Le 133ème numéro de la revue l’Afrique réelle vient de sortir. Ci-dessous l’éditorial et le sommaire.
Sommaire
Dossier : L’année 2020 en Afrique, bilan et perspectives pour 2021
– L’Afrique du Nord dix ans après le désastre des « printemps arabes »
– Une économie africaine sinistrée
– Le Sahel : entre jihadisme « universaliste » et jihadisme « ethnique »
– Du trou noir du bassin du Congo à la Corne de l’Afrique et au naufrage sud-africain
– La Turquie et l’Afrique
Anniversaire :
La tragique et sanglante illusion des « printemps arabes »
Editorial de Bernard Lugan
En Afrique, l’année 2020 s’est terminée comme elle avait commencé, avec plusieurs grandes zones de conflictualité :
– En Libye, pays coupé en deux entités, la Tripolitaine à l’Ouest et la Cyrénaïque à l’Est, la Turquie à travers le gouvernement de Tripoli et l’Egypte, à travers le maréchal Haftar sont l’arme au pied. Le maréchal Haftar contrôle les terminaux pétroliers du golfe des Syrtes et la Turquie veut les conquérir. Pour l’Egypte, ce serait un casus belli et elle a prévenu que, dans ce cas, son armée interviendrait.
– Dans la BSS (Bande sahélo-saharienne), la grande nouveauté est la guerre ouverte entre Daech dont le but est d’instaurer un califat transethnique et transnational, et Aqmi qui a évolué localement vers un ethno-jihadisme.
– Dans la Corne, la principale question est de savoir si l’Ethiopie est oui ou non à la veille d’une évolution de type yougoslave, ou au contraire en phase de recomposition autour des Oromo qui ont marginalisé les Amhara et écrasé les Tigréens.
– En Afrique centrale, de la RCA à la région du lac Albert, le trou noir n’est pas prêt d’être comblé. Quant au Mozambique, le jihadisme semble s’y enraciner dans la partie septentrionale du pays limitrophe de la Tanzanie.
A la fin de l’année 2020, un « vieux » conflit a balbutié au Sahara occidental où, moribond, le Polisario a vainement tenté de couper la route reliant le Sénégal à la Méditerranée, route qui passe à travers le Sahara marocain. Désormais, la question est de savoir si l’Algérie a encore intérêt à porter à bout de bras un Polisario, sorte de butte témoin des guerres du temps de la « guerre froide » d’avant 1990, et dont une partie des derniers membres a rejoint l’état islamique (Daech), ennemi mortel d’Alger.
Politiquement, l’année 2020 a vu se dérouler nombre d’élections, qui, quasiment toutes, n’ont fait que confirmer les rapports ethno-démographiques, les peuples les plus nombreux l’emportant mathématiquement sur les moins nombreux. Or, cette ethno-mathématique électorale est la clé de la question politique africaine.
En 2020, dix ans après le début des désastreuses nuées du « printemps arabe », l’Afrique du Nord est revenue au point de départ, à savoir que le principal problème y est démographique. Comme les naissances y vont plus vite que le développement, de l’Egypte au Maroc, les problèmes sociaux constituent donc autant de bombes à retardement. A cela, s’ajoutent des problèmes spécifiques. Ainsi la question des eaux du Nil qui a créé une situation quasi conflictuelle entre l’Egypte et l’Ethiopie, et les tentatives désespérées du « Système » algérien pour se survivre à lui-même.
Crédit photo : PIxabay
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