La création d’une ville « pro-Noirs » aux États-Unis en réponse à un prétendu « racisme systémique » est perçue avec une certaine bienveillance par certains médias français. Il y a fort à parier qu’il en serait allé autrement s’il avait été question d’une ville « pro-Blancs ».
« Freedom », une ville destinée aux familles noires
Y aurait-il des communautarismes ayant meilleure presse que d’autres ? Aux États-Unis, Ashley Scott et Renee Walters, deux Afro-Américaines, ont eu l’idée de fonder une ville pour les Noirs.
Le projet est en cours de réalisation, puisque le mois de dernier, ce sont 19 familles noires qui ont fait l’acquisition de terrains près de Macon, dans le comté de Wilkinson, dans l’État de Géorgie. Le but est clair : construire une nouvelle ville dénommée « Freedom » [NDLR : « Liberté »], censée s’étendre sur environ 40 hectares. Pour cela, ces familles ont créé la Freedom Georgia Initiative pour mettre en commun l’argent nécessaire à l’achat d’un terrain.
“We’re hoping to create legacy.”
A collective of 19 Black families recently bought more than 95 acres of land to create a safe community they intend to name Freedom, Georgia. https://t.co/toSx6gt0kr pic.twitter.com/AP3EJ85A3y— CNN (@CNN) September 12, 2020
Une ville « pro-Noirs à tous les égards »
C’est donc dans le sillage de l’affaire George Floyd et des manifestations Black Lives Matter du printemps dernier que l’initiative de créer cette ville pour les familles noires a vu le jour. Les deux fondatrices envisagent aussi la création d’un lac artificiel pour le développement de la pêche dans la perspective de rendre cette nouvelle commune autosuffisante à terme. Pour l’instant, tout reste à construire.
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Auprès de CNN, Renee Walters détaille ses motivations : « Nous avons des maris noirs. Nous avons des fils noirs. Et je commençais à me sentir submergée par ce sentiment d’anxiété quand mon mari quittait la maison pour aller travailler ».
Interrogé sur la dimension potentiellement ségrégationniste de son projet, Ashley Scott déclare quant à elle : « Nous sommes une communauté intégrée, tolérante et diverse, donc nous n’avons pas l’intention de créer une ville exclusivement noire, mais elle devra être pro-Noirs à tous les égards ».
La création de cette ville matérialisant le communautarisme noir a également été évoquée par plusieurs titres de presse en France. Mais, là où une initiative similaire aurait subi les foudres de cette même presse s’il avait été question d’une ville « pro-Blancs », elle se montre beaucoup plus compréhensive avec le projet des deux Afro-Américaines.
Plusieurs titres insistent ainsi sur le fait qu’il s’agit pour ces familles noires de bâtir une « ville sûre », sous-entendant que la communauté noire aux États-Unis serait à la fois menacée par les violences policières mais aussi par les Blancs plus généralement. Or, si l’on en croit les statistiques ethniques sur la criminalité dans le pays, ces derniers ne sont pas une menace pour les Noirs, bien au contraire…
AK
Crédit photo : DR (photo d’illustration)
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