Prescrire est une revue médicale mensuelle indépendante publiée en France, qui traite de l’actualité des maladies, des médicaments et des techniques et technologies médicales. Elle vient de publier son bilan 2020 ainsi que la liste, détaillée, des médicaments à écarter pour mieux soigner.
« L’évaluation par Prescrire de la balance bénéfices-risques d’un médicament dans une situation donnée repose sur une procédure rigoureuse : recherche documentaire méthodique et vérifiable, détermination de critères d’efficacité qui comptent pour les patients, hiérarchisation des données scientifiques selon la solidité des preuves, comparaison versus traitement de référence (s’il existe), prise en compte des effets indésirables et de leur part d’inconnues » indique le site de la revue.
« En 2021, le bilan porte sur 112 médicaments (dont 93 commercialisés en France) analysés dans Prescrire durant dix ans, de 2010 à 2020, dont la balance bénéfices-risques est défavorable dans toutes les situations cliniques (sauf rares exceptions) dans lesquelles ils sont autorisés en France ou dans l’Union européenne.
Certains de ces médicaments peuvent paraître bénéfiques à certains patients ; surtout tant que des effets nocifs ne se sont pas manifestés chez eux. Ces médicaments plus dangereux qu’utiles sont des causes de mortalité, d’hospitalisations ou d’effets nocifs graves ou très gênants, largement évitables.
Ces médicaments ne sont pas forcément de futurs « Mediator° », au centre d’un scandale et de procès impliquant une firme et l’Agence française du médicament. Surtout si tous les acteurs de santé réagissent à temps » poursuit-elle.
112 médicaments autorisés plus dangereux qu’utiles
Fin 2020, sur la base des médicaments analysés par Prescrire entre 2010 et 2020 et autorisés en France ou dans l’Union européenne, ont été recensés 112 médicaments plus dangereux qu’utiles dans toutes les indications figurant dans l’AMM, dont 93 sont commercialisés en France.
Il s’agit : de médicaments actifs, mais qui, compte tenu de la situation clinique, exposent à des risques disproportionnés par rapport aux bénéfices qu’ils apportent ; – de médicaments anciens dont l’utilisation est dépassée, car d’autres médicaments plus récents ont une balance bénéfices-risques plus favorable ; – de médicaments récents, dont la balance bénéficesrisques s’avère moins favorable que celle de médicaments plus anciens ; – de médicaments dont l’efficacité n’est pas prouvée au-delà de celle d’un placebo, et qui exposent à des effets indésirables particulièrement graves.
« Les principales raisons qui font qu’une balance bénéfices-risques est défavorable sont expliquées au cas par cas. Quand de meilleures options existent, nous les exposons brièvement. Parfois, il s’agit d’une situation clinique, grave ou non, pour laquelle aucun autre traitement avec une balance bénéficesrisques favorable n’est connu, et nous le mentionnons aussi » indique l’étude
Au total, la liste noire établie par Prescrire pour 2021 contient 112 médicaments déconseillés, dont 93 sont commercialisés en France.
Cancérologie – Greffes – Hématologie
Le défibrotide (Defitelio®), le mifamurtide (Mepact® – non commercialisé en France), le panobinostat (Farydak®) , la trabectédine (Yondelis®), le vandétanib (Caprelsa®), la vinflunine (Javlor®)
Cardiologie
• L’aliskirène (Rasilez® – non commercialisé en France), le bézafibrate (Befizal®), le ciprofibrate (Lipanor® ou
autre) et le fénofibrate (Lipanthyl® ou autre), la dronédarone (Multaq®), l’ivabradine (Procoralan® ou autre), le nicorandil (Ikorel® ou autre), l’olmésartan (Alteis®, Olmetec® ; et associé avec l’hydrochlorothiazide dans Alteisduo®, Coolmetec® et associé avec l’amlodipine dans Axeler®, Sevikar®), la ranolazine (Ranexa® – non commercialisé en France), la trimétazidine (Vastarel® ou autre), le vernakalant (Brinavess® – non commercialisé en France), le finastéride 1 mg (Propecia® ou autre), la méquitazine (Primalan®), le pimécrolimus (Elidel® – non commercialisé en France) et le tacrolimus dermique (Protopic®), la prométhazine injectable (Phénergan®).
Diabétologie – Nutrition
•Les gliflozines, alias inhibiteurs du SGLT2 (cotransporteur rénal de sodium-glucose de type 2) : la canagliflozine (Invokana® ; et associée avec la metformine dans Vokanamet®), la dapagliflozine (Forxiga® ; associée avec la metformine dans Xigduo® ; et associée avec la saxagliptine dans Qtern®), l’empagliflozine (Jardiance® ; associée avec la metformine dans Synjardy® et associée avec la linagliptine dans Glyxambi®) et l’ertugliflozine (Steglatro® ; associée avec la metformine dans Segluromet® ; et associée avec la sitagliptine dans Steglujan®)
Fin 2020, seules les spécialités Forxiga® et Xigduo® à base de dapagliflozine sont commercialisées en France.
