Nantes. Clinique du Parc : 29 jours de grève pour 60 € d’augmentation

Est-ce que le conflit social en valait la peine ? Après 29 jours de grève, les salariés de la clinique du Parc, rue Bellamy, reprennent le travail ce 15 octobre après une médiation à Paris avec la direction du groupe Ramsay. Les grévistes ont obtenu 60 euros d’augmentation par mois alors qu’ils en demandaient 100 – sur des salaires de 1100 à 1300 € en moyenne – et que la direction voulait leur en accorder 50 euros, bruts.

Il y a eu dans ce conflit 35 jours de grève depuis juin dernier dont 29 consécutifs. Les 52 patients de cette clinique spécialisée en psychiatrie ont été impactés, puisqu’ils ont été transférés, soit chez eux, soit dans d’autres établissements. Les grévistes ont été soutenus par la CGT.

Avec le départ de la clinique Sourdille et de la clinique Saint-Augustin vers la polyclinique de l’Atlantique, la clinique du Parc est l’un des derniers établissements médicaux dans Nantes, avec la clinique Brétéché située à l’est du centre-ville, dans le prolongement du pont Saint-Mihiel. Et bien sûr le CHU Hôtel-Dieu.

Un leader de l’hospitalisation privée bien endetté… et « spéculatif »

Le groupe Ramsay Générale de Santé, filiale du groupe australien Ramsay Health Care (52.2%), dispose fin juin 2019 de 343 établissements en Europe (120 en France, plus 20 de l’ex-groupe Capio) – mais prévoit de se désengager de l’Allemagne où il compte céder six cliniques – et emploie 35.789 personnes. On note parmi les autres actionnaires le gynécologue André Attia (6.5%), créateur du groupe d’hôpitaux privés Hexagone Group, et la filiale assurances du Crédit Agricole Predica SA (39.6%). Ramsay Générale de Santé se positionne comme le leader de l’hospitalisation privée en France et veut devenir leader de « l’hospitalisation intégrée » en Europe.

En France, le groupe a réalisé 78% de ses ventes pour 2.6 milliards d’euros en 2019 ; fin juin 2019, avec l’intégration de l’ex-numéro 3 du secteur, le groupe Capio, le chiffre d’affaires annuel avait augmenté de moitié à 3401.11 millions d’euros ; à périmètre constant, une progression de 2.1% était constatée. Le résultat net augmentait d’un million d’euros (8.2 millions contre 7.3) en un an. Du fait de l’acquisition de Capio pour 750 millions d’euros contractés auprès du Crédit Agricole et de la Société Générale, et de la dette de Capio (465 millions d’euros en décembre 2018), l’ensemble est noté Ba3 par l’agence de notation Moody’s, ce qui correspond aux actifs spéculatifs.

Au sujet de l’endettement, le groupe explique dans ses résultats officiels : « L’endettement financier net au 30 juin 2019 augmente fortement pour atteindre 1 641,7 millions d’euros contre 927,1 millions d’euros au 30 juin 2018. La dette nette comprend, notamment, 1 955,3 millions d’euros d’emprunts et dettes financières non courants, 69,4 millions d’euros de dettes financières courantes, compensés par 368,5 millions de trésorerie positive ». De quoi payer quelques aumônes à ses employés ?

Louis Moulin

Crédit photo : DR
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