En septembre dernier, le nouveau maire écologiste de Bordeaux a annoncé la suppression de l’Arbre de Noël sur la grand-place de sa commune. Une fatwa que Pierre Humic a justifiée par l’argument du réchauffement climatique. Un faux prétexte, décrypte l’excellent Science et Vie (1), dans un article dont voici les chiffres les plus significatifs.
3 Kg de carbone dégagé dans l’atmosphère, c’est l’empreinte écologique d’un beau sapin de Noël de 2 mètres de haut. C’est l’équivalent de 10 km de trajet en voiture à essence, soit un bilan azzez minime. Ce qui risque en fait de dépasser les bornes, c’est la décoration qui habille le Roi des Forêts. Une grosse guirlande électrique de 400 lampes dépensera au cours des fêtes l’équivalent de 10 kg de carbone. Il est donc peut-être temps de passer aux leds, surtout si vous avez décidé d’ambiancer tout le quartier cette année.
80 % des 6 millions de sapins viennent de France. L’essentiel de l’empreinte carbone d’un sapin, comme l’admet le maire de Bordeaux lui-même, c’est le transport. Or c’est un des rares produits consommés à Noël qui ne viennent pas de l’autre bout du monde. Dans nombre de régions, il est aisé de se le procurer auprès d’un producteur local, pour des prix vraiment accessibles.
0.3 % de la forêt française. C’est ce à quoi correspond la surface occupée par la production de conifères de Noël. On peut rassurer les enfants, aucun sapin n’a été arraché à sa forêt. Ils sont en réalité plantés dans des sapinières, sur 6000 hectares de terre agricole. Cela correspond à 6000 parcelles de 100 mètres sur 100 mètres : c’est 10 fois moins que la surface de terres qui est urbanisée chaque année, et ceci définitivement. Mais les écolos des villes ont d’autres priorités !
100 % bio, ou presque. Modeste épicéa aux bonnes odeurs ou distingué nordmann gardant respectueusement ses aiguilles, l’Arbre de Vie est une plante rustique qui n’a guère besoin d’eau et d’engrais pour prospérer sur des terres ingrates. Mais comme on ne lui laisse pas le temps de contrôler lui-même les mauvaises herbes, l’arboriculteur peut avoir recours aux désherbants chimiques. L’usage des brebis pour le désherbage se répand dans les sapinières, note Science et Vie.
100 % recyclable. Du moins s’il est laissé au naturel. Après avoir été dans notre salon le symbole de la vie qui résiste à la nuit, le sapin terminera quand même en allume-feu ou dans le compost. Sinon, il produira du méthane en se décomposant dans une décharge. Science et Vie met en garde contre l’usage de bombes de « fausse neige », produit chimique qui interdit toute réutilisation naturelle du corps de l’arbre.
40 kg de CO2 : c’est ce que représente le sapin en plastique importé de Chine. Son bilan carbone est 13 fois plus lourd que le naturel. Il faudrait donc le garder au moins pendant 13 Noëls pour le rentabiliser écologiquement. A condition qu’il tienne aussi longtemps, surtout si le plastique est de mauvaise qualité. A noter que l’article de Science et Vie parle d’au moins 20 ans pour être meilleur que le sapin naturel, mais sans détailler ses calculs.
E.P.
- « Quel est l’impact écologique des sapins de Noël ? », Lise Gougis, Science et Vie, décembre 2020. Science et Vie pourrait bien passer en ce moment son dernier Noël. Ce monument de la presse scientifique est en grand danger depuis sa reprise par le groupe Reworld.
Illustrations : DR
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