 survivants dont une jeune femme Béatriz gravement brûlée et défigurée. Celle-ci a entretenu une longue correspondance avec une amie d’Alice, la mère de Colombe, une des clientes d’Eddy. Cette Béatriz aurait reçu des confidences d’Alice, qui aurait été sa voisine de siège dans l’avion. Elle semble informée sur quantité d’événements, notamment ce qui s’est passé dans le couvent. L’assassin est-il en fait une femme qui aurait accompli une sinistre vengeance ?
Ce policier se lit avec bonheur et le suspense se maintient tout au long du livre. Certes, l’auteur n’écrit pas en Français châtié ; il flirte avec l’argot. On retrouve en partie l’atmosphère des romans de Simenon, avec nourritures roboratives et les enquêtes qui avancent au café ou au restaurant. On attend donc le deuxième opus de la série.
Tantum ergo de Maurice Daccord éditions l’Harmattan 21,5 €
Chronique de Christian de Moliner
Crédit photo : DR
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