Le Guide Santé lance une carte interactive de France, état des lieux par régions et par communes des difficultés d’accès aux premiers recours aux soins (médecins généralistes, pharmacies et soins d’urgence). L’occasion de constater, une fois de plus, des inégalités territoriales pour les premiers recours d’accès aux soins en Bretagne. On fait le point.
Méthodologie
L’ensemble de ces résultats proviennent d’une analyse de données statistiques publiques (Open Data) réalisée par l’équipe du Dr Stéphane Bach. Les indicateurs utilisés sont ceux de la DREES (Direction de la Recherche, des Études, de l’Évaluation et des Statistiques) et de C@rtoSanté afin de définir un désert médical ou sont situés les territoires de vie-santé les plus fragiles. Est un désert médical, une zone qui cumule les trois difficultés suivantes : l’accessibilité potentielle localisée (APL) aux médecins généralistes est inférieur à 2,5 (consultations / an / habitant), la première pharmacie est située à plus de 10 minutes de trajet motorisé et le premier établissement de soins d’urgence est situé à plus de 30 minutes de trajet motorisé.
Dans la région Bretagne, sur 1208 communes, 13 seulement entrent dans la catégorie des déserts médicaux et 585 communes de cette région sont considérées comme des territoires médicaux avec un bon accès aux soins. Des chiffres qui peinent à masquer les inégalités d’accès aux soins dans la région et sont bien réelles (voir en annexes la liste des communes “déserts médicaux” de la région Bretagne et consulter la carte interactive de la région).
La carte ne prend pas non plus en compte le taux de saturations des maisons médicales (on retrouve de plus en plus de cabinets médicaux qui refusent du monde notamment qui ne sont pas de la commune, par saturation). Tout comme elle ne prend pas en compte les effectifs des services d’urgence (ainsi, si vous êtes dans une zone à moins de 20 minutes d’un service d’urgence, rien ne dit que celui ci sera disponible, si plusieurs faits graves se déroulent au même moment dans un périmètre défini). A relativiser donc, mais intéressant pour se faire déjà une première idée du maillage de santé sur la région.
Les villes toujours mieux servies que les territoires ruraux
Dans les grandes agglomérations, comme Brest, Rennes ou Vannes, les patients urbains ne rencontrent pas de difficulté pour leurs premiers recours aux soins. A Brest, on recense 5,1 consultations en médecine générale par an et par habitant, la ville compte 45 pharmacies, 181 médecins généralistes et plusieurs établissements proposant un service de soins urgents.
A Rennes, on recense 5,1 consultations en médecine générale / an et / habitant, 59 pharmacies, 270 médecins généralistes et des établissements de soins d’urgence répartis dans toute la ville.
A Vannes, les 81 médecins généralistes reçoivent des patients cinq fois / an et / habitant et la ville dénombre 18 pharmacies.
A Nantes, on recense environ 4,7 consultations en médecine générale par an et par habitant, 89 pharmacies, 384 médecins généralistes et des établissements de soins d’urgence dans toute la ville.
En revanche, les communes plus rurales ne remplissent pas certains des critères de la DREES. Ainsi à Plouguenast-Langast, commune de 2492 habitants (22), on recense 2,1 consultations en médecinegénérale / an et / habitant, l’établissement proposant un service de soins urgents le plus proche est à 32 minutes de route. La commune compte un seul médecin généraliste et une seule pharmacie.
A Landéda, commune de 3559 habitants (29), on recense 1,9 consultation en médecine générale / an et /habitant, l’établissement de soins urgents le plus proche est à 44 minutes de route. La commune compte un seul médecin généraliste et une seule pharmacie. “En Bretagne, les déserts médicaux sont moins nombreux que nous pouvions le penser mais cela ne signifie pas pour autant que les difficultés et inégalités d’accès aux soins ne sont pas réelles,” déclare le Docteur Jean-Pascal Del Bano, cofondateur du Guide Santé.
A Cordemais, commune de 3692 habitants (44), on recense 1,6 consultation / an et / habitant en médecine générale, l’établissement de soins urgents le plus proche est à 38 minutes de route. La commune compte deux médecins généralistes et une seule pharmacie
Quelles solutions contre les déserts médicaux ?
Dans la majorité du territoire national, on se rend compte que les déserts médicaux correspondent aux mêmes territoires que les déserts numériques. Ceci est un véritable problème car l’un des moyens de lutter contre les inégalités d’accès aux soins pourrait passer notamment par le développement de la télémédecine. La téléconsultation ou “cabinet connecté” est l’une des dimensions de la télémédecine et peut être une alternative pour pallier les difficultés d’accès aux soins dans une zone considérée comme un désert médical, à condition que cette zone assure un véritable accès au numérique et à Internet.
D’autres alternatives apparaissent intéressantes et simples à mettre en oeuvre pour lutter contre les déserts médicaux : les maisons de santé pluridisciplinaires, une meilleure coopération public/privé, la mise en place de bus de santé itinérants.
Ou tout simplement l’obligation pour les étudiants en médecine, moyennant financement de leurs études, de s’engager, pour un certain nombre d’années, à venir exercer dans la ruralité.
Illustration : DR
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