Tous ceux qui fréquentent les déchetteries savent que dans certaines, il est impossible d’aller benner de la ferraille sans se faire aborder de façon assez insistante par des personnes pressées de vous débarrasser de vos déchets. Et ce qui s’avère assez pratique pour porter jusqu’à la benne un lourd lave-linge l’est moins lorsqu’il faut surveiller sa voiture en permanence, les récupérateurs – Roms plus près de Nantes, voyageurs plus loin – étant assez hardis. Mais la ferraille attire aussi l’intérêt. A Châteaubriant une rixe a éclaté entre itinérants avec, en toile de fond, le contrôle de la ferraille.
Ce jeudi 19 novembre, deux suspects qui habitaient à Saint-Julien-de-Concelles et Châteaubriant ont été placés en garde à vue par les gendarmes de la Chapelle-sur-Erdre ; âgés de 16 et 26 ans et issus de la communauté des gens du voyage, ils ont soupçonnés d’avoir tabassé à la barre de fer – pour le mineur – et roulé avec une voiture – pour le majeur – sur plusieurs Roms qui s’étaient introduits à la déchetterie de Châteaubriant le 17 mai dernier pour faire de la récupération. Motif, la déchetterie, « c’est le territoire » des gens du voyage.
Le jeune majeur, qui a aussi accusé d’autres personnes pour tenter de se dédouaner, est convoqué en correctionnelle le 4 novembre 2021 pour violences aggravées avec arme (en l’occurrence, la voiture), dégradations de biens (le propriétaire de la voiture a porté plainte) et dénonciations mensongères. Le mineur est simplement convoqué par le juge des enfants le 30 mars 2021, ce qui ne devrait guère l’inciter à retourner sur le droit chemin…
En réalité, la ferraille récupérée est revendue par les communautés de communes, pour lesquelles les vols de ferraille représentent des pertes de plusieurs dizaines de milliers d’euros par an. Alors chacune se débrouille comme elle le peut : sur la côte et autour de Nantes, les communes équipent les déchetteries de hautes clôtures, qu’il faut entretenir et réparer, de lampes à détecteurs de mouvement et de vidéo-protection. Ces installations se généralisent, y compris en Basse-Bretagne un peu moins touchée par les vols de ferrailles cependant.
D’autres collectivités établissent des matinées de collecte des ferrailles sur les diverses déchetteries du territoire, dans des bennes rapidement évacuées dès la plage horaire terminée. Des communes situées plus loin dans la campagne, plus pragmatiques – et où les quantités sont moindres – vont jusqu’à tolérer la récupération informelle. Charge à eux de ne pas tout prendre… et d’éloigner les importuns.
Louis Moulin
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