Miséry, dans le quartier de Chantenay, est pour la maire de Nantes à la fois une belle opportunité et une épine dans le pied. Cette fois-ci, pour une histoire d’escalier.
Pendant des siècles, la carrière de Miséry a rongé une falaise de granit face à la Loire, le long du sillon de Bretagne, au pied de la butte Sainte-Anne. Au début du XXe siècle une brasserie, l’une des plus grandes de France, s’est installée sur l’espace dégagé – plus de trois hectares. Une fois la brasserie fermée, en 1987, le terrain est devenu propriété de la ville. Qui l’a laissé en friche pendant trente ans.
Jusqu’au jour où, en 2016, elle a décidé d’en faire son 101ème jardin public. Le site a donc été aménagé, moyennant des travaux assez amples – et coûteux. Ils lui ont valu son nom de baptême : le « Jardin extraordinaire ». Son attraction majeure est aujourd’hui une puissante cascade artificielle de 25 mètres de haut, grosse consommatrice d’énergie. (Et étrangement tolérée par les Verts, alliés aux socialistes à la mairie de Nantes.) Demain, Johanna Rolland voudrait y réaliser le vieux projet de l’« Arbre aux Hérons ». Il s’agit d’une grosse construction métallique en acier de 35 mètres de haut et 50 mètres de diamètre conçue par François Delarozière. Ce dernier, animateur de l’association La Machine, est le créateur du célèbre « Grand Éléphant » mécanique.
Cependant, l’Arbre aux Hérons paraît assez mal embarqué, pour des raisons à la fois techniques, commerciales, financières et politiques. Histoire de montrer qu’il se passe encore quelque chose selon certains, histoire de nourrir Delarozière et ses collaborateurs selon d’autres, Johanna Rolland a décidé de faire construire un escalier monumental le long de la falaise pour relier la carrière au square Maurice-Schwob qui la domine. Et elle a confié sa conception à François Delarozière. Sans le moindre appel d’offres, en décrétant que l’escalier serait une « œuvre d’art », ce qui permettait d’échapper aux dispositions normales du code de la commande publique ! Et aussi de dissimuler son coût, connu seulement de Nantes Métropole.
Copinage légalisé ?
Chacun pourra juger du caractère « artistique » de l’escalier. On remarque surtout les gros encorbellements de béton qu’il a fallu construire pour l’accrocher à la paroi rocheuse. Aujourd’hui achevé, avec plusieurs mois de retard, l’escalier devrait être inauguré ce week-end. Mais il n’a pas l’heur de plaire aux habitants du quartier. Notamment à La Commune de Chantenay, une association d’extrême gauche.
« Plus que jamais », écrit celle-ci, « ce projet apparaît comme le produit d’une micro-géopolitique locale opaque, résultat de 20 ans de “copinage légalisé’” entre la ville, l’Association “la Machine” et la société publique “Les Machines de l’ile”, sorte de triangle des Bermudes métropolitain dans lequel se perd la trace de l’argent public et se recyclent les carrières politiques(1). » Les opposants appellent à une « contre-inauguration » square Maurice-Schwob, samedi 17 octobre à 11 h. « Avec masque », précisent-ils.
(1) Cette allusion concerne clairement l’ex-députée socialiste Karine Daniel. Battue aux élections de 2017, elle est devenue déléguée générale du Fonds de dotation de l’Arbre aux Hérons.
Illustrations : [cc] l’escalier de la carrière Miséry, photo François de Dijon via Commons Wikimedia
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2 réponses à “Nantes : Johanna Rolland n’en a pas fini avec Miséry”
Le copinage n’a rien de nouveau à Nantes Ayrault avait été épinglé pour de pareil pratique et rien détonnant à ce que sa successeuse en fasse de meme elle a été a bonne école et au passage ils se ramassent un peu d’argent en se réservant la primeur sur certains terrain, maisons ou hotel particulier , à la mairie de Nantes on dépense pour tout ce qui n’est pas indispensable , urgent par contre la ou il faudrait investir rien , nada la sécurité des Nantais n’est pas une priorité pour Rolland et puis pour elle et sa copine écolo les agressions ne sont pas du aux immigrés , oh ben voyons car là aussi l’argent coule à flot pour eux par contre si vous etes français et en difficulté c’est d’emmerdez vous et payez pour les sans papiers ..
Excellent article, sauf que la carrière Miséry n’est plus sur le territoire de Chantenay depuis 231 ans. Ce quartier dénommé « coteau de Miséry » puis Section Brutus, fut annexé par Nantes à la Révolution, comme d’autres faubourgs.