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La nature comme socle. Retour sur le VIIe Colloque de l’Institut Iliade (2/2)

Après une première partie, suite et fin de la recension du VIIème colloque de l’Institut Iliade ayant eu lieu le 19 septembre dernier à Paris, sur le thème « La nature comme socle ».

La nature, notre philosophe intérieur – Slobodan Despot

Journaliste, écrivain, photographe, Slobodan Despot en appelle à se confronter à cette part de nature qui est en nous, capable de nous guider bien mieux que toute invention humaine. L’expérience du jeûne, même si peu autorisée aujourd’hui en France dans les milieux médicaux, a montré dans d’autres pays, dans d’autres traditions, à quel point elle pouvait s’avérer meilleure thérapie que divers traitements médicamenteux, ou même divers suivis dans le cas de maladies psychiatriques. Les ressources données par la nature et ce qu’elle a déposé en nous dépassent tous les succédanés que nous avons pu tenter d’inventer. Hélas, le matage programmé du sauvage a entraîné un naufrage simultané de l’humanité. L’émancipation de l’homme d’avec la nature a engendré sa propre aliénation. Il fut un temps où les peintres italiens ou flamands représentaient leurs sujets sur fond de ruines entrelacées de lierre, de vieux ponts intégrés à des paysages campagnards comme s’ils en étaient le squelette. Ainsi les arrière-plans semblaient-ils rappeler sans cesse qu’il est des permanences. Que malgré les premiers plans occupés par les batailles, les chasses, les mondanités en tout genre, il y a des choses qui ne passent pas. Mais Bruegel ou Titien se satisferaient-ils de peindre sur fond de bretelles d’autoroute, de banlieues crasses et bétonnées, de vallées défigurées ? La civilisation est affaire de mesure, d’équilibre. Au contraire, nous construisons un monde sensoriellement, organiquement séparé de la nature. Il faut pourtant garder en tête que chaque fois qu’une idéologie, ou un projet, ou une technologie prétend dispenser l’être humain de son commerce avec la nature – au prétexte souvent de l’en protéger, comme dans le cas d’une maladie –, ce n’est jamais en réalité une avancée de l’humanité en soi vers son émancipation, mais bien l’avancée d’une avant-garde, d’une caste, qui vise à dominer l’homme. C’est l’aliénation de l’homme par l’homme. Aujourd’hui, cette caste se donne d’autant plus de moyens grâce aux progrès de la biotechnologie.

Tous ces prétendus progrès techniques, scientifiques, engendrent toujours davantage de régression pour la civilisation. Lorsque ces inventions se mettent en place, ce sont toutes les tares humaines décrites depuis des lustres par les philosophes antiques, les Pères de l’Église, les Vedas, qui ressurgissent : hybris, abus de pouvoir, volonté de puissance, cruauté humaine, orgueil… L’ironie de l’histoire, c’est que ces sociétés qui se veulent maîtresses de la nature et donc matérialistes, sont au contraire les plus éloignées de la réalité des faits. Nous prétendons pouvoir passer outre les lois de la nature, mais in fine la nature aura toujours le dessus. Tchernobyl et Fukushima illustrent cette aspiration des hommes à dominer la nature, mais qui finit par se retourner contre eux, au prix de milliers de vies humaines. On se croit toujours à l’abri de ce genre d’accidents. Pourtant la France compte une soixantaine de centrales nucléaires, plus ou moins vieillissantes, qui ne peuvent être laissées sans surveillance pour les années à venir, alors que le QI moyen des nouvelles générations formées semble regrettablement inférieur à celui des ingénieurs à l’origine de ces programmes. La menace ne vient pas de la nature, mais de ce que nous faisons de la nature. La seule ressource qui nous reste est sans doute d’accepter de nous re-soumettre à notre philosophe intérieur.