• Les gliptines, alias inhibiteurs de la dipeptidylpeptidase-4 (DPP-4) : l’alogliptine (Vipidia® ; et associée avec la metformine dans Vipdomet®), la linagliptine (Trajenta® ; et associée avec la metformine dans Jentadueto®), la saxagliptine (Onglyza® ; et associée avec la metformine dans Komboglyze®), la sitagliptine (Januvia®, Xelevia® ; et associée avec la metformine dans Janumet®, Velmetia®) et la vildagliptine (Galvus® ; et associée avec la metformine dans Eucreas®)
• La pioglitazone (Actos® – non commercialisé en France)
Perte de poids
L’association bupropione + naltrexone (Mysimba® -non commercialisé en France), l’orlistat (Xenical® ou autre)
Douleur – Rhumatologie
-Certains anti-inflammatoires non stéroïdiens :
L’acéclofénac (Cartrex® ou autre),le diclofénac (Voltarène® ou autre), le célécoxib (Celebrex® ou autre), l’étoricoxib (Arcoxia® ou autre) et le parécoxib (Dynastat®), le kétoprofène en gel (Ketum® gel ou autre) , le méloxicam (Mobic® ou autre), le piroxicam (Feldène® ou autre) et le ténoxicam (Tilcotil®)
-Arthrose :
La diacéréine (Art 50® ou autre), la glucosamine (Flexea® ou autre), la méphénésine par voie orale (Décontractyl® – non commercialisé en France), le méthocarbamol (Lumirelax®), le thiocolchicoside (Miorel® ou autre).
– Ostéoporose :
Le dénosumab dosé à 60 mg (Prolia®), le romosozumab (Evenity® – non commercialisé en France)
– Divers:
La capsaïcine en patchs (Qutenza°), l’association colchicine + poudre d’opium + tiémonium dans la spécialité Colchimax®, l’association prednisolone + salicylate de dipropylène glycol dans la spécialité Cortisal®, la quinine (Hexaquine®, Okimus®).
Gastro-entérologie
L’acide obéticholique (Ocaliva®), l’attapulgite (Actapulgite®, et en association dans Gastropulgite®), la diosmectite (Smecta® ou autre), l’hydrotalcite (Rennieliquo®), la montmorillonite beidellitique alias monmectite (Bedelix®, et en association dans Gelox®) et le kaolin (en association dans Gastropax® et Neutroses®), la cimétidine (Cimétidine Mylan® ou autre), la dompéridone (Motilium® ou autre), le dropéridol (Droleptan® ou autre) et la métopimazine (Vogalène®, Vogalib®),le prucalopride (Resolor®), le trinitrate de glycéryle pommade à 0,4 % (Rectogésic®).
Gynécologie – Endocrinologie
Association à doses fixes estrogènes conjugués équins + bazédoxifène (Duavive® – non commercialisé en France), la tibolone (Livial® ou autre)
Infectiologie
La moxifloxacine (Izilox® ou autre), la ciprofloxacine (Ciflox® ou autre) ou l’ofloxacine (Oflocet® ou autre)
Neurologie
– Maladie d’Alzheimer :
Le donépézil (Aricept® ou autre), la galantamine (Reminyl® ou autre), la rivastigmine (Exelon® ou autre), la mémantine (Ebixa® ou autre)
– Sclérose en plaques :
l’alemtuzumab (Lemtrada® – non commercialisé en France), le natalizumab (Tysabri®), le tériflunomide (Aubagio®)
– Divers :
La flunarizine (Sibelium®) et l’oxétorone (Nocertone®), le Ginkgo biloba, le naftidrofuryl (Naftilux® ou autre), le piracétam (Nootropyl® ou autre), la tolcapone (Tasmar®)
Ophtalmologie
La ciclosporine en collyre (Ikervis®), l’idébénone (Raxone®)
Pneumologie – ORL
– Antitussifs :
L’ambroxol (Muxol® ou autre), la bromhexine (Bisolvon®), la ciclosporine sous forme orale ou injectable (Neoral®,Sandimmun®), l’oxomémazine (Toplexil® ou autre), la pentoxyvérine (Vicks sirop pectoral 0,15 %® ;
Clarix toux sèche pentoxyvérine 0,15 %®), la pholcodine (Biocalyptol® ou autre).
– Maux de gorge :
L’alpha-amylase (Maxilase® ou autre), le tixocortol en pulvérisation buccale (associé avec la chlorhexidine (Thiovalone® ou autre)
Les décongestionnants par voie orale ou nasale (l’éphédrine, la naphazoline, l’oxymétazoline, la phényléphrine, la pseudoéphédrine, le tuaminoheptane et la xylométazoline (non commercialisée en France)) sont des sympathomimétiques vasoconstricteurs.
Le mannitol inhalé (Bronchitol® – non commercialisé en France), le roflumilast (Daxas® – non commercialisé en France)
Psychiatrie – Dépendances
– Médicaments de la dépression :
L’agomélatine (Valdoxan® ou autre), le citalopram (Seropram® ou autre) et l’escitalopram (Seroplex® ou autre), la duloxétine (Cymbalta® ou autre), le milnacipran(Milnacipran Arrow® ou autre) et la venlafaxine (Effexor LP® ou autre), l’eskétamine en solution pour pulvérisation nasale (Spravato®), la tianeptine (Stablon® ou autre)
– Autres psychotropes :
La dapoxétine (Priligy®), l’étifoxine (Stresam®)
– Sevrage tabagique :
La bupropione (Zyban®),
Urologie
Le pentosane polysulfate oral (Elmiron®)
Télécharger l’étude complète et les explications ici
Image par Ewa Urban de Pixabay
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