Marine Le Pen est-elle vraiment leader de l’opposition politique au système ? C’est la question que de nombreux observateurs et dissidents se posent, de plus en plus – quand ils n » ont tout simplement pas déjà la réponse bien réfléchie : un grand non.
Depuis des années que le Front National, puis le Rassemblement national, capitalise électoralement les voix de millions de citoyens en rupture avec le système politique français enfanté par la 5e République, force est de ne constater qu’aucune victoire, qu’aucune avancée majeure, qu’aucune révolte politique, ne sont venues conclure ces manœuvres politiques à droite de la droite.
Marine Le Pen, plus modérée que les cadres du RPR
En son temps, Jean-Marie Le Pen avait déjà admis, de façon à peine voilée, qu’il ne voulait pas exercer le pouvoir. Sa fille Marine, elle, après avoir capitalisé grâce au travail politique colossal de son père durant des décennies, semble quant à elle vouloir se contenter de n’être qu’un épouvantail pleinement intégré dans le système « Républicain ».
Car Marine Le Pen, il faut le dire, a loupé, et loupe encore, absolument toutes les occasions de renverser le système en place. Des Manif pour Tous, qui réunirent des millions de gens dans les rues sans que la présidente du Rassemblement national n’use de son influence et de son poids politique pour faire barrage à des lois destructrices pour la famille, en passant par les Gilets jaunes, puis aujourd’hui par la tyrannie sanitaire qui s’instaure progressivement dans le pays provoquant ruines économiques et malheurs certains, elle n’a jamais voulu apparaitre comme « Celle qui dit non », ou « Celle qui dit Stop ».
On voit d’ailleurs aujourd’hui son ancien compagnon de route politique, Florian Philippot, habile, mais sans doute sincère dans sa démarche, être bien plus virulent, bien plus présent qu’elle, pour contester le confinement, pour dénoncer les mesures liberticides qui s’accumulent, pour pointer du doigt la supercherie sanitaire mise en place par les autorités de ce pays.
Marine Le Pen souhaite manifestement apparaitre comme étant encore plus sage, comme encore plus modérée, que ne l’étaient en leurs temps les cadres du RPR dans les années 90, qui capitulèrent, sans réagir, à toutes les lubies sociétales de la gauche, tout en cédant sur la question de l’immigration et de la submersion migratoire, que tous ces élus ont regardé passer, les yeux grands fermés.
Alors que la gauche et que l’ultra gauche, archi minoritaire, n’ont de cesse de faire descendre des collectifs, des associations, des citoyens, dans les rues de France pour dénoncer, ici les violences policières, là le racisme qu’ils voient presque comme intrinsèque à l’homme blanc, et pour réclamer toujours plus de frontières ouvertes, toujours plus de « droits » pour les différentes communautés qu’ils n’ont de cesse de flatter, Marine Le Pen et les leaders de son parti se contentent d’attendre, encore et toujours, les élections.
Tout en se précipitant, pour « commenter » l’actualité, dans les bras de tous les médias du système, qui pourtant détestent allègrement Marine Le Pen, le Rassemblement national, et toutes les idées phares que ce parti est censé (je dis bien censé) incarner. Et de s’affirmer comme « rempart face au racialisme » d’Emmanuel Macron, alors même que les autochtones de France eux, commencent à se sentir bien orphelins sans représentation politique.
Tout cela pour une nouvelle défaite électorale à venir, plus serrée que les autres ? Car là est bien le problème. Comment continuer à attirer à soi des millions d’électeurs qui, avant tout, souhaitent l’arrêt de l’immigration, la sécurité pour eux et leurs familles, mais aussi la prospérité économique et la liberté d’entreprendre et d’éduquer, alors que dans les faits, il semblerait que la fille de Jean-Marie Le Pen ne souhaite pas vraiment renverser la table.