Monts affreux ou monts sublimes ? L’alpinisme, une école de vie – Anne-Laure Blanc

En plein Paris, voyage au cœur de la nature, et plus précisément en ces hauteurs, avec une réflexion sur l’alpinisme menée par Anne-Laure Blanc, essayiste et grande amatrice de montagne – réflexion nourrie de l’expérience du terrain donc. Car voilà, en montagne, l’évidence s’impose : nous sommes au plus près de la nature. D’une nature parfois hostile, mère de « monts affreux », qui ne se laissent pas grimper sans se débattre. Pourtant les scientifiques se sont pris à en débattre dès l’époque classique, à les mesurer, à les décrire, pour repousser dans les limbes de l’irrationnel ce respect mêlé d’effroi suscité par les montagnes. Quoique. L’irrationnel ne s’en laisse pas si facilement compter, et la littérature alpine n’aura de cesse de vanter ces « monts sublimes ». C’est bien cette double dimension que recèle l’alpinisme : émotion et raison, exploit sportif et physique peut-être, mais tout autant aventure culturelle, voire spirituelle. En 2019, même l’Unesco a reconnu cette spécificité, en inscrivant l’alpinisme parmi les richesses du patrimoine culturel immatériel de l’humanité. Elle en donne la définition suivante : « l’art de gravir des sommets et des parois en haute montagne en terrain rocheux ou glaciaire avec des techniques adaptées et des valeurs partagées par la communauté des pratiquants ». Valeurs. Communauté. À l’évidence, l’alpinisme est bien plus qu’un sport.

L’alpinisme s’ancre dans la géographie – évidemment –, mais aussi dans l’histoire, et dans ce savant équilibre entre traditions et innovation. Des alpinistes du XIXe siècle, portant piolet et crampons, enturbannés de lainages et de grosse toile, à ces athlètes moulés dans leurs tissus techniques et rebondissant dans leurs chaussures ultralégères… L’alpinisme se révèle une magnifique école de vie, enseignant l’esthétique autant que l’éthique. Il ouvre à la contemplation de cette nature immanente qui nous dépasse – sans nous autoriser à plonger dans une nostalgie vaine, même lorsque les glaciers fondent… Il pousse au dépassement de soi, pour tenter de se hisser, à chaque pas, un peu plus haut. Pas après pas. Car « mettre le pied sur la première prise, c’est se dire que l’on peut arriver au sommet ».

Au commencement de la musique était la nature… La célèbre pianiste virtuose Katerina Verbovskaya interprète ensuite un somptueux récital de Chopin (ballade n°1, prélude n°15 « La goutte d’eau », Fantaisie-Impromptu). Délice des ondées ou des envolées musicales, capables de porter les esprits au-delà d’eux-mêmes, afin que le lien avec le cosmos ne reste pas un vain mot.

Pour une écologie enracinée – Hervé Juvin, Julien Langella et Fabien Niezgoda

Retour au débat avec une table ronde accueillant Hervé Juvin, député européen, journaliste et auteur de nombreux ouvrages, et Julien Langella, essayiste et vice-président de Academia Christiana, animée par Fabien Niezgoda, également journaliste, essayiste et professeur d’histoire-géographie. Le thème : pour une écologie enracinée. Fabien Niezgoda est d’abord revenu sur l’articulation nécessaire de l’écologie entre global et local, et toutes les tensions qui en découlent, condensées dans cette fameuse expression des années 1970 : « Penser globalement, agir localement ». Les écologistes ayant souvent une vision très planétaire des problèmes, certains peuvent même aller jusqu’à dénigrer les causes locales, jugées alors dérisoires et épinglées sous un caustique « NIMBY » (« Not In My Back Yard », « pas dans mon jardin »). Pourtant, l’échelle locale est souvent la plus efficace pour passer à l’action. Elle initie cette vision du monde en arborescence, telle que la célèbre le naturaliste Robert Hainard : « Si j’aime tant la nature, c’est qu’elle est une immense structure où tout est lié mais distinct, où tout est à sa place. »

Le localisme, une alternative à la mondialisation

À cette question du localisme, comme alternative possible au mondialisme, Julien Langella rappelle tout d’abord que la mondialisation est une anomalie historique. S’il y a toujours eu des échanges au long cours, un commerce international, jamais auparavant n’avait existé une telle dépendance concernant les besoins vitaux (nourriture, énergie, habillement, médicaments, culture, etc.) Jadis, les produits de luxe venaient de loin, alors que les besoins matériels et immatériels vitaux étaient locaux. Aujourd’hui, c’est exactement l’inverse. Le made in France est un luxe ; le produit de consommation courante est importé. Ce que l’on oublie trop souvent, c’est que cette grande dépendance s’est accompagnée d’une marchandisation du commun – commun entendu comme ce qui appartient à une communauté en vue de son développement. De manière évidente, le localisme est un antidote au poison qu’est la mondialisation. Il ne peut que s’accompagner d’une volonté politique, avec par exemple une détaxation de proximité, favorisant la production et la consommation locales, un système d’incitations fiscales pour les entreprises à recruter localement pour produire localement.

