Là où il y a des restrictions et des prix élevés, il y a de la contrebande. Mais si les faux-saulniers qui faisaient de la contrebande de sel depuis la Bretagne vers les pays de grande gabelle – l’Anjou par exemple – étaient bretons ou angevins, comme Catinat (René Hamard) qui devint chouan par la suite, les contrebandiers d’aujourd’hui peuvent avoir des origines plus exotiques. Ce 14 janvier, c’était un préparateur de commande arménien qui était jugé.
Ce trentenaire qui habitait à Nantes avait été contrôlé une première fois par les Douanes avec 580 paquets de Marlboro avec des inscriptions en cyrillique, dans sa BMW contrôlée à Saint-Herblain ; il affirmait que c’était pour sa consommation personnelle, mais chez lui, pas trace d’un seul paquet, pas même d’un cendrier. Il a été à nouveau contrôlé, cette fois dans une voiture immatriculée en Allemagne, avec 18 kilos de tabac à rouler luxembourgeois.
Jugé pour ces deux faits, il a été condamné à trois mois de prison avec sursis et 7 000 € d’amendes diverses ; la marchandise a été confisquée.
La nationalité n’étonne guère les vieux routiers de la lutte anti-contrebande. « On arrête pas mal d’Arméniens, et nos collègues en Europe aussi. Avec la guerre dans le Haut-Karabagh, on n’en a jamais arrêté autant – ils disent qu’ils vont voir des proches ou faire la guerre, mais en réalité, leur guerre, c’est d’aller ramasser du blé ».
Quant aux cigarettes, « elles sont achetées en ex-URSS, où elles peuvent valoir 1€ le paquet, ou produites sur place dans des usines clandestines – c’est de moins bonne qualité que les vraies, mais beaucoup plus rentable – la cartouche de »Malboro » coûte 3€ à produire, 8€ à la sortie de l’usine, et 17 à 20€ à l’achat en Pologne, d’où les réseaux rayonnent sur toute l’UE, sans que ça n’embête vraiment les pouvoirs publics polonais d’ailleurs ».
Louis Moulin
Photo d’illustration : Kiwiev/Wikimedia (cc)
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