La chambre régionale des comptes de Bretagne a publié voici quelques jours son rapport d’observations définitives (ROD) sur Pont-l’Abbé. Pour les années 2014 à 2018, la gestion de la commune est « globalement correcte », annonce-t-elle d’emblée. Ce qui dénote quand même des aspects spécifiquement incorrects…
Rien de très grave en réalité. Plutôt un essaim de petites insuffisances dans les domaine de la tenue des comptes, de la programmation des investissements, du suivi des travaux et de la mutualisation des dépenses avec l’intercommunalité. Et puis ce grand classique : la durée du travail du personnel municipal. Comme bien d’autres communes, Pont-l’Abbé demande à ses agents une « durée annuelle actuelle égale à 1 547 heures, dérogatoire et inférieure au plancher légal de 1 607 heures ». Ce qui représente un coût induit équivalent à 3,48 agents, « soit environ 158 000 € » par an. Mais Stéphane Le Doaré, maire LR de Pont-l’Abbé, promet que « bien évidemment » la commune va rentrer dans le droit chemin.
Pont-l’Abbé a aussi prévu pour son personnel un petit avantage annexe : des autorisations spéciales d’absence qui « se situent à un niveau nettement supérieur à ce que prévoit l’instruction ministérielle ». Mais, c’est à noter, les bénéficiaires n’en abusent pas. Pour 111 agents, on ne compte par exemple que 20,5 jours de garde d’enfant malade en 2017, 12 en 2016 et 21,5 en 2015. Le taux d’absentéisme, lui, est passé de 5,74 % en 2012 à 8,82 % en 2017. Cela paraît beaucoup ? C’est en fait la moyenne du secteur public local.
Des nuages à l’horizon
Face à des recettes contraintes, les charges structurelles, incompressibles, augmentent trop vite. Le poids des charges de personnel, surtout, est « passé de 53 % à 59 % des charges totales de gestion entre 2012 et 2018 ». Les dépenses de fonctionnement augmentent deux fois plus vite que les recettes de fonctionnement. De nouveaux services comme la médiathèque engendrent des coûts structurels supplémentaires. Qu’un agrandissement envisagé pourrait encore alourdir.
Pont-l’Abbé devra aussi faire face à des dépenses lourdes dans un délai relativement court. Des sujets que la municipalité actuelle comme la précédente préféraient cacher sous le tapis… Le Musée Bigouden a besoin de travaux évalués à 5,2 millions d’euros il y a déjà dix ans. La salle omnisports, plus étanche, plus aux normes et amiantée, appelle une sérieuse rénovation, décidée lors du dernier conseil municipal pour 1,3 million d’euros.
Attention à ne pas alourdir les impôts
Or la commune n’est pas en bonne position pour investir. Son endettement « est reparti à la hausse depuis 2017 ». Sa capacité d’autofinancement brute a baissé de 520 000 euros entre 2013 et 2018. Pourrait-elle imposer davantage ses contribuables ? Les impôts locaux ont augmenté doucement, de 2,3 % par an entre 2012 et 2018. Le taux de la taxe d’habitation est un peu inférieur à au taux moyen des communes de même taille. Celui de la taxe foncière sur les propriétés bâties, en revanche, un peu supérieur.
Pont-l’Abbé montre plus de modération fiscale que les communes finistériennes comparables(1), Carhaix-Plouguer, Saint-Renan, Landivisiau et Fouesnant. Mais il lui sera difficile de taper plus fort. La ville comptait déjà 13,4 % de logements vacants en 2015, il ne s’agit pas de faire fuir les habitants. D’autant que sa voisine Plonéour-Lanvern offre des taux plus bas et des terrains moins chers.
Le bilan global implicite du ROD pourrait donc être résumé ainsi : passable, mais devra mieux faire. Stéphane Le Doaré se moque peut-être du passé, il aura du mal à ignorer l’avenir.
(1) Comparables par leur taille (entre 5 000 et 10 000 habitants) et leur statut de centre d’une intercommunalité.
Illustration : [cc] château de Pont-l’Abbé en 2011, photo Romain Cormier via Wikimedia Commons
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