Nous avons découvert Daniel Neury à l’occasion d’une interview donnée à la chaine TV Libertés, au sujet du livre évoquant le décès de sa femme mais surtout du traitement qu’elle a subi à l’hôpital. Un livre intitulé Des bourreaux à l’hôpital, qui n’y va pas de main morte avec le monde médical et hospitalier.
« Je suis un témoin. Je rapporte les événements liés au décès de mon épouse, que le corps médical a fait passer de vie à trépas en lui enlevant l’aide respiratoire, parce que selon eux, il était inutile de la maintenir en vie. Je rapporte du vécu avec des faits, mais aussi des opinions, du ressenti » explique-t-il dans le premier chapitre de son livre.
Nous l’avons interrogé, pour mieux comprendre sa démarche et ce qui l’a amené à écrire ce livre.
Breizh-info.com : Qu’est-ce qui vous a amené à écrire votre livre ?
Daniel Neury : L’information grand public masque des réalités. Quand on parle de l’arrêt des traitements, concernant une personne en fin de vie, l’information n’est pas donnée avec plus d’explication. Or la loi dit : « La nutrition et l’hydratation artificielles sont des traitements qui peuvent être arrêtés conformément au premier alinéa du présent article ». Autrement dit, en clair, le personnel médical est autorisé à vous faire mourir de faim et de soif.
Le livre est une mise en garde sur ce qui se passe et n’est pas connu. C’est l’apport de nombreux conseils pratiques pour vous protéger, et peut-être sauver ne serait-ce qu’une seule vie. C’est aussi un invitation à délier les langues, à permettre à d’autres de s’exprimer sur des cas vécus similaires.
Breizh-info.com : Le mot « Bourreaux » n’est-il pas un peu fort pour décrire le personnel soignant ayant pris en charge votre femme ?
Daniel Neury : Il suffit de faire une recherche dans un dictionnaire sur les mots : meurtre, homicide, assassinat, crime, bourreau. Plusieurs idées ressortent de ces définitions : le caractère prémédité ou non, la condamnation ou non par la loi. Mon épouse serait passée en soins palliatifs ou serait quand même décédée. Mais le fait de lui enlever l’aide respiratoire, qui plus est en lui enlevant les médicaments en perfusion, relève d’une décision préalable, en sachant qu’on la précipitait dans la mort. Et bien sûr sans être inquiété légalement.
Breizh-info.com : Pensez-vous que l’on puisse faire de votre témoignage une généralité sur ce qu’il se passe dans les hôpitaux français ?
Daniel Neury : Non bien sûr. Mais il y a tellement de témoignages qui vont dans ce sens. En rédigeant ce livre, j’ai fait beaucoup de recherches. Les informations sont sourcées. D’ailleurs j’ai créé une page Internet d’extension du livre www.desbourreauxalhopital.com Cette page contient plus de 40 liens vers des informations de référence et témoignages : lois, articles, vidéos…
Breizh-info.com : Le problème central ne réside-t-il pas finalement dans le manque de moyens, et donc dans le manque d’humanité de certaines prises en charge (avec des personnels qui doivent naviguer de patients en patients sans pouvoir ni s’y attacher ni y prendre trop garde) ?
Daniel Neury : De mon point de vue, ce n’est pas qu’une question de moyens. Sauf à penser qu’en éliminant plus rapidement des patients, cela permet des économies sur les dépenses de santé et bien sûr de retraites. Mais c’est aussi une question de jeunisme. On est plus jeune que quelqu’un plus vieux que soi. Et jusqu’à un certain âge, on se croit immortel. La mort des autres ne nous concerne pas. D’ailleurs lors de la crise du COVID, il a été rappelé à plusieurs reprises, qu’aux urgences, un tri était fait entre les patients qui « avaient un avenir », autrement dit les plus jeunes, et les plus âgés. Sans même parler des EHPAD.
Breizh-info.com : Vous évoquez dans une interview donnée sur TV Libertés la notion d’inconscience. N’est-ce pas aller contre la science que de refuser la définition qu’elle en donne sanitairement (victime qui ne réagit pas) ?
Daniel Neury : Bien au contraire. Il y a tellement de témoignages de gens qui étaient inconscients, déclarés comme foutus par les médecins, qui ont refait surface et qui en plus ont rapporté qu’ils entendaient tout. L’EEG qui dit électroencéphalogramme plat ou état de mort cérébrale n’est pas le bon critère. C’est un dogme. EEG plat, vous être mort. Des faits montrent le contraire, ce sont les faits qui ont tort. Or la science, c’est chercher à expliquer ce qu’on ne comprend pas. C’est l’opposé du dogme (cf. pages 56, 59).
Breizh-info.com : Vous évoquez l’inscription sur le fichier de refus du don d’organe. N’est-ce pas finalement priver une potentielle victime d’un précieux organe que de ne pas donner les siens ?
Daniel Neury : La mort cérébrale est un concept créé dans les années 60, bien pratique pour faire des prélèvements d’organes. Comme si l’arrêt cardiaque ne suffisait pas ! Plusieurs de ceux qui entendaient tout dans leur coma, rapportent la peur qu’on vienne leur prélever des organes. Mais peut-être l’évolution de la bioéthique permettra-t-elle le prélèvement d’organes de notre vivant.
Breizh-info.com : Votre livre est-il un plaidoyer contre l’euthanasie ? C’est en tout cas ce que laisse à penser votre site Internet, non ? Pour quelles raisons doit-on, selon vous, refuser à un homme ou à une femme le droit de mourir sans souffrance ?
Daniel Neury : Il y a lieu de distinguer : le suicide ordinaire (si l’on peut dire ordinaire), le suicide assisté – c’est le patient qui boit le poison –, l’euthanasie – c’est le médecin, voire une infirmière désignée, qui injecte le produit mortel –, la sédation profonde jusqu’au décès – vous mourrez de faim et de soif –, la mise à mort médicale décidée par le corps médical seul. Dans les 4 premiers cas, la personne est impliquée dans la décision, dans le dernier cas, ni le malade ni la famille n’ont donné leur consentement.
Il y a donc plusieurs voies pour mourir sans souffrance, comme avaler des médicaments. Mais l’euthanasie est aussi une source de dérives, par des médecins pro-euthanasie, comme l’explique une enquête dont la vidéo est dans la page d’extension.
Propos recueillis par YV
Crédit photo : DR (photo d’illustration)
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