Jérémie Laborde a 28 ans. Il est gérant de salles de sports en Ille-et-Vilaine (à Liffré et à Cap Malo), et a récemment lancé un cri d’alarme concernant les fermetures et restrictions imposées par les autorités, qui ont décidé de faire mourir les entrepreneurs de France à petit feu. Sa pétition, lancée en novembre, a réuni plusieurs dizaines de milliers de signatures.
Son appel à la réouverture sans discussion le 4 janvier a été très relayé, et nous l’avons interrogé pour en savoir plus sur ses motivations et sur le bras de fer à venir.
Breizh-info.com : Pouvez-vous vous présenter à nos lecteurs ?
Jérémie Laborde : J’ai un parcours de vie plutôt atypique avec des expériences diverses et variées,
Après avoir fait une Licence de Langue en 2012, je me suis expatrié presque 2 ans en Chine où j’étais assistant en langue puis Coach sportif dans des Training Camps,
La Chine étant assez élitiste à l’époque j’ai eu du mal a rester sur le long terme comme prévu et je suis donc rentré en France, une fois dans notre cher Pays, toujours en soif d’aventure j’ai décidé de rejoindre les rangs de l’armée et ai incorporé le 1er Régiment parachutiste d’Infanterie de Marine à Bayonne.
Ces deux expériences m’ont vraiment beaucoup apporté, sur tous les plans et j’ai gagné très rapidement en maturité, enfin j’ai toujours rêvé (un peu comme tout le monde..) de Liberté, et dans un monde dirigé par l’argent j’ai compris que les deux étaient intimement liés,
J’ai donc commencé à me former dans l’entrepreneuriat en autodidacte puis sur des formations plus concrètes et j’en suis arrivé à ouvrir mes deux Centres de Fitness (la même année) en 2018, aujourd’hui j’ai vraiment trouvé ma vocation, et j’ai réussi à réunir tout ce à quoi j’aspirais dans une même activité, l’argent, le temps, le sport et l’humain, un cocktail qui donne envie de se lever le matin !
La prochaine étape est de continuer d’ouvrir des Centre de Fitness, car désormais je maitrise mon sujet, mais également d’entreprendre dans d’autres domaines
Aussi j’ai à cœur de « rendre la pareille » et de créer une dynamique (peut être un centre de formation pour tous.) Et d’accompagner les gens déterminés à réussir dans la vie, peu importe le domaine choisi et l’origine de la personne, sur fond de développement personnel avec des attraits aux commerces et aux relations humaines.
Breizh-info.com : Concrètement, comment chiffrez-vous votre perte en 2020 ? À quelle hauteur l’État les a-t-il compensés ?
Jérémie Laborde : Concrètement nous somme à plus de 150 000 € de perte par structures, l’État à compensé directement et indirectement avec l’ensemble de ses mesures, l’équivalent de <50 000 €
Breizh-info.com : Beaucoup d’indépendants ne veulent pas vivre aux crochets des aides de l’État, et veulent entreprendre. Est-ce votre cas ?
Jérémie Laborde : Vu le nombre de taxes, CFE, TVA, Droits divers, Impôts sur les sociétés, Impôts sur le revenu, etc., etc.. je n’ai aucun remords à utiliser les aides de l’État puisque ce sont ces mêmes taxations qui alimentent ces aides,
Par contre je ne dis pas que l’État doit cautionner ou pas une réussite ou un échec entrepreneurial.
En l’occurrence, pour la crise du covid les pertes engendrées par les commerces ne sont pas la conséquence directe d’un échec commercial, la perte est directement imputable à la décision de fermeture administrative par les autorités publiques, et ce sans preuves (comme a dit Macron en Mars, « L’Etat paiera », à ce jour, il s’est moqué de nous)
Breizh-info.com : Vous annoncez vouloir ouvrir début janvier. Pourquoi cette date ? Pourquoi pas plus tôt finalement ?