Silence sur les lois réprimant depuis des décennies la liberté d’opinion et d’expression. Comme s’il n’était pas question de revenir en arrière, comme si tout cela était gravé dans la roche, alors qu’en face, la gauche n’a jamais eu le moindre complexe à défaire ce qui avait été voté par le passé. Sans l’abolition de ces lois, tout débat politique sérieux sur l’immigration est impossible, elle le sait bien, et les tenants du système le savent aussi.
Comment compte-t-elle par ailleurs stopper l’immigration et ses conséquences, elle qui semble avoir admis que la France était une République multiculturelle ? Un pays où chacun, quelles que soient ses origines, pouvait avoir sa place y compris si les individus ont laissé désormais place à des millions d’individus qui forment des communautés bien plus influentes et soudées que ce simple « contrat social », assemblage de « valeurs républicaines » que propose aujourd’hui la République française…
Pourquoi refuser à ceux qui veulent venir aujourd’hui le droit qu’elle semble tacitement accorder à ceux qui sont là depuis 5 ans, 10 ans ou même 30 ans, puisqu’il n’est écrit nulle part que Marine Le Pen compte rompre avec les traités internationaux et procéder à un grand mouvement de remigration ? Pourquoi d’ailleurs, refuser aux Africains de venir s’établir en France alors que l’on reconnait Mayotte, pourtant terre africaine, comme département français ?
« La meilleure chose que Marine Le Pen pourrait faire pour l’avenir des Français et des Européens de Souche, c’est de dissoudre son parti, et de se retirer de la vie politique »
Marine Le Pen a-t-elle par ailleurs entendu réellement la colère qui parcourt le pays, dans cette France périphérique abandonnée des autorités qui chérissent les banlieues et les nouveaux Français via la politique de la ville et les milliards dépensés en ce sens, inutilement comme le soulignait récemment la Cour des comptes ?
On peut en douter, eu égard de son attitude, déjà au moment des Gilets jaunes. Jean-Luc Mélenchon descend dans la rue, y compris alors que ses idées semblent ultra minoritaires. Marine Le Pen elle, reste chez elle. Ce ne serait pas « la tradition » d’un mouvement dont elle cherche pourtant à briser les vieilles racines….Imaginez un instant Marine Le Pen, leader de l’opposition politique, apporter son soutien et descendre dans la rue aux côtés des manifestants des deux premiers week-ends de Gilets jaunes…
Sur la tyrannie sanitaire actuelle, Marine Le Pen n’a, à aucun moment, incité les restaurateurs, les commerçants, à s’affranchir des décisions gouvernementales, et à ouvrir. Pourtant, son influence politique et électorale jouait pour elle. Elle avait sans doute la possibilité, par des consignes, par l’exemple aussi, de braver l’ordre républicain. De sortir de la logique politique actuelle. Il y a des moments où il faut savoir aller au clash, à la rupture, c’est aussi là, dans les grands moments de l’Histoire, que l’on voit les leaders qui en veulent… et ceux qui préfèrent se planquer.
Elle a tout aussi gentiment et poliment indiqué qu’elle irait se faire vacciner, comme tous les autres principaux leaders politiques, en appelant ensuite non pas à l’obligation, mais à la responsabilité de chacun (comme s’il était responsable de se faire vacciner contre un virus qui ne tue quasiment pas, avec un vaccin qui n’offre aucun recul…)
Alors elle rétorquera sans doute à ses détracteurs, « mais pourquoi vous ne feriez pas mieux que moi, allez-y ? ». Mais c’est justement là le problème. Lorsqu’un parti politique bien organisé a su capter, depuis 50 ans bientôt, tout l’esprit de contestation et de révolte qui parcourt une partie des peuples de l’hexagone, tout en menant une campagne d’écartement et d’élimination politique de tous ceux qui menaçaient, éventuellement, de faire de l’ombre aux leaders, il devient dès lors impossible pour tout mouvement politique de percer. D’autant plus lorsque ce parti a lui-même été adoubé par le système en tant « qu’opposant favori » donc opposant contrôlable.
