Après Tintin, c’est au tour de Spirou et Fantasio de se rendre au pays des Soviets. Ils vont lutter contre le KGB pour sauver l’humanité.
Au début des années 1960, par une nuit d’hiver enneigée. Pendant que dorment ses amis Spirou et Fantasio, le comte de Champignac, génie scientifique, est enlevé par deux agents du KGB. Pour le délivrer, Fantasio et Spirou vont remonter la piste des ravisseurs. Astucieusement, ils s’introduisent en Russie avec de fausses cartes professionnelles de Vaillant (Pif Gadget), se faisant ainsi passer pour des journalistes de l’hebdomadaire communiste. Arrivés à Moscou, ils vont découvrir que les dirigeants de l’URSS et le savant soviétique Lyssenko mettent au point un projet diabolique : répandre le gène du communisme dans le monde entier !
Mêlant humour et fantastique, Spirou et Fantasio est une série de bande dessinée publiée dans le Journal de Spirou, dès 1938. Elle met en scène deux reporters, Spirou et Fantasio, accompagnés de l’écureuil Spip et du Marsupilami. Ils affrontent des bandits, dictateurs et savants fous. Après Rob-Vel (1938-1943), Jijé (1943-1946), Franquin (1946-1969), Fournier (1969-1980), Nic et Cauvin (1980-1983), Tome et Janry (1982-1998), Morvan et Munuera (2004-2008), les albums Spirou et Fantasio sont maintenant réalisés par plusieurs dessinateurs simultanément : Émile Bravo, et les duos Yoann et Velhmann, Fred Neidhardt et Fabrice Tarrin, Yann et Olivier Schwartz.
Ce n’est pas la première fois que Spirou et Fantasio se rendent en Union soviétique. On se souvient que Spirou à Moscou (1990), réalisé par Tome et Janry, montrait l’URSS en plein déclin, prête à abandonner le communisme. Puis, dans Spirou à Berlin (2019), le dessinateur allemand Flix envoyait Spirou lutter contre la Stasi, avant la chute du mur.
Dans Spirou chez les Soviets, le scénariste Fred Neidhardt distille, avec jubilation, des références à l’âge d’or de la BD franco-belge. On croise même Gaston Lagaffe et De Mesmaeker dans les bureaux des éditions Dupuis. On rencontre par la suite Khrouchtchev, Hoover le directeur du FBI… et même Lee Harvey Oswald, qui avait fait un séjour en URSS avant de tuer Kennedy. Le personnage le plus marquant est le terrifiant Trofim Lyssenko, célèbre généticien communiste. Le scénariste explique que ce savant, « radical et illuminé », « s’opposait à la science génétique, basée sur l’héritage, la transmission, le patrimoine, qui colportait selon lui une idéologie bourgeoise ».
Pour réaliser cette critique de l’URSS, Fred Neidhardt a relu Une journée d’Ivan Denissovitch et L’Archipel du Goulag de Soljenitsyne.
Cette aventure haletante et drolatique, particulièrement réussie, s’inscrit dans les pas de Franquin.
Au dessin, Fabrice Tarrin s’inscrit dans la continuité des créateurs de la série Spirou et Fantasio. Son trait souple et dynamique est superbe.
Kristol Séhec
Spirou chez les Soviets, 56 pages. 12,50 €. Éditons Dupuis.
Illustrations : DR
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Une réponse à “Spirou chez les Soviets (bande dessinée)”
Pendant la guerre froide (1958), dans « Le prisonnier du Bouddha », après des démêlées avec des agents russes, Spirou et Fantasio se retrouvaient en Chine mais aucun pays n’était cité.