Jérémie Laborde : Tout comme les commerçants pour qui Noël représente le plus gros du chiffre d’affaire de l’année, et c’est pour cela que l’État les a rouverts en décembre, janvier et ses bonnes résolutions représentent pour nous presque 50 % du Chiffre d’Affaire annuel
En février, les bonnes résolutions seront déjà bien entamées et une rentrée au 20 janvier serait moins effective
Suite aux ouvertures des petits commerçants pour Noël, rouvrir en décembre n’est plus stratégique, décembre et août sont les 2 mois morts dans le Fitness, il n’y aurait que très peu d’inscriptions et nos adhérents donneraient priorité à leurs achats de Noël, ce qui est normal
Breizh-info.com : Avez-vous des interlocuteurs dans cette crise ?
Nada ! Plusieurs Acteurs du milieu on réussit à se fédérer et à ouvrir le dialogue avec le ministère du Sport, mais sans succès, lors de conférences auxquelles j’ai pu participer on constate une impuissance totale des deux côtés,
Madame MARACINEAU ministre du Sport est ancienne Athlète de haut niveau en natation. J’ai beaucoup de respect pour son parcours, mais il est clair qu’elle ne connait pas beaucoup les Centres de Fitness, nous avons été mis au même rang que la petite association de village alors que nous sommes de toutes les structures sportives, le plus en capacité d’encadrer, d’accompagner et d’orienter la pratique sportive, nous avons une réelle vocation économique, mais aussi médico-sociale, au-delà d’être un moteur qui participe à la dynamisation humaine des territoires,
Un exemple concret : on parle du football et des stades, le Fitness compte près de 6 millions d’adhérents, soit 10 % de la population française ! Le football, même en étant la 1re fédération française compte 2 millions de pratiquants, soit 3 fois moins, et nous sommes tout simplement mis aux oubliettes.
Breizh-info.com : Le mouvement de contestation s’étend en Bretagne, en Pays de la Loire, mais aussi dans d’autres régions. N’est-il pas un peu tard finalement ?
Jérémie Laborde : Non pas du tout, ce mouvement est tardif, car nous avons pris le temps de jouer le jeu du gouvernement, nous avons fait les efforts nécessaires, nous avons fait confiance au gouvernement et à sa stratégie de fermeture des commerces, pendant le premier confinement puis le second, nous avons participé à l’effort national, à la lutte contre le COVID, nous avons fait notre part, nous avons donné notre maximum et aujourd’hui nous sommes au tournant (de la guerre? :).
Aujourd’hui nous sommes à bout et l’État refuse de l’entendre. S’il a conscience de l’importance de Noël pour les vendeurs de jouets, alors pourquoi n’a-t-il pas conscience de l’importance de janvier et de ses bonnes résolutions pour les centres de Fitness ?
Nous ne pouvons saborder nos sociétés sur demande de l’État. Il n’y a que dans les dictatures où vous pouvez mourir sur demande,
Nous donnons à l’État sa place de gouvernant en échange de notre sécurité, si demain l’État ne peut ou ne veut plus assurer notre sécurité, alors nous ne pourrons plus dépendre de ses lois, et le maintien de celles-ci à notre égard serait au même rang que celle des dictatures.
Breizh-info.com : Quelles sont vos perspectives économiques en 2021 ?
Jérémie Laborde : Si on loupe janvier, c’est la fin, 50% des salles de sport qui coulent (avis personnel). Si on rouvre le 4 janvier, il y aura peut être un effet boomerang et l’abstinence de sport pendant le confinement permettra peut être en retour à plus d’inscriptions pour cette période, mais il est sur que si on rouvre le 20, alors que seulement 3 semaines séparent ces 2 échéances l’impact sera soit réparateur du chiffre d’affaires 2020 soit catastrophique et ça sera la fin.
Emmanuel Macron a laissé entendre dans son entretien chez Brut que ces fermetures pourraient même aller au-delà du 20 janvier : c’est de la pure folie et surtout une totale déconnexion avec le terrain. Qu’il m’appelle au lieu d’appeler Bigard pour sa communication !
Propos recueillis par YV
Illustrations : DR
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Une réponse à “Jérémie Laborde, gérant de salles de sports: « Nous ne pouvons pas saborder nos entreprises sur demande de l’Etat » [Interview]”
Dirigeants, battez-vous tous contre cette dictature anti-sports ! Ouvrez vos salles et nous viendrons hors la loi… Il suffit d’obliger le port du masque et de gants longs même durant l’entraînement !