Aujourd’hui, Marine Le Pen et le Rassemblement national représentent un mur solide, à la droite du système, une digue qui empêche de renverser la table politique et de redistribuer totalement les cartes.
Un mur qui a par ailleurs la forme d’un mirage politique, tant il parvient tout de même comme par magie à donner de l’espoir à ceux qui n’attendent plus rien du système actuel, mais qui ne se rendent même plus compte que leur vote d’opposition, au final, ne fait plus trembler qui que ce soit, hormis quelques journalistes parisiens en manque d’inspiration.
Avant d’espérer renverser le système en place, et afin d’éviter d’être les éternels cocus de l’Histoire puisque de l’autre côté, à gauche, les lignes bougent rapidement et efficacement, en témoignent les dernières élections municipales, il faut faire chuter ce mur de Berlin de l’opposition en France.
La meilleure chose que Marine Le Pen pourrait faire pour l’avenir des Français et des Européens de Souche, c’est de dissoudre son parti, et de se retirer de la vie politique, pour laisser enfin émerger une force politique neuve, et réellement déterminée à en finir avec la 5e République.
Et si était enfin venu le moment de cet imprévu dans l’Histoire que beaucoup d’entre nous attendent ?
Julien Dir
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8 réponses à “Marine Le Pen est-elle vraiment leader de l’opposition politique au système ? [L’Agora]”
Le constat est exact. C’est il y a 30 ans qu’il fallait voter Front National … et ce sont bien les Français qui au moment crucial ont préféré CHIRAC à JMLP !
A l’époque ma femme de ménage qui était Portugaise et voyait bien la décadence en marche me disait » Ah Monsieur, si je pouvais voter en France, ce serait pour LEPEN » . Trop tard !
Julien, tu peux toujours dire…Chapeau Madame Le Pen on verra bien… et alors pourquoi ce ne serait pas les autres droites minoritaires qui devraient se retirer? Les Français ne sont pas dupes; ils vont l’élire.
Entièrement d’accord avec Julien ! Voilà un article vraiment pertinent et intéressant. Mais Marine est bien trop bête et politicienne pour dissoudre son parti. Elle en a déjà changé le nom pour se l’approprier. Marine est une apparatchik, elle n’existe que par son parti, elle n’a pas compris les idées de son père issues du monde réel et de ses responsabilités de chef d’entreprise. Du coup elle s’est associée à l’ennemi héréditaire du FN, un énarque : Philippot, qui par ses judicieux conseils a fait révéler publiquement toutes l’étendue de l’incompétence et du manque d’idées de sa patronne.
En seul espoir, sa nièce Marion Maréchal qui, elle, a les idées et la cote. Tout est encore possible !
Marine Le Pen est, avec son revirement programmatique post-2017, devenue la cheffe de l’opposition contrôlée qui, scénario catastrophe, assurera la réélection de l’indigent Macron. Sauf si d’ici-là des évènements auxquels Macron a lui-même fait récemment allusion (cf l’interview donnée à « Brut »), l’empêchaient d’être candidat ou empêchaient le fonctionnement normal des institutions. Hormis ces hypothèses, la Marine pourrait même être récompensée par un poste ministériel voire être nommée Première Ministre vu qu’elle est désormais en accord avec Macron sur à peu près tout. Une brillante carrière politique assurée jusqu’à la retraite.
J’avais juste oublié ma proposition comme sous-titre à l’article : « Les dégâts de la Marine »
La chasse au dahu aurait-elle commencé ? Visiblement oui !
Merci à BREIZH de m’avoir censuré. Ma proposition de commentaire était pourtant des plus simples, des plus courtoises et des plus respectueuses. Effets mainstream ?
Je me demande a quel point Marine n’a pas recu des menaces qui aurait commencees avant meme les dernieres elections…..Car, oui, il y a un changement depuis le dernier face a face avec Macron avant le 2 eme tour…