Après le film Cristeros, voilà la bande dessinée. Les éditions du Triomphe viennent de publier une BD consacrée à la guerre des Cristeros (1926-1929). Cette révolte des catholiques mexicains ressemble étrangement aux guerres de Vendée.
Mexique, en 1926. Jackwood, un peintre américain, s’aventure dans la nature mexicaine. Témoin de la violence des troupes gouvernementales, il va être fusillé par un peloton d’exécution. A cet instant arrivent, pour le délivrer, les Cristeros. Indignés par les lois iniques du président Calles, qui interdit le culte catholique, ces paysans ont pris les armes au cri de « Viva Cristo Rey » ! Au début, Jackwood ne veut pas s’impliquer dans une guerre civile. Mais il abat un soldat du gouvernement qui allait violenter une jeune fille. Il devient alors le peintre des Cristeros…
Le scénariste François Corteggiani est spécialisé dans les récits d’aventures historiques (La Jeunesse de Blueberry, De silence et de sang). Après avoir réalisé Avec Cadoudal aux Editions du Triomphe en 2018, il s’intéresse maintenant aux Cristeros. Ce n’est pas un hasard si la révolte des Cristeros évoque inévitablement celle des Chouans et des Vendéens.
L’idée de prendre comme principal protagoniste un peintre imaginaire américain est judicieuse, car elle permet une approche objective des évènements. François Corteggiani révèle qu’au début, pour protester contre les lois anticléricales, la Ligue Nationale de Défense de la Liberté Religieuse use de moyens pacifiques (manifestations, boycott économique, pétitions…). Mais obéissant aux ordres du président Calles, socialiste franc-maçon, l’armée fédérale répond par la violence. Contre la tyrannie du gouvernement mexicain, de simples paysans deviennent alors des « Cristeros », soldats du Christ-Roi. L’insurrection est leur réponse aux interdictions de célébrer le culte et aux exécutions de prêtres. On découvre même que, parmi les Cristeros, une brigade féminine se place sous le patronage de Jeanne d’Arc. Le général Enrique Gorostieta Velarde entraîne efficacement les Cristeros et les réorganise en unités disciplinées. Les négociations entre Rome et le gouvernement mexicain aboutissent en juin 1929 à un accord : les mexicains retrouvent la liberté de culte. Mais les chefs Cristeros sont victimes d’une terrible épuration, qui les oblige à fuir vers les États-Unis. Cette guerre a fait plus de 250 000 victimes, dont de nombreux martyrs.
Comme dans ses œuvres précédentes (Les Fils de l’aigle, Balade au bout du monde Cycle 3, Le Baron fou…), Michel Faure marque son empreinte graphique par un trait délicat, fin et précis. A travers des cadrages soignés, son dessin réaliste retranscrit fidèlement les costumes et décors de l’époque des Cristeros. Astucieusement, plusieurs cases réalisées à la peinture illustrent les œuvres de Jackwood.
Kristol Sehec
Avec les Cristeros, 38 pages, 15,90 euros. Éditions du Triomphe.
Illustrations : DR
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