Avec l’entrée en vigueur du Brexit le 1er janvier 2021, quelles seront les incidences concrètes sur le trafic transmanche pour les professionnels comme pour les particuliers ? L’occasion de faire le point.
Le trafic transmanche bousculé par le Brexit ?
Les changements occasionnés par le Brexit vont donc prendre effet à partir du 1er janvier. La sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne va aussi avoir des conséquences sur le trafic transmanche malgré la conclusion d’un accord post-Brexit.
Tout d’abord, sur le plan sanitaire, des contrôles obligatoires seront menés sur les importations d’animaux vivants, de denrées alimentaires d’origine animale mais aussi de fruits et légumes, dans les quatre quatre services d’inspection vétérinaires et phytosanitaires (Sivep), à Calais, Dunkerque et à Boulogne-sur-Mer pour les produits de la mer. Pour cela, 230 vétérinaires et techniciens seront déployés.
D’autre part, concernant le contrôle des documents des poids lourds, seuls ceux effectués sur les camions en provenance d’Irlande pourront se faire de manière dématérialisée à distance. Pour les autres, il sera nécessaire de s’arrêter et les services pourront ouvrir les camions, comparer les documents avec la cargaison réelle et possiblement analyser une partie des produits pour en vérifier la qualité. Selon les estimations, ce sont entre 10 et 12 % du total des poids lourds qui devraient être contrôlés aux Sivep.
Quelles formalités pour les passagers ?
Pour les ressortissants britanniques arrivant en France, il sera dorénavant nécessaire de pouvoir justifier son séjour. À Douvres par exemple, la Police de l’air et des frontières (PAF), qui tamponnera par ailleurs les passeports et pourra effectuer des contrôles approfondis, pourrait prendre jusqu’à une minute pour contrôler chaque personne, contre 20 secondes par le passé.
De plus, pour avoir le droit de débarquer au Royaume-Uni, la Carte Nationale d’Identité française est acceptée jusqu’à fin septembre 2021. Le passeport sera obligatoire à partir du 1er octobre 2021.
Toutefois, compte tenu du fait que les Britanniques ne soient pas jugés comme étant une « nationalité à risques », la préfecture de Région des Hauts-de-France a déjà indiqué que « ce ne sera pas la priorité ». Aussi, en cas de manque de fluidité du trafic, les autorités françaises craignent de voir les passagers britanniques opter pour les ports belges ou néerlandais. À savoir qu’à l’heure actuelle, 70 % des échanges commerciaux entre le Royaume-Uni et l’UE passent par Calais et Dunkerque et, en moyenne, 60 000 passagers et 12 000 camions y transitent quotidiennement.
Brexit : de nouvelles formalités pour les marchandises
En ce qui concerne les marchandises, les entreprises vont devoir remplir des formalités pour atteindre les deux côtés de la Manche. Elles devront aussi déclarer ces marchandises auprès des douanes. Une déclaration qui sera dématérialisée et se fera donc en ligne et en amont du transport à travers le système informatique baptisé « frontière intelligente ».
En outre, les plaques d’immatriculation, identifiées côté britannique à l’embarquement dans les navettes ferroviaires ou sur les ferries par des caméras, seront comparées au code-barres de la déclaration en douane présenté par le chauffeur. Puis, sur la base d’une analyse de risques pendant le temps de la traversée, (1 h 30 par ferry entre Douvres et Calais, 35 minutes par le tunnel), la douane enverra à leur arrivée en France soit un feu vert aux chauffeurs, autorisés à continuer leur route, soit un feu orange, pour les arrêter. Un système qui sera mis en place dans tous les ports français de la façade Manche-Mer du Nord.
Les opérateurs transmanche ont massivement investi
Pour faire face à cette nouvelle donne, ce sont quelques 40 millions d’euros qui ont été investi par les opérateurs transmanche et par l’État afin de construire diverses infrastructures tels des quais de contrôle des marchandises, des parkings, des voiries et autres systèmes informatiques.
Par ailleurs, 700 nouveaux fonctionnaires ou contractuels ont été recrutés pour venir gonfler les effectifs des douanes, des services vétérinaires et de la PAF.
De l’autre côté du Channel, Londres a promis une aide de 200 millions de livres (190 millions d’euros) pour aider les ports à s’adapter. Mais le Royaume-Uni a refusé de débourser 33 millions de livres demandées par le port de Douvres pour doubler le nombre de cabines de contrôles de passeports par les forces de l’ordre françaises…
Assurance maladie, permis de conduire, etc.
Parmi les autres modifications à prendre en compte pour les voyageurs, la Carte Européenne d’Assurance Maladie (CEAM) ne sera plus valable à partir du 1er janvier 2021. Il est ainsi recommandé d’être couvert lorsque vous voyagez à l’étranger et il est recommandé de souscrire une police d’assurance voyage complète avant tout voyage.
Pour ce qui est du permis de conduire, le Royaume-Uni n’exige pas, pour l’instant, de permis de conduire international pour conduire sur son territoire. Les Français voyageant au Royaume-Uni devraient donc pouvoir conduire avec leur permis français, accompagné d’une traduction anglaise. Ce point est cependant toujours en négociation et le permis de conduire international pourrait être exigé par la suite.
Quant aux animaux de compagnie, il sera toujours possible de voyager avec malgré le Brexit : un certificat sanitaire international sera nécessaire pour chaque voyage d’un animal domestique britannique en Europe. Mais la réciproque ne s’appliquera pas pour les Européens, qui pourront continuer à emmener leurs animaux au Royaume-Uni sans plus de démarches.
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