En Bretagne, il y a les métropoles. Les deux grandes : Nantes et Rennes. Et la petite : Brest. Puis le reste… Notamment les communes de la Bretagne intérieure souvent souffreteuses et atteinte de la désespérance sociale. Il n’apparaît pas excessif d’écrire que la centralisation à la française a été transposée à l’échelon régional.
Du temps des gaullistes, la politique d’aménagement du territoire était à l’ordre du jour. Ce qui permit à la Bretagne d’hériter, par exemple, de l’usine Citroën de Chartres-de-Bretagne (près de Rennes) avec 15 000 emplois à la clé. Mais, avec les gouvernements libéraux de droite et de gauche qui suivirent, cette action volontariste de l’État disparut.
L’axe Nantes – Rennes
Si le laisser-faire renforce les secteurs déjà favorisés, il aggrave les handicaps de zones à la traîne. C’est ce que montre le récent recensement, œuvre de l’INSEE. Certes, la Bretagne (5) gagne 34 101 habitants entre celui de 2017 et celui de 2018 (4 713 813/ 4 747 914), mais ces « bons » chiffres cachent de fortes disparités. À l’est, on trouve les départements « locomotives » : la Loire-Atlantique (1 412 500 habitants) et l’Ille-et-Vilaine (1 069 228 habitants). Tandis que le Finistère arrive à la troisième place (911 735 habitants), le Morbihan à la quatrième (754 867 habitants) et les Côtes-d’Armor (599 584 habitants) à la cinquième. Le déséquilibre est évident et bénéficie principalement à l’axe Nantes – Rennes. Il l’est davantage si on considère la population des grandes villes bretonnes : 314 138 habitants à nantes, 217 728 à Rennes et seulement 139 602 à Brest.
Au Télégramme où on parle la langue « Bretagne administrative », le rédacteur en chef Samuel Petit procède à quelques constatations en prenant en compte la période 2013 – 2018. Certes « 76 000 habitants de plus en cinq ans ». Mais « derrière cette bonne santé démographique, un mouvement de fond : l’attractivité économique se concentre à l’est, notamment en Ille-et-Vilaine. Sur les 76 000 habitants de plus, 49 000 sont recensés dans ce département. Ce décrochage est – ouest est encore plus fort si on intègre la très dynamique Loire-Atlantique. Certes, les agglomérations de Brest et Quimper résistent et le Finistère gagne 7 800habitants en cinq ans. Mais une tendance de long terme se dessine : une métropole rennaise qui concentre toujours plus de centres de décision privés et publics ainsi que les emplois de production, la moitié ouest de la région qui vieillit et qui crée essentiellement des emplois liés au tourisme ou aux services aux plus âgés. Cette dérive est-elle irréversible ? » Mais pour « faire émerger de nouvelles zones d’attractivité autour des petites villes et villes moyennes », une « condition » apparaît indispensable : « une volonté politique » (Le Télégramme, mercredi 30 décembre 2020).
Doté d’une « volonté politique » forte et désireux de lancer une politique d’aménagement du territoire digne de ce nom, un gouvernement pourrait faire bouger les lignes. Mais il ne faut pas trop rêver… La droite et la gauche parisienne ne connaissent ni Carhaix ni Châteaubriant… Reste une authentique régionalisation capable de donner à l’exécutif régional et à l’assemblée régionale les moyens de donner du tonus au monde rural et de rééquilibrer le territoire breton. Mais ce n’est pas pour demain…
Une comparaison pour terminer qui se passe de tout commentaire. Population des Côtes-d’Armor (347 communes) : 599 584 habitants. Population de Nantes métropole (12 communes) : 656 275 habitants. Alleluia !
Bernard Morvan
Illustration : Wikimedia (cc)
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Une réponse à “Il y a davantage d’habitants à Nantes métropole que dans le département des Côtes-d’Armor !”
Non, ce n’est pas la centralisation à la Française, c’est un problème mondial qui fait partie des graves dérèglements du mondialisme promu et « géré » par les oligarchies financières. Les Villes depuis bien avant le Moyen-âge ont attiré les populations « errantes » ou en manque. Après la guerre, l’accélération brutale de l’industrialisation, avide de main-d’oeuvre, a précipité les gens de la campagne vers la ville, ainsi que les masses d’immigrés nécessaires. Les villes deviennent des mégapoles centralisatrices et finissent par se ressembler toutes, de Sao-Polo à Atlanta, de Detroit à Singapour, de Sidney à Montréal…etc; lorsque l’on voyage beaucoup, on se rend compte de cette uniformisation rampante de cette « banalisation » qui fait que les « down-town » (nos chers anciens centre-villes) sont à peine perceptibles. Vu d’avion, tout se ressemble et, le pire, c’est qu’il y a déjà moins de différence entre n’importe lequel des habitants de ces magmas citoyens qu’entre un Parisien et un habitant de Cantalous-Tuzaguet ou Loch Maria Kerr…Dans ces termitières humaines la pollution est à deux niveaux, matérielle et…mentale. L’architecture y est inexistante dans le sens où il ne s’agit que de géométrie au premier degré générant des ensembles impressionnants par leur taille et réducteurs par leurs formes essentiellement parallélépipédiques. Il est plus facile de remplir un carré qu’un cube…Ce monde est entrain de « changer » dramatiquement beaucoup plus, beaucoup plus vite que nous ne nous en rendons compte. J’ai eu la chance comme Marin, puis Industriel, Homme public, de beaucoup voyager, voir et entendre; nous allons vers des uniformisations, des gouffres sociaux où l’homme en tant que tel va disparaitre pour laisser sa place à des « pseudos-robots » sans conscience. Pourquoi croyez-vous que l’on nous rabâche du matin au soir des couplets sur « intelligence artificielle » ? (expression dont de grands experts du numérique dénoncent le coté aberrant sans être écoutés). Il sera ainsi plus facile d’assimiler l’homme à un robot et de le gouverner-exploiter sans problèmes. La France copie, suit, puisque elle a perdu son autonomie, sa souveraineté, et, peu à peu, sa créativité…Je n’ai pas, en tant que Gascon, un tempérament pessimiste; c’est un constat et c’est positif de le faire, c’est déjà imaginer que l’on pourrait y changer quelque chose…