Certains matchs de football des Jeux Olympiques 2024 seront joués à Nantes. Huit villes étaient candidates. Sept ont été retenues par le Comité olympique : en plus de Nantes, Paris, Marseille, Bordeaux, Lyon, Saint-Etienne et Nice.
Ce n’est pas forcément une bonne nouvelle pour Johanna Rolland. Pendant des mois, en 2018, elle a soutenu un projet de construction d’un nouveau stade à Nantes. Il aurait doublonné avec celui de La Beaujoire, décrété vétuste 34 ans après sa construction et 20 ans après sa vaste rénovation pour la Coupe du monde 1998. Le nouveau stade, dénommé YelloPark, aurait comporté 40 000 places (+ 13 %). Et surtout, il aurait servi de prétexte à un énorme projet immobilier comprenant jusqu’à deux mille logements. Le paquet-cadeau avait d’ailleurs été ficelé par le promoteur Réalités.
Johanna Rolland n’en démordait pas : le nouveau stade était une condition indispensable pour obtenir les JO. « Si on n’a pas YelloPark, soyons clairs, on n’aura pas les JO », assurait-elle en octobre 2018. Elle affirmait tenir l’information du Comité d’organisation des Jeux Olympiques. C’était faux. Interrogé par Médiacités, le COJO avait démenti : le stade de La Beaujoire ne lui posait aucun problème.
Face à la justice
YelloPark suscitait une forte opposition dans le quartier de La Beaujoire et parmi les supporters du Football club de Nantes (FCN). Sentant la situation politique s’envenimer à l’approche de l’élection municipale, Johanna avait préféré jeter l’éponge début 2019. Elle avait prétexté des doutes sur la situation fiscale de Waldemar Kita.
Doutes qui n’ont fait que s’amplifier, puisque Kita est au centre d’une vaste enquête du parquet financier, révélée par Médiacités. D’origine polonaise, le président du FCN a fait fortune dans les compléments alimentaires et la chirurgie esthétique. Le fisc le soupçonne d’avoir éludé des millions d’euros d’impôts grâce à une résidence fictive en Belgique.
L’affaire pourrait avoir des retombées pour le FCN, mis en cause par ailleurs dans une affaire d’agent de joueurs illicite pour laquelle il a été perquisitionné voici quelques jours.
Des résultats en chute libre
Ce n’est pas tout. Si le « jeu à la nantaise » a longtemps été une référence avant de devenir une tarte à la crème, il est en train de devenir un repoussoir. « FCN : sur le terrain ou en coulisses, c’est la cata », titrait vendredi dernier le quotidien Presse Océan. Les pépins s’accumulent. La mort accidentelle de l’attaquant surdoué Emiliano Sala, disparu en Manche lors de son transfert à Cardiff début 2019, était-elle un signe du destin ?
Le fait est que la situation semble s’aggraver de jour en jour. Les projets de création d’un nouveau centre d’entraînement paraissent enlisés. Nommé entraîneur en août 2019 après une carrière très réussie au FC Lorient et à Rennes, le Finistérien Christian Gourcuff, père de Yoann Gourcuff, vient d’être limogé. Les supporters s’agitent et ont même affronté la police lors d’une manifestation.
Surtout, les résultats sportifs se sont effondrés. Au cours des derniers matchs, le FCN, seizième du tableau de la Ligue 1, a été écrasé 0-4 par Strasbourg (19ème) puis battu 3-2 à Reims (19ème). Il n’a pu faire que match nul avec Dijon (20ème) et hier, par miracle, avec le SCO d’Angers (mais « Nantes a été pitoyable du début à la fin »). À force d’acheter de bons joueurs, le FCN s’est-il constitué une mauvaise équipe ? Elle est en tout cas bigarrée. Ce dimanche, le club de la cité des ducs de Bretagne alignait face à Angers deux joueurs brésiliens, un algérien, un nigérian, un franco-burkinabé, un franco-camerounais, un franco-congolais, et un franco-marocain, Imran Louza. Ce dernier est le seul natif de Nantes.
Illustration : [cc BY-SA 4.0], photo Passion-tango via Wikimedia Commons
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