Fabien Niezgoda relevant que le principe de subsidiarité serait alors censé intervenir, Hervé Juvin remarque que cette grande idée européenne a pu prévaloir jusque dans les années 1990, mais que, depuis, il n’en est plus fait mention nulle part ! La bureaucratie envahissante ne veut voir qu’une seule tête ! L’écologie, imposant une vision globale, est devenue la bouée de sauvetage des globalistes – élément très visible dans l’opération Greta Thunberg. Les globalistes sont en effet déstabilisés car le commerce mondial régresse. Il y a eu l’affrontement entre Trump et la Chine, la France ne signera pas les accords du Mercosur, et c’en est probablement fini de la signature du grand traité de libre-échange en dépit de la pression de l’Union européenne… Les globalistes se raccrochent donc à l’écologie car, aux problèmes globaux soulevés par cette dernière, ils espèrent proposer des solutions globales et maintenir par là même la cohérence de leur vision – voire sa légitimité. Or, Hervé Juvin insiste, les problèmes globaux quels qu’ils soient (réchauffement climatique, etc.) ne peuvent avoir que des réponses locales. C’est le cœur de l’escroquerie de l’économie financière : donner à croire que tout a son équivalent marchand. L’injonction de Friedrich von Hayek selon laquelle « ce qui n’a pas de prix, n’a pas de valeur » signifie tout simplement que tout peut être détruit contre son équivalent en argent. Or, en matière d’écologie, de ressources naturelles, de production, rien n’est commuable ni commensurable ! Face à une économie financière qui transforme tout ce qui se trouve à la surface de la terre, et même au-dessous et au-dessus, le localisme doit s’appuyer au contraire sur cette idée de non-commuabilité et de non-commensurabilité des biens naturels entre différentes régions. Une forêt de chênes en Europe n’est pas commensurable avec une forêt sous les tropiques. Le soleil, l’air que nous respirons, la terre de nos champs, l’eau d’une rivière, tout ce qui permet notre vie, n’est ni commuable, ni commensurable. D’ailleurs, nous nous enorgueillissons des marchés économiques, de toutes nos productions industrielles, etc., mais en réalité, les deux-tiers de ce qui permet notre vie sur terre est donné gratuitement par la nature, ce que l’on appelle les services écosystémiques.

Mise en garde contre un faux localisme

Julien Langella met en garde au passage contre le développement d’un faux localisme, qui consisterait simplement à relocaliser la mondialisation. Or il est impossible de relocaliser en France tout ce qui est aujourd’hui fabriqué à l’étranger, pour la simple raison qu’il est impensable de relocaliser la production d’un mode de vie basé sur le gaspillage et le superflu – ce qui provoque d’ailleurs un grand vide intérieur chez les Européens. Le localisme appelle à un tri des activités : le politique doit donner la priorité aux activités qui nourrissent le bien commun. Telle est la réflexion qu’il doit absolument mener. Certaines activités ne seront pas relocalisables, et d’autres devront l’être au détriment d’impératifs économiques et financiers. Il faut réencastrer l’économie dans le politique.

Hervé Juvin relève d’ailleurs que si ce colloque de l’Iliade avait eu lieu un an plus tôt, le débat se serait cantonné à chercher les modalités de favoriser la production locale à l’intérieur des règles intangibles de l’économie. Or, depuis l’affrontement des États-Unis et de la Chine, nous avons enfin compris que la mondialisation, puisqu’elle prive des États de leur souveraineté, conduit nécessairement à la guerre. Autre point : nous ne pouvons que constater que toutes ces fameuses règles intangibles de l’économie ont volé en éclat. Les critères de Maastricht sont tombés dans les oubliettes, l’endettement des États s’est multiplié de manière dantesque, les marchés financiers n’existent plus, tout est maintenu artificiellement par les banques centrales… Il serait temps de se rappeler que l’économie n’est pas une science exacte, mais une science humaine. La solution ne peut être que politique. Nous devons reprendre l’autonomie que nous avions abandonnée à l’économie. Le localisme, c’est cette capacité du politique de donner à la société la liberté de choisir son orientation dans l’Histoire.

