Les éditions Yoran Embanner publient « Histoire du Maine » rédigé par Patrice Mongondry, , qui va vous permettre de découvrir l’histoire d’un pays voisin de la Bretagne, trop souvent oublié malgré sa richesse (livre à commander ici).
Manceau et européen tout ensemble, Patrice Mongondry a publié plusieurs livres et de nombreux articles sur l’histoire et la littérature. Il est notamment l’auteur de La Mayenne dans la Grande Guerre et fut collaborateur de la revue culturelle Maine -Découvertes.
Nous l’avons interrogé sur ce livre, nouvelle source de connaissances pour ceux qui, à travers les éditions Yoran Embanner, en apprennent énormément sur les patries charnelles d’Europe.
Breizh-info.com : Qu’est ce qui vous a amené à écrire cette histoire du Maine ?
De vieille souche mancelle, je souhaite que le Maine redevienne un sujet de l’Histoire et tout mon travail va dans ce sens. Les Manceaux sont les héritiers d’une très ancienne communauté de culture, mais ils ne le savent pas. Le Maine s’est endormi au XIIIe siècle, lorsqu’il a rejoint la longue cohorte des nations annexées. Après cela, il n’est plus que l’ombre de lui même, simple province d’un état niveleur et centralisateur. Un fantôme errant à la recherche de sa liberté. Cette vieille nation n’a pas été revendiquée depuis la funeste année 1203.
Breizh-info.com : Pourquoi cette histoire est-elle finalement si méconnue des Français ?
Tout a été entrepris sciemment pour accélérer cette ablation de la mémoire et susciter l’avènement idéologique de l’homme nouveau, sans racines ni liens communautaires. La monarchie française d’abord, puis la république ensuite, ont participé à ce lavage de cerveau qui a permis l’éradication des particularismes. Produire un homme de masse au sein d’un système étatique arbitraire.
Breizh-info.com : Vous avez choisi un éditeur breton pour votre livre. Quel rapport entre le Maine et la Bretagne dans l’histoire ?
Le choix de Yoran s’est imposé naturellement eu égard à sa politique éditoriale. Et puis les marges armoricaines ne sont pas qu’un simple concept physique. C’est une unité de civilisation. Dès le VIe siècle, l’élément celtique domine dans le Maine, formant une communauté vivante dont le ciment est ethnique et culturel. Bretons et Manceaux ont plus de choses en commun qu’on ne le croit.
Breizh-info.com : Qui furent les grands personnages de l’histoire du Maine ?
Difficile de faire un choix. Au temps du Ducatus Cenomanicum, j‘admire Rorgon et de ses fils qui s’opposeront à l’arrogance des rois francs, le temps de l’espace princier de la terre des confins.
Puis il y a le redoutable Herbert Éveille-Chien et l’exemplaire Hélie de la Flèche, souverains maintenant à bout de bras l’existence de la nation mancelle. Mais surtout, le Maine va vivre le plus fantastique rêve historique, celui de l’empire Plantagenêt, planté face au royaume de France.
Breizh-info.com : En quoi cette région est un haut lieu de la spiritualité européenne ?
Pays de bocage, le Maine est fils de l’arbre, du ruisseau et de la brume. Une puissante aura mythologique et spirituelle entoure notre comté depuis les origines et marque son particularisme d’une empreinte indélébile. C’est la terre des ancêtres, le Pays des Grandes Merveilles chanté par les poètes et les textes sacrés. La thèse dite de L’enracinement folklorique de la légende arthurienne, initiée dans les années 60, tend à démontrer que Chrétien de Troyes, attiré à Domfront, cour d’Henri II, par Marie de Champagne, aurait nourri son œuvre arthurienne des nombreux récits, légendes et histoires recueillis lors de ses pérégrinations dans le bocage du Maine. Cette thèse ne nie pas la référence celtique mais affirme au contraire que la Matière de Bretagne se complète d’une seconde matière. C’est au travers de cette redécouverte passionnante du mythe arthurien que le Maine redevient l’un des hauts lieux de la symbolique et de la spiritualité européenne.
Breizh-info.com : Avez vous d’autres ouvrages à conseiller pour prolonger vos travaux ?
Il faut bien évidemment lire la somme inégalée d’André Bouton sur l’histoire du Maine. De la même manière, il faut consulter les travaux de Jacques Boussard, Martin Aurell, Amaury Chauou et surtout ceux du Cercle d’Études Nouvelles d’Antropologie (les Amis Arthuriens de René Bansard).
Propos recueillis par YV
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