En voilà un article particulièrement intéressant, signé de la rédaction du journal Economie Matin. Ce dernier évoque deux figures du mouvement anti nucléaire en Allemagne, Veronika Wendland, historienne des technologies, et de Rainer Moormann, spécialiste de l’énergie atomique. Deux figures de l’écologie allemande, qui font volte-face eu égard de l’urgence climatique sur la question du nucléaire. De quoi faire réfléchir également en France ceux qui misent tout sur l’éolien (et la mafia qui gravite autour) ?
« En juillet dernier, tous deux prenaient effectivement position médiatiquement d’une même voix pour demander un report de la fin programmée de l’énergie nucléaire en Allemagne à 2030. Et, par conséquent, un maintien en état de fonctionnement des six centrales restantes, dont la date de mise hors circuit avait été initialement prévue pour 2022. La raison ? Les énergies renouvelables ne sont pas, selon eux, encore assez développées, à l’heure actuelle – notamment pour répondre à la hausse de la demande durant la période hivernale. Or, sans l’atome, l’Allemagne sera obligée de recourir au gaz et au charbon… Une aberration écologique. Un recours au gaz pour pallier l’abandon du nucléaire et l’intermittence des renouvelables qui est d’ailleurs problématique pour la souveraineté de l’Allemagne, car il profiterait aussitôt au principal fournisseur de gaz en Europe, à savoir la Russie de Vladimir Poutine » indique Economie Matin.
Les deux scientifiques ont publié une tribune dans Die Zeit, appelant à une sortie des énergies fossiles avant celle du nucléaire.
Si Veronilka Wendland, proche ces dernières années des mouvements écologistes dits « éco-modernistes », défendait le nucléaire et les nouvelles technologies pour juguler les effets du réchauffement climatique, cela n’a pas toujours été le cas. Dans les années 90, après une visite de Tchernobyl dans le cadre de ses études, elle fut l’une des jeunes expertes en pointe dans la lutte contre le développement de l’énergie nucléaire. Le parcours de Rainer Moormann est à front renversé : d’abord salarié dans l’industrie nucléaire allemande, il est finalement muté et placardé en 2008 après avoir dénoncé une faille dans le fonctionnement d’un réacteur. Une injustice qui le poussera dans les rangs des antinucléaires, où il sera un des plus médiatiques porte-parole de la cause.
Leur credo désormais : si dans deux ans, au moment où l’Allemagne doit sortir du nucléaire, le pays décidait plutôt d’arrêter ses réacteurs au lignite (un charbon composé à 70 % environ de carbone), les gains en termes d’émissions carbonées seraient considérables, puisque celles-ci diminueraient de 10 %. Moins de charbon, plus de nucléaire : voilà ce qu’ils ont présenté mi-juillet dernier, et qui a provoqué une véritable secousse dans le monde écologiste outre-Rhin.
« Il est donc temps de changer de cap en matière de politique énergétique , estiment Veronika Wendland et Rainer Moormann dans une tribune publiée en juillet dans « Die Ziet ». Les six dernières centrales nucléaires allemandes devraient rester sur le réseau pendant une période limitée. […] Elles constitueraient clairement la forme d’approvisionnement énergétique la plus respectueuse du climat par rapport au charbon. » Et un gage en termes de sécurité énergétique du pays, ajoutent-ils.
« À quand l’équivalent en France, à savoir des ex-antinucléaires prenant la plume pour dire que, au vu du contexte climatique, ils ont changé d’avis, et ils ne considèrent plus la baisse de l’atome à 50 % comme la première priorité de la politique énergétique, au sens des milliards utilisés ? » s’interroge sur Linkedin le spécialiste du climat Jean-Marc Jancovici.
Vers une internationale écologiste pour le nucléaire ?
Les Verts allemands ne sont pas exactement comme leurs homologues Français. Réellement spécialisés pour une partie d’entre eux dans l’écologie – ce qui n’est pas le cas de la majorité de la direction d’EELV dont les lubies sont très divers – ils ont une approche tout à fait différente de l’écologie politique.
