Le musée d’histoire de Nantes est engagé depuis plusieurs années dans un projet d’exposition consacré à l’histoire de Gengis Khan et de l’empire mongol en partenariat avec le musée de Mongolie-Intérieure à Hohhot en Chine. Une exposition reportée à octobre 2024 « en raison du durcissement, cet été, de la position du gouvernement chinois à l’encontre de la minorité mongole » indique le musée dans un communiqué.
L’exposition consacrée à l’un des plus grands conquérants de l’Histoire et qui devait ouvrir ses portes le 17 octobre 2020 avait déjà été reportée, du fait du contexte international et de la crise sanitaire. Le Château des ducs de Bretagne espérait pouvoir accueillir cette exposition-événement, jamais présentée en France, au 1er semestre 2021.
« Dans un premier temps, ce durcissement a eu pour effet sur notre projet une injonction des autorités centrales chinoises à faire disparaître de l’exposition des éléments de vocabulaire (les mots Gengis Khan, empire et mongol). Puis dans un second temps, à la fin de l’été, une annonce de modification du contenu de l’exposition accompagnée d’une demande de contrôle de l’ensemble de nos productions (textes, cartographies, catalogue, communication) ont été formulées. Le nouveau synopsis proposé, écrit par le bureau du patrimoine de Pékin, appliqué comme une censure à l’égard du projet initial, comporte notamment des éléments de réécriture tendancieux visant à faire disparaître totalement l’histoire et la culture mongole au bénéfice d’un nouveau récit national.
Bien entendu, après avis auprès des historiens et des spécialistes nous accompagnant, nous avons pris la décision de stopper cette production au nom des valeurs humaines, scientifiques et déontologiques que nous défendons dans notre institution. Le projet n’est pas pour autant terminé car nous nous engageons à reconstruire, en conservant le premier synopsis, une nouvelle exposition nourrie de collections européennes et américaines » indiquent les responsables du musée.
Depuis la fin du mois d’août, des mouvements de protestation se multiplient dans la région autonome de Mongolie-Intérieure, en Chine. Cela fait suite à l’annonce d’une réforme brutale des programmes scolaires, qui réduit drastiquement la proportion d’enseignement en mongol, au profit du mandarin. Le site Marxiste.com rapporte :
« Mi-septembre, plus de 300 000 élèves mongols refusaient de se rendre en classe. Les autorités chinoises ont alors posé un ultimatum aux élèves : le 17 septembre, tous ceux qui ne seraient pas retournés à l’école seraient renvoyés et ne pourraient pas passer l’examen national d’entrée à l’université. En outre, leurs parents seraient interdits de prêt bancaire pendant 5 ans. À l’heure où nous écrivons ces lignes (24 septembre), nous ignorons si le régime a mis ses menaces à exécution.
Historiquement, plusieurs provinces habitées par des minorités ethniques, en Chine, se sont vues accorder le statut de “région autonome”. Elles bénéficient d’une relative indépendance administrative et financière. Le pouvoir politique y reste aux mains de Pékin et du Parti communiste chinois (PCC), mais les droits fondamentaux des minorités y sont relativement respectés, d’habitude, et notamment le droit à une éducation dans leur propre langue. »
Voir aussi cet article au sujet des tensions entre les deux pays.
Au final, le Musée d’histoire de Nantes se retrouve pris au piège dans un conflit international, actuel comme historique. Prochaine exposition, Nominoë ? Plus local… plus consensuel pour les Bretons aussi !
La programmation, prévue autour de la date de lancement initial de l’exposition, a été maintenue et plusieurs rendez-vous permettront d’aborder la culture mongole au château.
Exposition photo. MONGOLIE, INTIMITÉS NOMADES
Par Marc Alaux. 16.10 > 15.11.20
En partenariat avec la QPN, Quinzaine photographique nantaise
Dédicace bande dessinée. GENGIS KHAN ET L’EMPIRE MONGOL
17.10.20 de 15h à 17h30
Conférence. DES CONQUÊTES DE GENGIS KHAN À LA DOMINATION UNIVERSELLE DES MONGOLS : HISTOIRE D’UN EMPIRE HORS NORMES
Avec Marie Favereau, maîtresse de conférences en histoire médiévale à l’université Paris Nanterre.
En partenariat avec l’Université permanente
05.11.20 à 14h30
Crédit photo : DR (photo d’illustration)
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