La place de l’Amérique Latine, ironisent les Nazairiens, porte bien son nom : c’est là qu’on y trouve, illégalement bien sûr, le plus de cocaïne. Certains suggèrent aux Nantais de rebaptiser la place Mendès France, au cœur du quartier dit « sensible » de Bellevue, « place du Rif », tant pour l’origine de la marchandise que des dealers, c’est kif. Un protagoniste – camerounais, multirécidiviste, était jugé ces jours-ci pour deal.
Vers 15 h samedi 28 novembre, les policiers municipaux surprennent un dealer et un client en flagrant délit, sur cette place, donc. Le client s’enfuit, pas le dealer, déjà très connu – pas moins de six condamnations pour cession de produits stupéfiants. Ce Camerounais arrivé clandestinement en 2012 n’a jamais cherché à régulariser sa situation, ni semble-t-il à se trouver un métier honnête.
Sur lui, 27 sachets de résine de cannabis [550 € à la revente au détail], 9 joints « pour sa consommation personnelle », et 14 grammes d’héroïne en bonbonnes [600 € à la revente au détail], qu’il reconnaît vendre. La veille, il a acheté chez un grossiste à Nantes – certains d’entre eux, qui reçoivent la marchandise en direct du Maroc, livrent en gros et demi-gros dans tout l’ouest de la France –, pour près de 350 €, avant de conditionner et de faire sa marge.
Le prévenu explique qu’il dealer pour « aider sa mère à payer une grave opération au ventre au Cameroun. Il y en a pour 1650 €, un million de francs CFA, et là-bas rien pour aider ». Plus c’est gros… Son avocat en rajoute : « S‘il deale, c’est qu’il lui manque le sésame, la carte de séjour qui lui permettrait de mettre un terme à cette délinquance ». On savait depuis l’incendie de la cathédrale de Nantes que certains clandestins africains, par ailleurs bénévoles du diocèse disposant des clés, mettaient le feu au patrimoine breton par peur d’être expulsés, mais tout de même.
Les juges de Loire-Atlantique sont réputés coulants, voire laxistes, mais point trop n’en faut. Ce sera douze mois ferme pour le dealer clandestin, qui passe de la garde à vue à la maison d’arrêt avec mandat de dépôt à la clé, et retour à l’envoyeur à la sortie. Il est interdit du territoire français pendant cinq ans – ce qui lui permettra de travailler au Cameroun pour y aider sa mère. Plaudite, cives
Louis Moulin
Photo d’illustration : DR
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