Au terme d’une enquête record, les gendarmes de Rezé ont mis en cause 11 suspects – principalement issus des pays du Caucase – pour avoir vendu pas moins de 1748 véhicules aux compteurs trafiqués pour être rajeunis. L’arnaque, aussi vieille que le marché de l’occasion, était basée en Loire-Atlantique et assurée par deux entreprises. La préfecture de Loire-Atlantique a immatriculé la plupart des véhicules.
L’enquête part d’une plainte déposée par une personne qui a acheté une voiture 2750 € et a constaté que le compteur avait été rajeuni de 50.000 kilomètres. Les gendarmes remontent la piste et constatent qu’une entreprise a écoulé pas moins de 1033 véhicules entre août 2017 et février 2020, dont 449 aux compteurs trafiqués. Les chèques étaient encaissés sur le compte d’un homme de nationalité russe, et pas sur celui de l’entreprise.
Plus curieux encore, une seconde entreprise, liée à la première, a écoulé 735 véhicules d’occasion dont au moins 382 ont vu leur compteur rajeuni. L’enquête permet de mettre en cause 11 personnes. Chez les suspects arrêtés le 3 novembre sont trouvés des bijoux, des cigarettes de contrebande, 86.000 € en liquide, des sacs de marque, six véhicules, des cartes grises et le matériel informatique qui permettait d’intervenir sur les compteurs.
Un suspect fait face en outre à des accusations de recel, des objets volés dans une autre affaire ayant été trouvés chez lui. Les suspects, 10 hommes et 1 femme, âgés de 24 à 36 ans, ont été relâchés sous contrôle judiciaire dans l’attente de leur procès en février prochain. Quatre font par ailleurs l’objet d’obligations de quitter le territoire français.
Un lien avec les « vory v zakone » ?
L’on ignore à ce jour, au vu des origines des suspects, si ce trafic a un lien avec les « vory v zakone », les voleurs dans la loi, et les organisations délinquantes transnationales composées de délinquants issus du Caucase.
Des arnaques liées au rajeunissement des compteurs sont régulièrement démantelées par la police. « On a souvent des mis en cause qui viennent des Balkans ou du Caucase dans ce genre d’affaires, et qui s’appuient sur des complicités ou des intermédiaires des mêmes origines communautaires », relève un policier nantais.
A l’été 2018, un azeri de 33 ans qui en avait fait son métier avait été arrêté à Toulouse pour avoir trafiqué plus de 120 véhicules, mais aussi falsifié cartes grises et documents du contrôle technique, avant de revendre les véhicules sur Le Bon Coin avec un prix alléchant. Le trafic lui avait rapporté plusieurs milliers d’euros ; un camion-plateau avait aussi été saisi.
Louis Moulin
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