« Si la question de l’abandon du nucléaire, autrefois véritable totem des écologistes, est abandonné pour lutter plus efficacement contre le réchauffement climatique, cela pourrait produire une onde de choc idéologique chez tous les Verts européens, et notamment français. Et peut-être plus rapidement que prévu, alors que faute de production d’électricité nucléaire, l’Hexagone a commencé à faire tourner ses centrales… à charbon » conclut Economie Matin.
Ce revirement n’est pas un cas isolé. En Grande-Bretagne beaucoup de figures écologistes britanniques ont déjà changé d’avis sur le nucléaire. Il y a eu James Lovelock (scientifique, auteur de l’Hypothèse Gaïa), Patrick Moore (cofondateur de Greenpeace), Hugh Montefiore (cofondateur Amis de la Terre GB), Chris Goodall (militant du Green Party), Mark Lynas (journaliste). Il y a peu, c’était la porte-parole d’Extinction Rébellion au Royaume-Uni, Zion Tree, qui quittait le mouvement pour rejoindre une association clairement pronucléaire.
Beaucoup de citoyens anglo-saxons ont été influencés par le physicien David McKay, conseiller scientifique auprès du Premier ministre, qui expliquait de manière lumineuse dans son best-seller « Energy Without the Hot Air » (disponible en Français) pourquoi on ne peut pas se passer du nucléaire. C’est très probablement une raison majeure des bonnes performances du Royaume-Uni en matière de lutte contre le réchauffement climatique.
Aux États-Unis aussi explique le journal Lenergeek, des figures écologistes militent pour le nucléaire. Le plus connu est sans doute le scientifique James Hansen, l’un des premiers militants pour le climat. Un autre est Michael Shellenberger, fondateur de Environmental Progress. On voit aussi les soutiens au « Green New Deal », comme Alexandria Ocasio Cortez, ne pas refuser cette solution. Le mouvement antinucléaire est toutefois moins fort dans ce pays, et c’est surtout le développement du gaz de schiste, très peu cher, qui le concurrence. Les Américains ont aussi une vision très technologique dans la façon de résoudre les problèmes, qui se traduit notamment par des startups, bien financées, développant de nouvelles technologies de réacteurs.
Comme souvent, englué dans l’idéologie plutôt que dans l’aspect concret et pratique, la France a un train de retard…
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2 réponses à “Urgence climatique. Des écologistes antinucléaires font volte-face en Allemagne”
Ah ah très drôle.
L’Allemagne a pris une décision belle et courageuse à la fin des années 90, la sortie du nucléaire bravo.
Certes la situation de l’Allemagne n’est pas parfaite, en particulier la bougnoulisation de la population est un véritable désastre.
Alors quand des j**** ou des enj**vés quittent le mouvement écolo pour s’affirmer pronucléaires, je ne suis pas surpris, cela participe à la stratégie que j’observe chez tous les partis politiques : prise de contrôle, dérive du programme politique, abandon des revendications originelles remplacées par de nouvelles qui sont conformes à l’agenda mondialiste : migrants, co2, pronucléaires, pma/gpa, etc.
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Le nucléaire est la source d’énergie la plus sale, heureusement qu’il est en recul constant depuis des années au niveau mondial, malgré les millions investis en com mensongère.
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Enfin notre belle région peut s’enorgueillir de l’absence de réacteurs nucléaires et de la possibilité d’être entre blancs dans certains coins, cela nous laisse encore quelques belles années de bonheur.
En fait l’anti-nucléaire des Ecolos français vient en parti de leur anti- militarisme, le nucléaire pour eux – au moins les plus anciens – étant lié à la bombe atomique … Sans ligne de pensée bien cohérente, les Ecolos ont chemine vers un anti nucléaire primaire dont on voit les résultats ! ;;;