Oubliés du déconfinement – ils ne sont censés rouvrir qu’au 20 janvier 2021 et érigés en responsables principaux de la propagation du coronavirus, les hôteliers, cafetiers et restaurateurs se rassemblent pour manifester ce lundi à Nantes – esplanade des Machines de l’Ile, 10h – et la Baule – place de la Victoire, 11h. Ils appellent aussi les autres commerçants, ainsi que leurs fournisseurs et les autres activités qui en dépendent (blanchisseries, etc.) à se joindre à eux.
Nous nous sommes déjà fait écho d’une manifestation des commerçants de la Brière, de la région nazairienne et de la Presqu’île à la Baule le 16 novembre dernier, qui a réuni près de 1000 personnes à l’appel du responsable local – et Grand Ouest – du GNI Yves Pellan. A Nantes, une initiative similaire montée dans la précipitation le 13 novembre a rassemblé 200 commerçants place du Commerce, malgré un temps plus que maussade.
Ces derniers jours, la colère des hôteliers, restaurateurs et cafetiers est montée – d’autant notamment que dans les Pyrénées la situation est ubuesque, alors qu’espagnols et catalans rouvriront leurs stations de ski le 7 décembre prochain. En France, si on pourra se rendre dans les montagnes, les remontées sont fermées, ainsi que les restaurants et cafés. « Autant proposer aux clients de se rendre au restaurant pour ne respirer que le fumet des plats, et ils nous paieront avec le son de leurs pièces », ironise un restaurateur qui a eu le temps de lire pendant le re-confinement.
Le 26 novembre, une manifestation commune à la Provence et au Languedoc a rassemblé 3000 cafetiers, hôteliers et restaurateurs à Marseille à l’appel de l’UMIH tandis que le même jour la mayennaise montait aussi à Laval avec 200 restaurateurs réunis ; la veille, des restaurateurs manifestaient à Reims et Saint-Brieuc (200). En Bretagne, plusieurs manifestations la semaine dernière avaient réuni « commerçants non essentiels » et restaurateurs, y compris dans des villes moyennes comme Redon ou Fougères.
À La Baule, ce sont l’UMIH, le GNI, la CPME qui appellent à la manifestation, ainsi que les associations de commerçants Unicial et Acad à la Baule ; à Nantes, ce sont le GNI et l’UMIH qui lancent un appel à « toute la filière, du champ à l’assiette », c’est à dire, y compris aux agriculteurs, ostréiculteurs, viticulteurs, producteurs, transformateurs et autres fournisseurs des restaurants. L’hôtellerie-restauration représente à elle seule 20.000 emplois directs en Loire-Atlantique, et ce sans compter tous les producteurs, les activités de transformation, la logistique et les fournisseurs.
« On en a assez ! »
« Il n’est plus question d’aides ou autres – qu’on n’aura pas d’ailleurs pour novembre, aux dernières nouvelles, et qui sont comme d’habitude de la figuration avec des tas de restrictions en réalité, des cases où on n’entre jamais », s’exclame un restaurateur nantais. « Nous ne sommes pas entrés dans le métier pour toucher des aides ! Nous voulons vivre ! Et faire vivre, nos clients comme nos villes, où les rues sans cafés et restaurants sont d’une tristesse ! Nous voulons aussi faire vivre nos fournisseurs, nos producteurs, toutes les activités qui dépendent de nous et dont nous vendons les productions. Le gouvernement ne cesse de parler de petits producteurs et de circuits courts, mais en réalité il condamne les français aux plats préfabriqués et à la grande distribution. On en a assez ! Au règne de l’absurde et de l’arbitraire, nul n’est tenu de se plier ».
Les catholiques – qui ont réussi une fois de plus à faire condamner le gouvernement par le Conseil d’Etat – et qui eux aussi ont résisté à l’absurde, ont-ils montré le chemin à bien d’autres, écrasés par cet étrange déconfinement à la française ?
Louis Moulin
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