Le massacre perpétré par l’armée britannique dans le stade de Croke Parke, en 1920, est le tournant de la Guerre d’indépendance irlandaise. Une superbe bande dessinée commémore ce Bloody Sunday.
Dublin, 21 novembre 1920. Au matin, au cours d’une opération d’envergure menée par Michael Collins, l’IRA exécute dans leurs lits 14 espions anglais, qui étaient eux-mêmes chargés d’éliminer les indépendantistes irlandais. Les autorités britanniques pensent que les indépendantistes se cachent dans le stade de Croke Park, parmi les spectateurs d’une rencontre de football gaélique, sport traditionnel irlandais. En représailles, les soldats britanniques pénètrent dans le stade pour y perpétrer un effroyable bain de sang parmi les spectateurs et les joueurs. Près de 80 ans plus tard, le 24 février 2007, c’est dans ce stade historique, lors du tournoi des Six Nations, que l’Irlande reçoit l’Angleterre. Les autorités craignent qu’en souvenir du massacre de 1920, l’hymne anglais soit sifflé. Mais la vengeance ne sera que sportive : les rugbymen irlandais écrasent les Anglais 43 à 13.
C’est le scénariste brestois Kris qui dirige, au sein des éditions Delcourt, cette nouvelle collection consacrée à des faits sportifs ayant marqué l’Histoire.
Professeur d’histoire à Blois, Sylvain Gâche dresse astucieusement un parallèle entre le « Bloody Sunday » de 1920 et la rencontre sportive de 2007. Son récit de la préparation des assassinats par l’IRA est bien ficelé. La tension monte, petit à petit, vers la terrible vengeance de l’armée britannique. On a même l’impression d’être dans le stade.
Sylvain Gâche s’est rendu à deux reprises en Irlande, dans les quartiers où avaient eu lieu les massacres, au cimetière où reposent les victimes de ce Bloody sunday, et, bien sûr, à Croke Park, même si ce stade ne ressemble plus à celui de 1920.
Les dessins empreints de réalisme de Richard Guérineau sont sublimes et dynamiques. Il traite la période 1920 au feutre et au pinceau, avec des aplats de noirs tranchés. Mais pour le match de 2007, il a voulu par des planches en lavis donner une certaine douceur au dessin. Ainsi fait-on aisément la différence entre les deux époques. En hommage à l’Irlande, la couleur verte prédomine.
En fin d’album, agrémenté de photos d’époque, un dossier signé Syvlain Gâche retrace le drame de 1920, le parcours de Michael Collins et présente même le football gaélique.
Kristol Séhec
Croke Park, dimanche sanglant à Dublin. 128 pages, 21,90 euros. Editions Delcourt.
Illustrations : DR
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