Durant l’été 2020, les algues vertes ont une nouvelle fois, malheureusement, signé leur retour sur certaines zones de la côte bretonne. Toutefois, la préfecture de Bretagne et le Centre d’Étude et de Valorisation des Algues (CEVA) font des constats contradictoires sur l’évolution du phénomène. Pourquoi ?
Algues vertes : des quantités ramassées moindres selon la préfecture
À l’heure de dresser le bilan sur ce fléau environnemental que représentent les algues vertes pour notre région, la préfecture de Bretagne a récemment indiqué que 16 700 tonnes d’algues avaient été ramassées sur les plages par les différents services entre le mois d’avril et la fin du mois de septembre 2020. Une quantité qui serait donc de 40 % inférieure au tonnage moyen évacué au cours des 10 années précédentes sur cette même période.
Dans le détail, la préfecture précise toutefois que des disparités sont à relever en fonction des territoires. Ainsi, avec « seulement » 8 700 tonnes ramassées au cours des derniers mois, les Côtes d’Armor présenteraient donc une quantité d’algues vertes enlevées inférieures de 60 % par rapport aux années précédentes. Dans le même temps, c’est une baisse de 30 % (8 000 tonnes d’algues ramassées) qui a été observée dans le Finistère en comparaison de la moyenne annuelle sur la période 2010-2019.
La situation serait donc plutôt encourageante si l’on s’en tenait aux seuls chiffres de la préfecture de région. Mais d’autres organismes viennent quant à eux indiquer une tendance différente…
Une augmentation de 40 % des surfaces d’échouage
De son côté, le Centre d’Étude et de Valorisation des Algues explique que les observations aériennes réalisées au cours des mois de juillet et d’août 2020 font état d’une augmentation de 30 à 40 % de la couverture des baies sableuses par les algues vertes le long du littoral breton par rapport à la moyenne annuelle relevée entre 2002 et 2019. Des surfaces qui auraient donc atteint près de 600 hectares contre en moyenne 437 sur la période indiquée.
Pour réaliser ces estimations, le CEVA se base sur les photographies prises lors des sept survols annuels effectués au-dessus du littoral.
Concernant la justification de cette hausse, le centre explique que les températures douces associées aux fortes précipitations du mois de juin ont créé un fort apport en nitrates, ce qui a largement contribué à la prolifération des algues vertes. Un développement qui est allé crescendo au cours des mois suivants puisque le CEVA a constaté 15 à 20 % d’algues vertes supplémentaires au mois de juillet 2020 par rapport aux autres années. Au mois d’août, le surplus était de 30 % tandis que le centre s’attendait, aux dernières informations, à atteindre les 50 % au titre de septembre.
Nitrates, algues vertes et explications…
Une fois les deux points de vue rapportés, comment expliquer cette différence de conclusions entre la préfecture et le CEVA ? Du côté du centre, on invoque le fait que la quantité d’algues vertes ramassées ne représenterait que 2 à 3 % de la totalité des échouages sur nos côtes. Car, les municipalités du littoral ne ramassent généralement que les algues situées sur la partie haute de la plage, déposées par les marées hautes, et donc sujettes à décomposition. Sans parler des nombreuses zones où le ramassage est impossible en raison de la nature des lieux (rochers, vasières, etc.).
Autre argument, si le printemps est traditionnellement la période où les ramassages des algues vertes sont les plus importants, ces dernières se sont faites très rares en début de saison, n’apparaissant qu’à partir du mois de juin, notamment à cause des tempêtes de l’hiver dernier qui ont dispersé les stocks d’algues.
Enfin, avec un taux de nitrate moyen évalué à 30 mg/litre dans les cours d’eau de la région, la Bretagne n’est pas prête de se débarrasser des algues vertes puisqu’il faudrait descendre sous la barre des 10 mg/litre pour stopper leur prolifération. Et ce, malgré les alertes lancées depuis de nombreuses années par certaines associations.
AK
Crédit photo : DR (photo d’illustration)
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