Diversité des peuples

À une question finale de Fabien Niezgoda sur l’enracinement, qui comprend nécessairement une dimension populaire, Julien Langella rappelle une phrase tenue par Frédéric Mistral, poète et écrivain occitan, sollicité pour une élection : « il ne s’agit pas seulement de faire une majorité électorale, il s’agit de refaire un peuple ». Nous en sommes là : il faut refaire un peuple. Il nous faut prendre le parti de notre identité.

Hervé Juvin termine par ce retour historique sur le libéralisme. Au temps des grandes révolutions, le libéralisme politique permettait encore à un peuple le choix de ses lois et la maîtrise de ses frontières. Depuis, le libéralisme de Benjamin Constant a accouché de l’individualisme absolu où tout individu en vaut un autre. L’écologie enseigne exactement l’inverse : elle est la science des systèmes vivants complexes, des singularités et de l’infinie diversité qui fait la vie. Notre diversité est le patrimoine commun de l’humanité !

L’animal n’a pas de droits. Nous avons des devoirs envers lui – Alain de Benoist

Le philosophe et écrivain Alain de Benoist remet les pendules à l’heure sur un mouvement en plein essor et dont les médias ne cessent de se faire les relais, appuyant sans vergogne sur toutes les cordes sensibles de l’émotivité humaine : l’antispécisme. Car il serait de bon ton aujourd’hui de considérer que les animaux ont des droits. Alain de Benoist commence par rappeler que le terme « spécisme » désigne à l’origine toute attitude impliquant de faire une distinction morale entre les hommes et les animaux. Au contraire, pour un antispéciste, toutes les espèces sont à égalité. Un animal vaut bien un homme. Il pourrait même valoir un citoyen ! L’argumentation repose sur l’émotionnel : parce que la souffrance des animaux est immorale, on en déduit qu’ils ont des droits. Construction arbitraire, extrêmement subjective, voire dangereuse car l’empathie est très variable d’une personne à l’autre, d’une culture à l’autre.

La première réponse d’Alain de Benoist : les droits subjectifs n’existent pas. La théorie du droit naturel moderne a beau s’acharner à prouver le contraire, personne ne possède de droits en vertu de sa seule existence – des droits de l’homme aux droits des animaux, un seul combat… Il n’existe que des droits objectifs, extérieurs aux personnes. Deuxièmement, les animaux n’ont pas de droits parce qu’ils ne sont pas des sujets de droit. Qui a déjà vu un animal capable de revendiquer sa cause ? Les animaux ne peuvent être qu’objets de droit. Troisièmement, non seulement ils ne peuvent faire valoir leurs propres droits, mais ils sont encore moins capables de reconnaître ceux des autres espèces. Un prédateur déciderait-il de se passer de casse-croûte par respect pour les droits de sa proie ? Pouvons-nous alors reconnaître des droits à des espèces qui n’en reconnaissent pas à d’autres ?

En réalité, l’antispécisme est bancal sur ce point central : la place de l’homme au sein de la nature. Si l’anthropocentrisme a pu se révéler dévastateur par le passé, il est des points qui restent incontestables. Celui-ci notamment : seul l’homme est capable de se soucier du sort d’autres espèces que la sienne. Seul l’homme est capable de se déclarer antispéciste. Francis Wolff expliquait que rejeter l’anthropocentrisme, c’est faire preuve d’anthropocentrisme, car aucune espèce naturelle ne respecte naturellement une autre espèce naturelle. Une telle conception est purement humaine. Là est la contradiction fondamentale de l’antispécisme. Au passage, il est utile de rappeler que nier la distinction radicale entre les hommes et les animaux n’est pas forcément le meilleur moyen de se rapprocher d’eux, car aller vers l’autre implique de reconnaître sa différence, non de nier son altérité.

Mais il n’est pas nécessaire d’attribuer des droits aux animaux pour reconnaître qu’ils ne sont pas des objets. Un devoir n’est pas forcément la contrepartie d’un droit. Ce n’est pas parce que les animaux n’ont pas de droits que nous n’avons pas de devoirs envers eux. Au contraire. Nous avons des devoirs envers tout ce qui vit, espèces animales et végétales, roches, fleuves, cosmos en général, non parce que nous sommes à égalité avec tout cela, mais parce que nous sommes tous reliés les uns aux autres dans un mouvement de co-appartenance.

