L’Office fédéral de protection de la Constitution (Bundesamt für Verfassungsschutz – BfV) est un service allemand de renseignement actif dans toute l’Allemagne, avec pour mission essentielle de surveiller les activités contraires à la Constitution. Chacun des seize États allemands dispose également de son propre Office de protection de la Constitution, qui lui est inféodé. Les structures nationalistes, tant politiques qu’intellectuelles, subissent les pressions et attaques de cette organisation.
Persécutions contre l’AfD
Le parti politique patriotique allemand Alternative pour l’Allemagne (AfD) est soumis aux pressions de l’Office fédéral de protection de la Constitution.
Ainsi, en 2019, l’aile nationale de l’AfD est-elle considérée par l’Office de protection de la Constitution comme « cas suspect », au même titre que l’organisation de jeunesse du parti Junge Alternative (JA).
Au début de l’année 2020, il apparaît que cette organisation espionne, depuis peu de temps, en utilisant des méthodes de services secrets, trois responsables de l’AfD : le dirigeant de l’AfD de Thuringe Björn Höcke, le dirigeant de l’AfD du Brandebourg Andreas Kalbitz et le député au sein du Parlement de Saxe-Anhalt Hans-Thomas Tillschneider. Tous les trois sont membres de l’aile nationaliste du parti. Il est même annoncé, dans la presse du système, que d’autres responsables politiques de cette aile devraient être, dans le futur, eux-aussi, surveillés.
Les fonctionnaires de l’Office fédéral de protection de la Constitution, ainsi que ceux des autorités de l’Office de protection de la Constitution des États allemands concernés [donc : Thuringe, Brandebourg, Saxe-Anhalt], établissent un dossier et collectent du matériel contre les trois personnes concernées à propos de leurs activités extra-parlementaires. Donc les conversations téléphoniques et les courriels privés et intimes de ces personnes sont archivés.
L’aile nationaliste de l’AfD est placée sous observation par l’Office de protection de la Constitution en mars 2020. L’organisme considère que Björn Höcke (Thuringe) et Andreas Kalbitz (Brandebourg) sont d’« extrême droite ». Les autorités estiment que cette aile compte 7 000 membres. En conséquence, la direction de l’AfD demande l’auto-dissolution de son aile nationaliste et l’obtient.
À la mi-mai 2020, la direction fédérale de l’AfD exclut du parti le chef de l’AfD du Brandebourg et chef du groupe des élus de l’AfD du Brandebourg Andreas Kalbitz, qui peut être considéré comme le numéro 2 de l’aile nationaliste auto-dissoute de l’AfD, derrière Björn Höcke, par 7 voix contre 5, pour ne pas avoir déclaré son appartenance dans sa jeunesse à l’organisation nationaliste radicale Heimattreuen Deutschen Jugend (HDJ) ainsi que son adhésion, entre la fin 1993 et le début 1994, au parti politique patriotique die Republikaner (Les Républicains). Kalbitz avait écrit au sein d’un document de cinq pages, réalisé sous la pression de la direction du parti, avoir possiblement et probablement visité un rassemblement du HDJ, qui entretemps a été introduit sur la liste des incompatibilités de l’AfD. Selon un rapport de l’Office de protection de la Constitution, un numéro lié à la « Famille Andreas Kalbitz » figure dans le dossier du HDJ.
En mai 2020, le co-dirigeant de l’AfD Tino Chrupalla compare l’Office de protection de la Constitution à la Stasi, la police politique de l’ancienne Allemagne de l’Est communiste.
En juin 2020, l’AfD du Brandebourg devient, pour l’Office de protection de la Constitution, un objet d’observation, après qu’un long examen a conduit à estimer que les conditions pour que cette mesure soit décrétée sont remplies. L’Office de protection de la Constitution peut désormais utiliser des écoutes ou des espions afin de confirmer l’« extrémisme de droite » de l’AfD du Brandebourg.
Fin août 2020, le dirigeant de l’Office fédéral de protection de la Constitution Thomas Haldenwang confirme officiellement que l’ancien dirigeant du groupe des élus de l’AfD au sein du Parlement de Brandebourg Andreas Kalbitz figure sur une liste de membres de l’organisation radicale interdite depuis lors Heimattreuen Deutschen Jugend (HDJ), alors que l’appartenance supposée de Kalbitz à la HDJ était le principal élément qui avait conduit l’AfD à exclure Kalbitz de ses rangs.
Persécutions contre l’IfS
Au sein du magazine allemand de la Nouvelle droite Sezession – numéro 97 – d’août 2020, l’écrivain Götz Kubitschek (https://www.breizh-info.com/2020/09/28/151142/gotz-kubitschek-nouvelle-droite-allemagne/) dénonce les attaques à l’encontre de l’Institut für Staatspolitik (Institut pour la politique d’État), un laboratoire d’idées de la Nouvelle droite situé à Schnellroda en Saxe-Anhalt et qui a été désigné comme cas suspect par l’Office de protection de la Constitution et est placé sous observation :
« Dans le cadre de la présentation du rapport de l’Office de protection de la Constitution pour l’année 2019, le président de cette autorité, Thomas Haldenwang, a mentionné début juillet, entre autres, l’Institut (et ainsi nous les responsables) de super diffuseur de haine et de violence.
L’expression super-diffuseur émane de la virologie et désigne, en relation avec des épidémies, des infectés qui contaminent un nombre anormalement élevé d’organismes avec des agents pathogènes ou viraux. »
Thomas Haldenwang présente donc ceux qui pensent autrement comme diffusant une maladie et étant des individus face auxquels le corps social doit être protégé.
Détournement de fonction
L’Office de protection de la Constitution voit donc sa fonction initiale, consistant à surveiller les actes contraires à la Constitution, être détournée. Il devient un organisme qui protège les partis du système politique en place face à la concurrence de formations politiques qui diffusent des idées autres que celles prônées par le système.
Lionel Baland
Crédit photo : DR
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3 réponses à “Les services de renseignement allemands persécutent les nationalistes et leurs structures, tant politiques qu’intellectuelles”
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