Hamir Enayat est un analyste iranien basé en Europe. Militant des droits de l’homme et opposant au régime de son pays, il écrit sur les questions iraniennes. Il vient de nous adresser cette tribune que nous reproduisons ci-dessous.
Les violations des droits humains caractérisent la République islamique d’Iran, sinistre détenteur du palmarès mondial du nombre d’exécution par habitant. Fidel à ses pratiques brutales, le régime iranien a exécuté par pendaison le 12 décembre le journaliste et opposant Rouhollah Zam après l’avoir enlevé et jugé dans un procès expéditif. Cette violence, intervenue malgré les nombreuses appels internationaux à la clémence, a révélé dans toute sa dimension l’escalade de la répression d’un régime en fin de course qui cherche à étouffer sa population par la terreur.
Rouhollah Zam, 41 ans, réfugié en France depuis 2012, est tombé dans le piège des Gardiens de la révolution (pasdaran) qui l’ont appâté en Irak par une femme et des promesses d’aide financière pour son projet de chaîne de télévision. Enlevé à Bagdad par les pasdaran, l’armée parallèle de Téhéran, il a été torturé pour faire des « aveux » télévisés sous les chefs d’accusation de « délits contre la sécurité du pays », « espionnage » au profit de la France et insulte au « caractère sacré de l’islam ».
L’Union européenne et la France ont condamné cette exécution comme « Barbare et inacceptable ». Mais est-ce que les simples condamnation suffiront à faire reculer les mollahs dans leurs dérives totalitaires ? Les enlèvement d’opposants à l’étranger, la prise d’otage de binationaux dans le pays et les autres exactions plus atroces du régime contre sa population, mette à mal la complaisance qui a jusqu’à présent caractérisée la politique européenne vis-à-vis de Téhéran.
La diplomatie des otages par l’Iran
La violence et la diplomatie des otages ont toujours été l’un des instruments préférés des mollahs pour obliger les pays occidentaux à donner des gages à un régime issu de dogmes religieux moyenâgeux. Plusieurs binationaux sont actuellement retenus en Iran comme monnaies d’échange. L’un d’eux est l’anthropologue franco-iranienne Fariba Adelkhah, détenue à Téhéran depuis 18 mois. Les observateurs affirment que le régime cherche à l’échanger avec Assadollah Assadi, un diplomate iranien arrêté par la police européenne pour avoir livré un puissant engin explosif visant à faire un carnage contre les opposants iraniens en France, le 30 juin 2018.
Paris suit attentivement le résultat du procès en cours en Belgique ou le « diplomate-terroriste » et trois complices sont jugé pour le funeste projet terroriste en plein cœur de Paris et dont la principale cible avait été Maryam Radjavi, dirigeante de la Résistance iranienne. Les procureurs belges ont requis 20 ans de réclusion pour Assadi qui n’a pas hésité, lors de la procédure, de menacer les pays européen de représailles violentes sur le sol européen en cas de sa condamnation par la justice.
Les arrestations d’étrangers, en particulier les binationaux, se sont multipliées en Iran ces dernières années. Récemment, l’universitaire australienne Kylie Moore-Gilbert, qui avait par ailleurs entamé une grève de la faim avec Fariba Adelkhah, a été libérée grâce à un échange de prisonniers. L’ONG Human Right Watch a vivement critiqué « les manoeuvres diplomatiques iraniennes », estimant qu’« il y a un schéma clair : le gouvernement iranien détient arbitrairement des étrangers ou des bi-nationaux pour les utiliser comme monnaie d’échange avec les autres états. »
Pour une politique de fermeté
Fariba Adelkhah, élue « femme scientifique de l’année », s’est vue décerner cette semaine le prix Joliot-Curie attribué par le ministère français de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation qui a salué l’œuvre des femmes dans les sciences et la technologie. Elle ne pourra cependant pas assister à la remise du prix. Celle qui jadis été favorable à la politique de dialogue et d’entente avec Téhéran, est devenue à son tour victime et arrêté le 5 juin 2019 à Téhéran avec son compagnon français Roland Marchal. Elle a été condamnée à la prison pour « collusion en vue d’attenter à la sûreté nationale », « espionnage » et « propagande contre le système », des accusions montées de toutes pièces contre la plupart des personnes que le régime veut utiliser comme moyen de chantage dans ses négociations avec les pays Occidentaux.
La pire démarche envers les preneurs d’otage est de céder à leurs demandes. Céder au chantage de Téhéran c’est enhardir l’ogre islamiste.
La récente mise en place du régime mondial de sanctions de l’UE en matière de droits de l’homme constitue une initiative historique montrant combien l’UE est déterminée à renforcer son rôle dans la lutte contre les graves violations et atteintes dans le domaine des droits de l’homme dans le monde. Pouvant s’attaquer aux violations et atteintes graves en matière de droits de l’homme partout dans le monde, la France et l’Union européenne devraient, dans le cas iranien, devrait opter pour une politique d’extrême fermeté à l’égard du régime. Un pas concret serait de soutenir l’initiative récente du groupe d’experts des Nations unies qui ont proposé un éventuel enquête international sur le massacres commis dans les prisons iraniennes en 1988, susceptibles de constituer des crimes contre l’humanité. Un appel pressant à rendre des comptes qu’Amnesty international a salué ce mercredi 9 décembre, veille de la Journée internationale des droits de l’homme.
Hamid Enayat
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Une réponse à “Céder au chantage de l’Iran c’est enhardir l’ogre islamiste [L’Agora]”
Chez nous, en France , c’est une pâle copie de ce qui se pratique en Iran : les griefs d’accusation contre tout ce qui s’oppose au régime sont simples : Incitation à la haine raciale ), pour tout et n’importe quoi .. !