Neuf monnaies locales du territoire breton vont fusionner en 2021 dans l’optique de la naissance d’une monnaie commune régionale.
Ou plutôt, cette nouvelle monnaie viendra en complément de ces monnaies papier locales existantes, qui sont La Bizh du Pays de Vannes, le Projet deBif de Belle-Ile, le Buzuk du Pays de Morlaix, le Galais du Pays de Ploërmel, le Galleco sur l’Ille et Vilaine en place à Rennes et Redon), Heol du Pays de Brest, la Maillette du Pays de Dinan, Saint-Malo, l’Ourse du Pays de Questembert à Férel, Segal du Pays de Lorient.
Trois autres qui réfléchissent à la démarche :
- Le Moneko sur le département de Loire-Atlantique
- Le Rozo sur le pays de St-Nazaire
- Le Pezh dans le Trégor-Goëlo
Le site Agendaou rapporte que ses initiateurs viennent de décider de créer une monnaie locale complémentaire citoyenne (MLCC) bretonne utilisable dans l’ensemble des bassins de vie de la région.
« Cette nouvelle monnaie régionale s’adressera à tous les acteurs économiques -particuliers, entreprises, associations, collectivités- et les partenaires adhérant à chacune des monnaies locales partenaires. Elle s’échangera de manière dématérialisée.
L’objectif est de donner une nouvelle dimension aux échanges tout en enracinant cette première monnaie bretonne du XXIe siècle dans l’expérience acquise par ces différents collectifs depuis plusieurs années » explique le site Internet.
Actuellement, les monnaies locales de Bretagne pèsent 300 000 euros en circulation, et un millier d’entreprises adhérentes, permettant de créer de la richesse locale car par définition, cet argent ne quitte par le territoire
Les euros échangés en monnaies locales sont déposés en garantie dans des banques éthiques -NEF et Crédit Coopératif notamment- qui favorisent l’investissement dans l’économie locale et responsable, fait savoir le collectif.
Répondre aux crises économiques et sociales
Agendaou continue l’explication ;
Une monnaie locale complémentaire est dépensée sur un territoire défini et reste dans ce circuit. Elle est donc au service de l’économie locale et privilégie les circuits courts. Elle est un outil d’économie circulaire et n’est par principe soumise à aucune spéculation.
En Suisse, la monnaie WIR a cours depuis 1934. Créée en pleine récession, elle avait comme objectif de renforcer la coopération et les échanges sur le territoire afin de venir en aide aux entreprises helvètes.
Pari réussi! Avec un modèle économique et social cohérent liée au fonctionnement de cette monnaie, le WIR s’est installé durablement dans le paysage helvétique. En 2015, il comptait 60 000 participants, dont 50 000 PME suisses soit un cinquième de celles présentes sur le territoire (paiement des fournisseurs, partenaires et charges). Chaque année, les transactions se chiffrent à 2 milliards de WIR.
Les monnaies locales bretonnes s’appuient sur des engagements forts de citoyens et de collectivités, riches de leurs diversités humaines et territoriales.
Elles veulent continuer à aller de l’avant en s’ouvrant à toutes celles et ceux qui veulent promouvoir des biens communs et placer l’intérêt général au-dessus des intérêts particuliers, avec des modes de travail démocratiques et coopératifs.
Les monnaies locales bretonnes, avec cette monnaie commune, prennent ainsi leur part, dès à présent, à la construction du monde de demain, où les citoyennes et les citoyens seront véritablement acteurs d’une société plus équitable, plus responsable et plus écologique.
Une initiative à suivre, à découvrir, et à soutenir donc, dans les mois à venir
Illustrations : DR
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Une réponse à “Une monnaie locale pour toute la Bretagne en 2021”
La Suisse compte 591 016 PME (Office fédéral des statistiques) : le pourcentage des participants au WIR n’est donc pas d’un cinquième mais de moins de 10 %, et leurs opérations en WIR ne représentent qu’une petite partie de leurs flux. Quant à « l’expérience acquise par ces différents collectifs depuis plusieurs années », elle n’incite pas vraiment à l’optimisme. Nulle part dans le monde les monnaies locales complémentaires ne sont de grands succès, c’est pourquoi on se réfère toujours au WIR, qui date des années 1930 — en oubliant que les autres monnaies lancées à l’époque de la grande crise économique ont pour la plupart disparu depuis longtemps. Et pour cause : ces MLC ne sont pas des monnaies mais de simples masques posés sur des monnaies à cours légal sous-jacentes. Elles compliquent (pas beaucoup, heureusement) la comptabilité des entreprises sans apporter le moindre avantage financier.
Bien entendu, les MLC ne permettent aucunement de « créer de la richesse locale » en soi. Elles ne s’échangent que localement, mais chacun peut tout aussi bien dépenser localement en euros, c’est une question de discipline individuelle : que je paie le boucher du coin en euros ou en MLC, l’important est que c’est le boucher du coin.
L’avantage des MLC est moral : elles constituent un affichage régionaliste. On peut les comparer au Gwenn-ha-Du collé sur les plaques d’immatriculation des automobiles de Loire-Atlantique. Ce n’est déjà pas si mal, mais il ne faut pas en attendre de miracles. Et puis, dans beaucoup de cas apparemment, des « billets de banque » libellés en MLC sont conservés par des touristes en souvenir sans être jamais présentés au remboursement, ce qui conforte le système. Une suggestion : les émettre directement sous forme de magnets à coller sur le réfrigérateur, pour favoriser cette pratique, qui vaut mieux que des « souvenirs locaux » made in China.