Face à l’écologie hors-sol, pour une écologie enracinée – Jean-Yves Le Gallou

En conclusion de ce colloque, Jean-Yves Le Gallou, co-fondateur de l’Institut Iliade et président de la Fondation Polemia, revient sur la récupération dont a été victime l’écologie dans les années 1970, au moment même où la question de l’immigration, autre sujet émergeant à la même époque, était évacuée au moyen de la négation et de la diabolisation. Récupération donc, d’ordre idéologique, commercial et technocratique (avec ces deux merveilleuses inventions que sont le développement durable et la transition énergétique). Au contraire, adopter la nature comme socle, c’est tout l’inverse.

La nature comme socle, c’est garder en mémoire les permanences anthropologiques, et prendre en compte les différences entre les populations, les sexes, les cultures… À rebours donc de la GPA, de l’antispécisme, du transhumanisme… Nous vivons aujourd’hui une époque remarquable, si elle n’était inquiétante, où un Aymeric Caron peut s’offusquer d’un moustique tué quand plus personne ne s’effraie d’une loi autorisant l’IMG jusqu’au 9ème mois pour détresse psycho-sociale…

La nature comme socle, c’est accepter les aléas. Aléas sanitaires – l’homme vit depuis des millions d’années avec les virus, mais d’un seul coup, cela ne serait plus acceptable… Aléas météorologiques – accepter le froid, les orages, les tempêtes. Aléas climatiques – le climat terrestre a toujours changé. Pour lutter contre ces aléas, le système recourt au principe de précaution. Il chercher le confort et la sécurité. Mais le principe de précaution appliqué aux jeunes générations peut être véritablement nocif. Par une réglementation exponentielle et drastique, les enfants sont de plus en plus coupés de la nature, que ce soit dans les écoles, les cantines, les activités sportives (d’autant plus si elles sont considérées à risque), le scoutisme, etc. Le risque est devenu à proscrire.

Impossible de parler de la nature comme socle sans parler des territoires, comme nous l’avons vu également. En Europe, les espaces sauvages sont réduits à une peau de chagrin. Mais les paysages humanisés (forêts, champs, bocages, etc.) sont aussi menacés par l’artificialisation massive des territoires, sous prétexte de développement durable et de transition énergétique – deux concepts purement technocratiques. Le développement durable – sachant que le développement implique consommation, donc destruction, donc tout sauf de la durabilité… – conduit à la construction d’entrepôts, de zones commerciales, de banlieues de logements, etc. La transition énergétique détruit les paysages à coups de fermes solaires et d’éoliennes.

Enfin la nature comme socle implique évidemment de préférer le local au mondial. Une écologie crédible ne peut que s’affranchir de ce libre-échange entraînant un trafic monstrueux de porte-conteneurs, eux-mêmes fléau environnemental.

Jean-Yves Le Gallou soulève un dernier point, celui de la « climanipulation ». Il y a en effet certainement un réchauffement climatique en Europe depuis 1750-1780 et la sortie du Petit Âge glaciaire ; les glaciers reculent depuis 1830. Cependant, il n’a jamais été démontré qu’il était catastrophique (les Anglais pourraient se réjouir de trouver la Côté d’Azur chez eux !). Cela reste un postulat, qui peut s’admettre. Enfin, ce réchauffement est présenté comme anthropique. C’est là que le bât blesse, car aucun débat sur le sujet n’est autorisé ! Les variations de température des milliards d’années précédents n’étaient certainement pas anthropiques, mais comment savoir si celles d’aujourd’hui le sont si aucune discussion n’est tolérée ? Aucun scientifique ne peut se faire entendre s’il n’est climato-alarmiste. Tant bien même l’hypothèse d’un réchauffement climatique catastrophique anthropique serait acceptée, force est de constater que la recherche d’une diminution des rejets de carbone impliquerait trois actions : la protection contre le libre-échange, la remigration ou au moins l’arrêt de l’immigration, et la nucléarisation. À croire donc que les tenants de cette hypothèse ne croient pas en leurs propos, sans quoi ils adopteraient d’emblée des idées politiques contraires à celles qu’ils véhiculent actuellement !

Isabelle Lainé

Crédit photo : Institut Iliade, Wikimedia Commons, Breizh Info
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Une réponse à “La nature comme socle. Retour sur le VIIe Colloque de l’Institut Iliade (2/2)”

  1. Flash dit :

    Merci pour ce très bon compte-rendu !

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