À la vie à l’amour, L’exode urbain, Mémoires de Von Choltitz, Le Pacte des Diables, Pierre Gide : voici la sélection littéraire hebdomadaire.
À la vie à l’amour
Marie-Axelle, Clémentine et Camille ont chacune perdu un enfant. La vie de Gaspard, Siméon et Auguste a été brisée bien trop tôt, blessant leurs parents à jamais. Leurs mamans évoquent cette blessure du cœur insondable, qui les a conduites par les chemins du deuil. Comment continuer à se lever le matin lorsque la vie ne semble plus avoir de sens ? Malgré la souffrance, ces mamans au destin particulier découvrent que le lien créé avec leur enfant dépasse les frontières de la mort et que la vie et l’amour sont plus forts ! Un cri d’espérance pour toutes les personnes touchées par le deuil infantile.
Après Gaspard, entre terre et ciel (Cerf, 2018), Marie-Axelle Clermont reprend la plume avec deux amies, Clémentine Le Guern et Camille Canard, pour ce bouleversant témoignage original à trois voix.
Un livre bouleversant. Un témoignage de la vie après ce qui constitue sans doute le pire drame qui puisse arriver : perdre son enfant.
À la vie à l’amour – Clermont, Le Guern, Canard – Éditions Emmanuel – 17 €
L’exode urbain
Manifeste pour une ruralité positive.
La pandémie de Covid-19 a éveillé un sentiment de vulnérabilité chez les citadins. À l’annonce du confinement, des centaines de milliers de personnes ont quitté les centres urbains pour se précipiter à la campagne. Électrochoc, introspection, n’est-il pas urgent d’interroger ses choix de vie et d’envisager de quitter la ville pour de bon ? Ce petit manifeste écologiste dresse le constat du rêve déchu d’exode rural et encourage à faire le point sur les aspects dysfonctionnels et assujettissants de la vie urbaine. Il invite également à porter un regard nouveau sur les campagnes.
Grâce au témoignage de Claire, qui a elle-même franchi le cap de l’exode urbain il y a maintenant dix ans, le projet d’une vie rurale, plus simple, proche de la nature, coopérative, humaine, mais néanmoins moderne et connectée, semble enfin réalisable. Et s’il suffisait de s’autoriser à rêver ?
L’exode urbain, manifeste pour une ruralité positive – Claire Desmares-Poirrier – Terre Vivante – 10 €
Mémoires (Général Von Choltitz)
Les mémoires du commandant militaire de Paris en 1944. Pour nos contemporains, Dietrich Von Choltitz a les traits de Niels Arestrup qui l’a interprété magistralement dans le film de Volker Schlöndorff, Diplomatie, mettant en scène son face-à-face tragique avec le consul de Suède Raoul Nordling joué par André Dussollier. Aux termes de leurs discussions, le commandant militaire de Paris accepte de ne pas exécuter l’ordre d’Hitler de détruire la ville-lumière, sauvant la capitale de la destruction programmée.
Cette histoire célèbre repose sur un texte oublié : les mémoires du général publiés en 1964 sous le titre Un soldat parmi les soldats. S’il consacre une cinquantaine de pages à sa mission parisienne, Von Choltitz raconte aussi d’une plume fluide l’histoire de la Wehrmacht et des campagnes auxquelles il a participé : invasion de la Pologne, de la Hollande et de la Belgique (1939-1940) ; campagnes de Russie entre 1941 et 1943 (Barbarossa, siège de Sébastopol, retraite après Stalingrad, Koursk…), campagne d’Italie.
Suit un récit haletant de la meurtrière bataille de Normandie, consécutive au débarquement, avant que le général n’entre dans la grande histoire après avoir été directement nommé par Hitler gouverneur militaire de Paris début août 1944 (son portrait du dictateur vieillissant est édifiant). Si le récit de Von Choltitz est capital, il ne mérite pas moins d’être critiqué et remis en perspective. À l’instar de la plupart de généraux allemands de l’époque, il se présente en homme d’honneur, incarnation d’une Wehrmacht héroïque et opposée à Hitler.
La réalité s’avère autrement plus complexe comme le prouve Jean-Charles Foucrier dans son importante préface et l’appareil critique exhaustif dont il dote le texte.
Mémoires (Général Von Choltitz), présentée par Jean-Charles Foucrier – Perrin – 22 €
Le pacte des diables
Le 23 août 1939, une délégation allemande, avec à sa tête le ministre des Affaires étrangères Joachim von Ribbentrop, se rend à Moscou. Sur place, un accord est signé avec le pouvoir soviétique. Il entrera dans l’histoire sous le nom de Pacte Ribbentrop-Molotov ou Pacte Germano-Soviétique, et sa signature sera le signal du coup d’envoi de la Seconde Guerre mondiale. Pendant près de deux ans, les deux régimes totalitaires vont cohabiter dans une association sanglante qui leur permettra d’étendre leur pouvoir, par la guerre et la tyrannie, sur la Pologne, les Pays baltes, la Finlande et la Roumanie. À l’aube du 22 juin 1941, l’idylle prend fin avec l’invasion allemande de l’Union soviétique. Mais le Pacte aura bouleversé l’équilibre européen pour un demi-siècle jusqu’à la chute du Mur de Berlin en 1989.
Le pacte des diables – Roger Moorhouse – Buchet/Castel – 26 €
Pierre Gide
En 1920, Pierre Gide, avocat aux barreaux de Paris et de Londres, ouvre son cabinet. En conseillant des entreprises, il invente le barreau d’affaires en France. Pionnier, il sera imité et jalousé, puis oublié, avant de renaître au travers du cabinet qui porte toujours son nom cent ans plus tard.
Qui était ce fils de militaire, agent de liaison auprès de l’armée britannique pendant la Grande Guerre, cousin du Prix Nobel de littérature André Gide ? La « personnalité parisienne possédant une Buick » (Vogue), le passager des premiers voyages d’affaires transatlantiques, le travailleur infatigable qui fonde le premier cabinet collectif ? Sous l’Occupation, il poursuit son activité d’avocat pour défendre ses clients. À la Libération, on le lui reproche, bien qu’il ait aidé la Résistance. Banni de la profession, il est réintégré en 1954. Trois ans plus tard, il crée avec deux jeunes confrères le cabinet Gide Loyrette Nouel.
Au terme d’une enquête inédite, Michel Guénaire répare un oubli injuste en retraçant ce destin exceptionnel. Et la métamorphose d’une profession.
Pierre Gide – Michel Guénaire – Perrin – 24 €
Crédit photo : DR
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