Et de cinq ! Dans deux affaires distinctes liées au trafic des produits stupéfiants, la police et les douanes ont retiré de la circulation cinq armes de poing. Une quantité importante qui témoigne de l’importance de l’armement chez les délinquants, tandis que les restrictions légales se font de plus en plus importantes pour empêcher les gens honnêtes de s’armer en toute légalité et se défendre.
Dimanche 29 novembre, lors d’un contrôle ciblé sur l’aire de Treillières, la douane a découvert dans un sac, caché dans une voiture, un pistolet de calibre 9 mm, modifié – le numéro de série a entre autres été limé – chargée avec deux munitions. Les deux occupants du véhicule, 21 et 27 ans, connus pour des délits de droit commun, ont été placés en garde à vue.
La semaine dernière, la police a démantelé par ailleurs un réseau de trafic de stupéfiants qui livrait plusieurs dizaines de clients dans le centre-ville de Nantes, en faisant appel à des coursiers – comme ceux qui livrent la nourriture à emporter ; la livraison était facturée en plus mais évitait aux clients de se déplacer avec des produits illicites, ou hors des limites horaires et kilométriques du confinement (avant le 28 novembre, 1h et 1 km pour prendre l’air, depuis, 3 h et 20 kilomètres).
Au cours des perquisitions afférentes le 23 novembre dernier, 11 dealers ont été interpellés – dont sept ont été mis en examen et trois sont en détention provisoire, quatre armes de poing saisies, ainsi que 11.015 € en liquide, 255 grammes de résine de cannabis [1700 € à la revente au détail] et 320 grammes de cocaïne [19.000 € à la revente au détail] saisis.
Ce réseau de type Uber Coke est le second – au moins – de ce type, démantelé à Nantes depuis 2019. Il y a un an en effet, le 1er décembre 2019, trois Lyonnais déjà connus pour trafic de stupéfiants chez eux avaient été interpellés dans l’appartement qu’ils louaient dans le quartier dit « sensible » de la Bottière ; chez eux, il y avait 200 grammes de cocaïne et 15.000 € en liquide dans une chaussette. Ils avaient mis en place un centre d’appel pour prendre les commandes et livraient la marchandise en Uber, de 13h30 à 2 h du matin, dans le centre-ville nantais. Un système bien rodé qui permettait d’écouler 1.5 kilos de cocaïne par mois.
Michel (*), consommateur régulier de cannabis, nous indique que « les livraisons en scoot[er] se sont généralisées au moment du 1er confinement. Il y avait vraiment beaucoup de contrôles, pas dans les quartiers spécialement, mais dans le centre et un peu partout. Ils se sont vite rendus compte que les clients ne venaient plus au point de vente et ont cherché à se rapprocher. A la réflexion, c’est bien pratique, tu commandes ta pizza et tes joints en même temps ». Mais illégal.
Mais fructueux – en facturant la livraison en sus, les dealers augmentent encore leur marge et leur rentabilité, tout en s’attachant leurs clients. Et quand un réseau tombe ? « La nature a horreur du vide », soupire un policier nantais, « ça donne l’impression d’être le géant qui pousse son rocher qui n’arrête pas de retomber [Sisyphe] Mais les mettre à l’ombre, ça permet aussi de réduire toute la délinquance qui va avec la drogue, extorsions, home-jackings pour avoir des bagnoles rapides, règlements de comptes aux règlements de comptes, casses pour avoir de quoi payer la came en gros, culture clandestine, aide au séjour irrégulier etc. Les gens ne voient que le deal, y a tout un écosystème délinquant derrière ».
(*) Le nom a été changé.
Louis Moulin
Photo d’illustration : DR
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