Malgré la décision du Conseil d’État – qui a enjoint le gouvernement d’en proposer une, « proportionnelle » aux besoins des églises, dans les trois jours, des milliers de catholiques se sont rassemblés une fois de plus pour prier et manifester pour la liberté des messes. A Nantes, ils étaient près de 800, cours Saint-André – dans un endroit où il était plus difficile de les compter faute de point haut, mais près de la cathédrale et de la place Louis XVI.
Si la décision du Conseil d’État a certainement pesé sur l’affluence aux rassemblements prévus ailleurs – et entraîné l’annulation de manifestations à Paris et Versailles, ce sont aussi 150 personnes qui se sont rassemblées à Tarbes et 160 à Lourdes – dans cette ville, c’est une des rares manifestations depuis 1968, 60 à Chambéry, 180 à Annecy, 60 à Orléans, 200 à Angers, 150 à Lyon, 100 à Montpellier, 160 à Saint-Germain en Laye, 100 à Dijon, autant à Rennes, Guingamp et Niort, 80 à Valence, 150 à Rambouillet, une vingtaine à Melun, un peu plus de 100 à Neuilly, 200 à Saint-Malo, autant à Nice, 150 à Toulon, plus de 200 à Strasbourg, 150 à Caen…
A noter qu’à Bergerac (Dordogne), la manifestation a été une fois de plus interdite par une préfecture périgourdine qui a bien du mal à comprendre que le confinement n’interdit pas de manifester. A Grenoble la préfecture n’a pas réitéré l’interdiction de la manifestation (15 et 22 novembre), et aux 7 courageux de la fois dernière (dont deux religieuses polonaises) se sont joints cette fois 63 autres personnes.
Les messes publiques ont fait le plein : 300 à Bordeaux (FSSPX) où le maire écolo n’a pu qu’être vert… de rage, arguant qu’on lui avait soumis une manifestation revendicative – cela tombe bien, s’il voulait l’interdire, ce n’est pas lui qui avait à décider, c’est le préfet. A Clermont-Ferrand ils étaient 150 (FSSPX) pour une messe obtenue de haute lutte, l’antenne locale de Civitas ayant fait condamner le préfet qui l’avait interdite deux fois au tribunal administratif, 200 à Beaurecueil et à la Croix de Provence (FSSPX), au moins 200 à Toulouse, 100 avec l’abbé de Jorna à Paris (FSSPX), 100 à Sainte-Anne d’Auray, lors d’une messe organisée par la basilique.
Dans les manifestations, étaient présents aussi un certain nombre de curés diocésains ou incardinés (rattachés fiscalement et hiérarchiquement à un diocèse). Par exemple à Nantes, outre plusieurs abbés de la FSSPX, l’abbé Lecoq (FSSP) faisait son retour, et le père Xavier Terrien, de la paroisse Sainte-Madeleine sur l’île de Nantes (l’Emmanuel). Dans les Hautes-Pyrénées, on nous rapporte que deux curés diocésains étaient présents dans la manifestation à Tarbes, ainsi qu’un abbé de la FSSP, et deux autres du diocèse ainsi que l’autre abbé de la FSSP rattaché au diocèse l’étaient à Lourdes, ainsi que le curé de la paroisse de Lourdes et celui de la cathédrale de Tarbes dans les rassemblements respectifs.
Un marathon de 20 messes aux Sables-d’Olonne
Aux évêques qui avaient appelé publiquement à s’opposer à la jauge – l’évêque de Perpignan était même prêt à en répondre personnellement devant les tribunaux – s’en sont ajoutés d’autres. A Angoulême l’évêque Mgr Gosselin a balayé dans la Charente Libre (29.11) : « Ce n’est pas au curé de faire la police ». A Lille l’archevêque Laurent Ullrich a refusé publiquement l’application de la jauge : « On ne saurait laisser un cœur qui cherche Dieu à la porte ». Et notons l’initiative de la paroisse des Sables d’Olonne, qui a organisé pour respecter la jauge et marquer le coup – c’est le 1er dimanche de l’Avent, début de l’année liturgique – un marathon de 20 messes (!) sur le week-end.
A Nantes, Marc Billig, un des organisateurs des rassemblements, expliquait au micro qu’il s’agissait de « prier et montrer notre vigilance. Remercier tous ceux qui se sont battus pour que la messe retrouve sa liberté […] que notre messe, notre trésor soit libérée […] Il faut que toute personne désirant aller à la messe puisse y aller, ce serait un très bel Avent, un temps de l’Avent extraordinaire ».
Néanmoins, « il est nécessaire que nous restions vigilants. Nous sommes ici pour dire aux évêques qui rencontreront le gouvernement [dimanche à 18h] Oui les catholiques sont encore dans la rue. Oui ils vous soutiennent pour que vous soyez fermes, oui ils soutiennent vos efforts pour que la messe soit libérée pour chacun. Nous voulons dire au gouvernement – attention, vous venez d’être condamnés, ce n’est pas pour faire un petit saut de puce et recommencer dans une semaine ».
Il nous précise : « nous espérons que les évêques seront assez ferme pour que nous n’ayons pas à recommencer à manifester dimanche prochain […] Des évêques qui étaient très prudents ont vu que le peuple catholique réclamait la messe et l’ont suivi, on peut s’en féliciter ».
Louis Moulin
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