Un Irlandais qui a vécu en Allemagne au début des années 1900 affirme avoir sauvé un jeune Adolf Hitler d’une mort certaine. Michael Keogh, du comté de Carlow, était un aventurier, nomade qui a quitté l’Irlande à l’âge de 16 ans et a combattu dans de nombreux conflits à travers le monde,
Keogh a quitté l’Irlande contre l’Amérique en 1907 et a rejoint un groupe de la Fraternité républicaine irlandaise à New York. Cependant, l’Irlandais de 16 ans se retrouve bientôt aux côtés des Américains contre des bandits mexicains au Texas, où il est prend une balle dans le ventre.
Il revient en Irlande en 1913 et rejoint le Royal Irish Regiment de l’armée britannique. Il est bientôt traduit en cour martiale pour avoir exprimé fréquemment des opinions républicaines fortes et passe un mois en prison. Peu après sa libération, Keogh est retourné dans l’armée britannique pour combattre dans les tranchées de la Grande Guerre, durant laquelle il prétend avoir sauvé Hitler.
Keogh a en effet été capturé pendant la guerre et envoyé dans un camp de prisonniers de guerre allemand. Puis vint la période durant laquelle Roger Casement, héros nationaliste irlandais, négocia avec les soldats détenant Keogh pour lui permettre de mettre sur pied une brigade irlandaise constituée de prisonniers de guerre et déterminés à se battre pour l’Allemagne, selon le principe que les ennemis de nos ennemis sont nos amis. Au moment de la mise sur pied de cette unité, Casement fut capturé et exécuté à la suite du soulèvement de Pâques 1916 et les plans furent mis en suspens. Keogh s’engagea alors… dans l’armée allemande dans laquelle il se distingua pour sa bravoure.
Ce fût pendant qu’il était dans l’armée allemande qu’il rencontra pour la première fois un caporal appelé Adolf Hitler.
Puis Michael Keogh, après la guerre, resta en Allemagne et s’engagea dans les Freikorps (corps francs) alors que le pays sombrait dans le chaos politique à la suite de la chute de l’Empire allemand. Il s’engagea afin de lutter contre le communisme et participa à l’anéantissement de la tentative de coup d’État marxiste, en 1919, à Munich.
C’est à cette occasion qu’il rencontra de nouveau Hitler, par hasard.
Dans les semaines qui suivent cette bataille, Keogh devient l’officier en service dans une caserne de la Turken Strasse. Il est en poste quand, selon ce qu’il a rapporté, la nouvelle lui parvint qu’une émeute a éclaté dans le gymnase de la caserne après une allocution de deux orateurs de droite. 200 soldats avaient attaqué Hitler et son camarade et d’autres soldats qui les soutenaient. Keogh stoppe l’émeute avec l’aide d’un sergent et de six soldats. Keogh a évoqué ce passage dans ses mémoires : « Le type à moustache a rapidement donné son nom : Adolf Hitler. C’était le lance-caporal de Ligny. Je ne l’aurais pas reconnu. Il avait été hospitalisé pendant cinq mois à Passewalk, en Poméranie. Il était maigre et émacié à cause de ses blessures. »
« Si nous étions arrivés quelques minutes plus tard ou si Hitler avait reçu quelques coups de pied de plus dans ses vieilles blessures ou s’il avait été abattu … que se serait-il passé si nous n’étions pas intervenus et qu’il était mort ? » se demandait Keogh à la fin de sa vie.
Dans la foulée de cette aventure allemande, Keogh retourna brièvement en Irlande à la fin de 1919 pour combattre pour Michael Collins pendant la guerre d’indépendance avant de retourner en Allemagne en 1929 pour travailler comme ingénieur. Cependant, Keogh a commencé à craindre pour la vie de sa femme et de ses enfants allemands après que les nazis ont assassiné des dizaines d’amis à lui pendant la Nuit des longs couteaux en 1934, une attaque ordonnée par l’homme que Keogh avait sauvé 15 ans plus tôt.
Il chercha à rentrer en Irlande et se vit promettre un emploi par le Premier ministre Éamon De Valera à son retour, promesse jamais tenue qui fût vécue comme un abandon par l’aventurier irlandais.
Keogh avait tenu un journal de sa vie mouvementée, mais le trésor d’informations a disparu deux jours avant sa mort en 1964. En 2008, cependant, les journaux ont été trouvés par Kevin, le petit-fils de Keogh, dans les archives de l’University College de Dublin. La famille Keogh a publié ses journaux en 2010, racontant les histoires étonnantes de l’aventurier irlandais et la RTÉ a publié un documentaire radio sur lui un an plus tard, s’assurant ainsi que son histoire passionnante soit entendue dans tout le pays.
Des historiens se montrent toutefois critiques à l’égard des mémoires de Keogh, notamment sur son rôle dans la brigade irlandaise, et mettent en doute certaines de ses affirmations. Le directeur du Bureau d’histoire militaire, dans sa préface à la déclaration de Keogh, précise ainsi : « ses prétentions quant à sa propre importance, qu’il met en avant à chaque occasion, sont considérées par ceux qui ont pris officiellement contact avec lui comme étant grossièrement exagérées et absolument pas fiables. Se présentant lui-même au début comme un sous-officier de la brigade, ses dernières lettres à la presse indiquent qu’il se prétendaient alors capitaine et aide de camp de Roger Casement. »
Crédit photo : DR (photo d’illustration)
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